Ça serait un miracle que les prochaines élections locales, communales et municipales se tiennent à bonne date, le Cos-Lépi ne faisant pas son travail avec la sérénité qu’il faut. Voilà ce qu’on peut retenir des sentiments de l’Honorable Chabi Sika, interrogé mardi dernier à l’issue de la prière de la Tabaski, au sujet des difficultés que rencontre cette structure et qui étaient, lundi dernier, au cœur d’une séance de travail avec le chef de l’Etat, Boni Yayi.
L’Evénement précis : Que faut-il retenir de la rencontre du Cos Lépi avec le Chef de l’Etat, le bureau de l’Assemblée nationale et les institutions de la république lundi dernier au palais de la Marina ?
L’Honorable Chabi Sika : Le Chef de l’Etat nous a expliqué lundi dernier lors de la rencontre que même, de l’extérieur du pays, le secrétaire général des Nations-Unies l’a interpelé pour lui demander ce qui se passe au Bénin qui était la référence en Afrique, pour qu’aujourd’hui, on ne tienne plus les élections à bonne date. Et selon certaines presses même, il n’y a rien qui pointe à l’horizon. Au fait, vous savez qu’il s’entretient dans le pays que le Chef de l’Etat ne veut pas faire les élections, même en 2016. Donc il y a plein d’imagination. Mais vous constatez que le président a eu l’intelligence de convoquer les présidents d’institutions, le bureau de l’Assemblée nationale, les membres du Cos Lépi et le gouvernement pour qu’autour de cette question, on fasse le point. Du point fait par le Gouvernement, il a rappelé que dès notre prise de fonction le 1er mai, il a autorisé qu’on mette à notre disposition les reliquats des fonds utilisés par la CPS Lépi qui sont de l’ordre de 487 millions de francs Cfa. On a eu des problèmes de locaux parce qu’on était basés au CIC, mais aujourd’hui, il y a beaucoup de problèmes de climatisation, d’électricité, de toiture où l’eau coule, et beaucoup de bestioles avec les rats qui viennent ronger les câbles. C’est ainsi qu’il a été décidé, sur instruction du chef de l’Etat, qu’on nous cède les quatre villas à Agblangandan où, aujourd’hui, nous sommes dans de bonnes conditions de travail. Il a rappelé qu’en Conseil des ministres, le ministre des finances a été instruit pour nous faire une avance de l’ordre de 3 milliards cinq cents millions de francs Cfa afin qu’on ne soit pas bloqués dans le processus de démarrage des opérations. Mais, le président du Cos Lépi a pris la parole pour rassurer les uns et les autres. Moi, j’ai dit qu’il est dans son rôle. Car, il est le président du Cos-Lépi. Il ne peut donc pas se mettre de vilipender la structure dont il est le premier responsable. Je me sentais dans le devoir moral de dire, contrairement au Chef de l’Etat que la loi a prévu que les élections se tiennent en 2013. C’est vrai. Mais, à l’allure où vont les choses et l’allure à laquelle le Cos Lépi fonctionne, c’est très évident qu’on ne pourra pas tenir les élections à bonne date. Car, on ne dispose plus de temps. Ça me surprendrait. Alors que l’opération est à près de 11 phases, on n’a pas démarré la toute première pendant quatre mois et demi. Ce n’est donc pas en deux mois et demi qu’on va maintenant finir 11 phases>
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Cela ne me paraît pas réaliste. J’ai aussi fait noter qu’on a perdu l’habitude de suivre le chronogramme. Tellement chacun faisait un peu à sa tête et agissait, de manière pour certains, à faire croire que c’est le gouvernement qui ne voulait pas des élections à bonne date. Or, objectivement, si on nous confronte, on verra clairement que ce n’est pas le gouvernement qui nous empêche de travailler. C’est nous-mêmes, et pour des raisons que je ne peux pas expliquer, qui ne faisons pas le travail avec la sérénité qu’il faut. Je me rappelle quand j’étais membre du CPS Lépi, on travaillait même les jours fériés, et les week-ends. Dès fois, on quittait l’Assemblée à 19 heures et tout le monde se retrouve au siège de la CPS où on travaille jusqu’à 6 heures du matin. Actuellement, à partir du vendredi, personne ne veut même plus faire quoi que ce soit. Les gens disent qu’ils vont en week-end, mais le lundi-même on ne les voit pas. Donc, à cette allure, le miracle ne va pas se produire. On ne peut pas se donner toute cette largesse-là et espérer que la loi soit respectée. C’est ça le fond du problème. J’ai souvent dit ce que je peux mais comme je n’ai aucun moyen de coercition, je pense que le peuple est au dessus de nous tous. Maintenant que le peuple est pris à témoin, j’ai remarqué que depuis ce lundi, il y a la prise de conscience qui a démarré et si ça se poursuit, on pourra faire les élections dans les premiers mois de 2014.
Donc, ce n’est pas un problème de financement ?
Du tout pas, c’est plutôt un problème de volonté politique au niveau du Cos-Lépi.
Les populations pensent, elles aussi, que sans la finalisation du découpage territorial, les élections ne pourront avoir lieu. Qu’en dites-vous en tant que membre du Cos-Lépi ?
Non. Je voudrais rassurer que c’est vrai qu’il y avait une situation chaotique depuis 1978, au temps du PRPB où il y avait une loi qui indiquait que les villages et quartiers de ville doivent être créés par décret. Mais ce qu’on a observé, c’est que les Commissions électorales nationales autonomes (CENA) ont créé des villages, l’INSAE en a créé, les maires et les préfets également. C’est-à-dire, des actes hors-la-loi, où vous avez aujourd’hui des villages bizarres. Il y a un cas parmi tant d’autres que je peux vous donner. Quand vous regardez tous les documents, il y a un village appelé Mama Boni qui était le nom d’un délégué, le village même s’appelle Gokana dans la commune de Tchaourou dans l’arrondissement de Tchatchou. Et à la fin des élections présidentielles de 2011, les députés ayant pris connaissance de tout ce désordre ont décidé de voter la loi qui était prévue par les textes de la décentralisation que désormais les villages et quartiers de villes ne soient plus créés par décret, mais par la loi. Donc ils avaient décidé de régler les problèmes de création de villages et quartiers de ville. Il s’est aussi posé l’inadéquation des découpages au niveau de ces villages-là. Pour revenir au cas de Tchatchou, vous avez des localités qui sont à près de 68 kilomètres du centre ville. Vous voyez un chef de village gérer des gens à 68 kilomètres ? Donc, on a plein de cas comme ça. Donc, nous avons coupé et découpé le village de Tchachou en 07 nouveaux villages. Il y a eu donc tout un ensemble de situations comme cela. Pour revenir à la question précise que vous posez, c’est que l’assemblée a voté une autre loi sur les centres de vote. C’est-à-dire que c’est une loi qui a prévu qu’un village ou un quartier de ville doit avoir tout au moins, un centre de vote ou un maximum de 10 centres de vote. Donc, à partir de ce moment, l’opération qui est en cours contraint tous les Béninois à choisir le centre de vote qu’ils désirent. Une fois que les gens se sont inscrits dans les centres de vote, chaque centre va appartenir à un village où à un quartier. Donc, les problèmes de frontière là ne regardent pas le système électoral. Il suffit que chacun dise que sur la liste de tel quartier de ville ou village qui est son centre de vote. Même si entre les quartiers et villages, il y a des questions de frontières, c’est le gouvernement qui va régler plus tard. Mais à la date d’aujourd’hui, au plan électoral, on n’a aucun problème. Donc, voilà un peu la démarche qu’on a suivie pour contourner l’ensemble des autres problèmes, et pour régler aussi les problèmes d’affectations. Car, qu’il vous souvienne qu’au cours des élections de 2011, le problème a été que les gens se sont retrouvés dans des centres de vote qu’ils n’avaient pas choisis. Cela était lié à la conception de la Lépi qui était basée sur la méthode de recensement général de la population et de l’habitat. Cela se fait autour des ménages qui posaient problème pour une liste électorale. Donc l’option-là qui a été prise par le législateur béninois est de répartir des ménages vers les centres de vote qui vont constituer les ménages. Maintenant que c’est fait, tout le reste va se régler automatiquement et notre système, on l’aurait complètement tropicalisé pour que ça corresponde et règle complètement les problèmes
Maintenant que vous reconnaissez que la balle est dans votre camp, quelle sera la prochaine démarche au niveau du Cos Lépi ?
Il a été décidé une réunion entre le bureau du Cos Lépi et le bureau de l’Assemblée nationale, sous la direction du président de l’Assemblée nationale. Mais, déjà ce lundi, j’ai été très heureux de constater que tout le monde a répondu à l’heure à l’appel de 14 heures. Je me suis dit que si c’est cela qu’il fallait faire pour que le sursaut revienne, c’est tant mieux. Car, je crois quand même qu’après ce qui s’est passé lundi, on peut espérer que la conscience nationale est revenue au niveau du Cos Lépi et que les choses vont prendre un coup d’accélérateur.