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Retrait du droit de grève aux enseignants en cours: Avis partagés des citoyens, les syndicalistes rejettent la procédure

Publié le lundi 3 septembre 2018  |  L`événement Précis
Paul
© aCotonou.com par Didier Assogba
Paul Essè Iko, secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Dieu-Donnée Lokossou, Syndicaliste Secrétaire général de la Csa-Bénin et Noël Chadaré, Secrétaire général de la Confédération des Organisations Syndicales Indépendantes du Bénin (COSI-BENIN.
Cotonou, le 02 Novembre 2016. Affaire de cocaïne, l`ambiance à la brigarde territoriale de Cotonou.
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Après les magistrats, les médecins et les forces armées, c’est probablement le tour des enseignants. La proposition de loi portant exercice de droit de grève au Bénin est inscrite à l’ordre du jour de la troisième session extraordinaire en cours actuellement à l’Assemblée Nationale. La commission des lois a déjà adopté son rapport qu’elle soumettra bientôt à la plénière pour son adoption. Les enseignants seraient dans le viseur des députés et pourront voir à l’avenir leur temps de grève nettement réduit. Sur la question, des citoyens et syndicalistes se prononcent.

Lire ci-dessous les propos des citoyens et des syndicalistes

Mélaine Oro, Etudiante en 1ère année de gestion des ressources humaines
« Ce retrait engagé n’est pas commode dans un pays de droit comme le Benin »
« Je ne suis pas d’accord avec le retrait engagé du droit de grève aux enseignants, puis qu’ils ont beaucoup de problèmes en leur sein que l’Etat n’a pas encore réglés. Il s’agit en l’occurrence de leur statut. Il faut que les dirigeants règlent d’abord les doléances des enseignants avant de penser à leur retirer le droit de grève. Une fois que le retrait du droit de grève est engagé, cela veut dire qu’à la fin, les enseignants ne pourront plus revendiquer leurs droits, et c’est dommage. Ce retrait n’est pas commode dans un pays de droit comme le Benin »

Praxede Tonoukouen, Censeur adjointe du Ceg le Nokoué
« Le retrait du droit de grève n’est pas mauvais en son genre »
« Le retrait du droit de grève n’est pas mauvais en son genre, puis que quand on prend l’exemple sur cette année où, il y a eu plus de 03 mois de grèves, on a tous vu que les conséquences se sont faites ressentir à travers les pourcentages des différents examens surtout celui du Bepc. Les dirigeants devront mettre sur pied des stratégies pour communiquer, dialoguer et négocier avec les enseignants sur leur différentes doléances »

Christiane Balogoun, Etudiante en gestion des projets
« Cela va leur permettre aussi d’avoir de bons résultats pour les différents examens »
« Le retrait du droit de grève est une bonne chose puisque cela va aider les élèves qui sont dans le public d’être au même niveau de compréhension des cours que ceux des établissements privés. Cela va leur permettre aussi d’avoir de bons résultats pour les différents examens parce qu’avec les grèves de cette année, on a tous vu les taux de réussite aux différents examens »

Roger Aholou, Directeur d’école privée à Calavi
« C’est parce que les enseignants en abusent »
« Si l’Assemblée a décidé de retirer le droit de grève, c’est parce que les enseignants en abusent, donc pour moi, en lieu et place du retrait, l’Assemblée peut encadrer ce dernier en votant une loi qui peut contraindre l’Etat et les enseignants dans leurs différentes fonctions »

Géraud Olougouna, Etudiant en informatique de gestion
« Je pense que le retrait du droit de grève est une bonne chose »
« Bien que les enseignants ne sont pas les seuls acteurs du système éducatif, ils restent les piliers et les vecteurs principaux par lesquels les enfants sont instruits et reçoivent de nouvelles notions. Ces derniers ne peuvent donc pas s’absenter ou se permettre se dérober totalement à leur fonction au risque d’avoir le poids de plusieurs générations sur eux. Je pense donc que le retrait du droit de grève est en soit une bonne chose mais qu’on devrait aussi donner aux enseignants une chance de manifester leur mécontentement ne serait-ce qu’en limitant la durée à court et à long terme de la grève.»

Athalie Gbogbanou, Etudiante en 1ère année de géographie
« Le retrait de droit de grève aux enseignants est une bonne idée »

« C’est une question qui fait l’actualité et nous devons tous, en tant qu’acteur du système éducatif, nous prononcer sur la décision de l’Assemblée. C’est pour quoi, je dis que le retrait de droit de grève aux enseignants est une bonne idée. Je m’explique. Chaque fois, les enseignants ont cette coutume de faire recours à la grève même lorsque celle-ci n’est pas nécessaire. Donc ils en abusent souvent.
Elisabeth Bigot, Etudiante à Pigier
« J’en appelle à l’esprit d’ouverture des députés pour revoir leur copie »

« Retirer le droit de grève n’est pas la meilleure solution, car c’est suite à un besoin que les enseignants vont à la grève. Donc je ne suis pas pour cette décision en vue d’être imposée par les députés. J’en appelle à l’esprit d’ouverture des députés pour revoir leur copie »

Anselme Amoussou, Secrétaire général de la Csa-Bénin
« C’est une loi qui ne tient pas compte de nos réalités »

« Dans le cadre de l’encadrement, il fallait absolument échanger parce que c’est une loi sociale. Dommage, ils doivent savoir que c’est leurs comportements qui nous conduisent la plupart du temps à revendiquer avec en face de nous des gens sourds à toute sorte de négociation et de concession. Dans ces conditions, on peut nous donner dix jours, milles jours, je suis persuadé qu’ils vont profiter de ça pour foncer dans leur attitude qui ne permet pas de dialoguer pour trouver des solutions adéquates pour sortir de crises. La loi a suffisamment encadré le droit de grève. Il suffit de prendre la loi de 2002 qui refuse déjà l’exercice de droit de grève, est une loi qui balise le terrain. Le problème que nous avons n’est pas de reprendre la loi, mais l’appliquer. IL s’agit de donner à la loi un sens en terme d’application. Ce qu’on fait n’a pas autre nom que le retrait de droit de grève. Dans un pays où on doit tout le temps remettre en cause les acquis démocratiques, nous sommes en train d’aller de dérives en dérives. Ce n’est pas une gouvernance et à la démocratie. Je ne sais pas si les députés sont aux ordres ou c’est spontané, mais je sais qu’ils n’ont pas tenu compte du passé récent. C’est une loi qui ne tient pas compte de nos réalités »

Noël Chadaré, secrétaire général de la Cosi-Bénin
« Il y a une volonté délibérée de ne pas régler les problèmes de l’école »
« Je crois qu’on s’y attendait à partir du moment où la rentrée est là et on n’a rien fait. Le pourvoir sait qu’il y aura encore des problèmes puisque ceux de l’année scolaire achevée ne sont pas réglés. Les députés aux ordres ont satisfait un besoin du pouvoir et je crois qu’ils sont totalement passés à côté du sujet. C’est un hors sujet magistral, parce que l’objectif est de faire en sorte que les enfants aient les cours dans de meilleures conditions, mais c’est à un retrait du droit de grève qu’on se trouve face. On est passé d’une extrémité à une autre. IL y avait déjà un texte qui réglementait le droit de grève, la loi 09-2016 portant exercice de grève au Bénin. Et si aujourd’hui, on devrait la supprimer, on devrait évaluer sa mise en œuvre avec les partenaires sociaux. On devrait associer les partenaires sociaux à la relecture. Ils n’ont pas fait tout cela. Il y a donc une volonté délibérée de ne pas régler les problèmes de l’école. Ce n’est pas en procédant de cette manière qu’on aura ce qu’on veut. Les enseignants ont milles manières de lutter. C’est donc un coup d’épée dans l’eau. …. Il fallait un mécanisme d’anticipation pour instaurer le dialogue…. Dans ces conditions, on n’aura pas les meilleurs résultats dans les écoles »

Pierrette DEGBO, Brenda TABE, Israël HOUEGNANGBO, Estelle KPANOU (Stagiaires)
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