Le collectif « Stop pesticides au Bénin » composé de plusieurs personnalités et organisations défendant un cadre de vie durable a tenu une conférence publique, jeudi 30 août dernier à Cotonou, pour s’insurger contre l’utilisation massive et abusive des pesticides et fertilisants chimiques de synthèse. C’est le professeur Michel Boko qui a présenté, au nom dudit collectif, les préoccupations du groupe, en se référant à l’actualité relative au glyphosate.
Le collectif "Stop pesticides au Bénin" se dit « très préoccupé par les conséquences désastreuses engendrées par les pesticides et fertilisants chimiques de synthèse sur la santé humaine, l’environnement, la diversité biologique, les écosystèmes et l’agriculture ». C’était à la faveur d’une conférence publique tenue, vendredi dernier à Cotonou, par le groupe composé des organisations de la société civile, des organisations paysannes, des chercheurs et des consommateurs engagés pour la sauvegarde de l’environnement et la biodiversité, la défense des droits à la terre et à l’eau, aux semences, à la sécurité et la souveraineté alimentaire.
Le collectif, par la voix du professeur Michel Boko, attire l’attention du gouvernement du Bénin et celle de l’opinion publique nationale, régionale et internationale sur les « graves conséquences et insuffisances » liées à l’usage des produits. A ce sujet, il insiste sur les nombreux drames et l’abondante littérature scientifique qui ont largement mis en évidence les impacts négatifs des produits incriminés sur l’environnement, les écosystèmes, l’alimentation et la santé humaine.
Le professeur Michel Boko relève que, chaque année, 140 millions de tonnes d’engrais chimiques de synthèse ainsi que des millions de tonnes de pesticides sont déversées dans le monde. Selon le collectif, les spécialistes en protection phytosanitaire s’accordent à reconnaître que l’on pourrait renoncer à 50 % des quantités de pesticides actuellement utilisés sans que cela affecte la production agricole mondiale (Pan 1999). Selon l’Organisation mondiale de la Santé (Oms), rapporte Michel Boko, on enregistre par an jusqu’à 3 millions de personnes affectées dont 200 000 y perdent la vie. Quelque 5500 enfants sont empoisonnés par l’eau et les aliments contaminés par les pesticides chimiques de synthèse meurent chaque année dans le monde (Oms, 2002).
La lourde condamnation de Monsanto, le 10 août dernier, par le tribunal de San Francisco au sujet du glyphosate, relève-t-il, constitue un événement majeur qui éclaire sur les risques liés aux pesticides chimiques de synthèse.
Situation alarmante
« La situation est tout aussi alarmante aujourd’hui au Bénin : il n’y existe pas un village ou une ville qui échappe à la présence et à l’utilisation massive de pesticides ou de fertilisants chimiques de synthèse », déplore encore le collectif "Stop pesticides au Bénin". Pour lui, si les performances du secteur agricole ces dernières décennies semblent assez intéressantes, l’importation et l’utilisation massives d’engrais et de pesticides chimiques de synthèse qui le caractérisent, inquiètent et interpellent à juste titre scientifiques, consommateurs, organisations paysannes et secteurs de l’environnement et de l’agriculture au Bénin. Cela serait tributaire, argumente-t-il, du souci au fil des ans des gouvernants et des agriculteurs d’augmenter la production et la productivité agricoles. Pour preuve, justifie-t-il, en avril 2018, 36 000 tonnes d’engrais chimiques de synthèse ont été importées pour le coton, 33 000 tonnes pour le maïs et autres céréales avec 1 milliard de francs Cfa de subvention d’engrais chimiques pour les fruits et légumes ; 500 000 litres de glyphosate ont été réceptionnés sur les 900 000 attendus. Ces importations, assène le collectif, sont en contradiction totale avec les dispositions légales et réglementaires ainsi que les engagements internationaux pris par le Bénin, au titre desquels il cite les conventions internationales ratifiées par le Bénin, sans oublier la Constitution du 11 décembre 1990 et plusieurs autres lois.
Les membres du collectif préconisent l’agro-écologie comme alternative durable, à travers une politique agricole moins dépendante des engrais et des pesticides chimiques de synthèse, en invoquant des exemples d’exploitants qui l’ont déjà adoptée.