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Encadrement du droit de grève : Jusqu’où iront les syndicalistes?

Publié le mardi 11 septembre 2018  |  Matin libre
Manifestation
© aCotonou.com par Didier Assogba
Manifestation à Cotonou contre les réformes du président Talon
Cotonou, le 20 octobre 2017. 10000 Béninois sont descendus dans la rue vendredi à Cotonou à l`appel des principales organisations syndicales du pays pour protester contre les réformes du gouvernement Talon.
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Les carottes sont presque cuites (sous réserve de la vérification de la constitutionnalité) pour les syndicats des travailleurs quant aux nouvelles dispositions légales encadrant l’exercice du droit de grève en République du Bénin. Si, durant la période d’avant vote de la nouvelle loi à l’Assemblée nationale, les responsables syndicaux n’ont pas sorti “le bec de l’eau“ pour dénoncer et tenter de faire échec au projet, cela paraît tout de même surprenant de les voir projeter à présent des marches de protestation pendant que d’autres continuent de se réfugier derrière des communiqués sur les réseaux sociaux.

Tout porte à croire qu’on a laissé la braise prendre et l’incendie gagner du terrain pour finalement chercher à sauver les meubles. La seule évidence est que les dégâts sont déjà là et constatables quand bien même que des responsables syndicaux font semblant de ne pas assumer le résultat de leur passivité. De leur mutisme. Et les dégâts ne sont autres que la restriction des mouvements de grève à dix (10) jours au plus par an. Cette disposition contenue dans la proposition de loi modifiant et complétant la loi N°2001-09 du 21 juin 2002 portant exercice du droit de grève en République du Bénin a été adoptée par les députés dans une indifférence totale, sans tempête des organisations et centrales syndicales. Le syndicalisme “new génération“ qui a pris place suite au départ des tonitruants syndicalistes Essè Iko, Dieudonné Lokossou, et Pascal Todjinou, a montré visiblement ses limites. Les travailleurs de tous les secteurs d’activités peuvent bien s’en mordre les doigts. Le comble, tenez-vous tranquilles, ce n’est que quelques jours après l’adoption de la nouvelle disposition encadrant l’exercice du droit de grève que certains responsables syndicaux ont perçu la nécessité de sortir de leurs cachettes pour descendre dans les rues. Mais avant le vote de la loi, où étaient-ils ? Qu’avaient-ils projeté comme action syndicale pour anticiper sur cet encadrement rigoureux fait par le parlement pour ce qui est du droit de grève. Si, avec de longs mois de grèves, les revendications des travailleurs n’ont pu connaître un début de satisfaction, il faudra s’inquiéter qu’avec la nouvelle disposition, les revendications cessent d’exister.En réalité, avec cette loi, la principale arme des syndicats est presque sous contrôle. La faute : à l’inaction syndicale et à désunion .Qu’attendent-ils donc des actions syndicales de protestations projetées ? L’annulation du vote au Parlement? L’inconstitutionnalité de la loi à prononcer par la Cour constitutionnelle ? A priori difficile quand on sait que le Bmp (Bloc de la majorité présidentielle) ne rejettera pas une démarche de l’Exécutif et que les chances sont très minces de voir le projet, bloqué par la Cour constitutionnelle. Pour beaucoup d’observateurs, ces syndicalistes se comportent tels des médecins après la mort. A en croire certains, la suspension des derniers mouvements de grève sans un minimum de satisfaction a simplement révélé combien les centrales et organisations syndicales sont tenables par le gouvernement. Et depuis, ‘’ces défenseurs’’ se contentent juste des communiqués qui, visiblement, n’auront aucun effet. Les actuels responsables syndicaux descendent moins sur le terrain pour protester, revendiquer, et brandir des menaces susceptibles de faire fléchir le gouvernement sur certains points de revendications. Rappelons que conformément à l’article 13 nouveau de la proposition de loi adoptée « lorsque les conditions de procédures sont respectées, le droit de grève s’exerce dans les conditions de durée ci-après : la durée totale de la grève ne peut excéder 10 jours au cours d’une même année ; quelle qu’en soit la durée, la cessation de travail au cours d’une même journée est considérée comme un jour entier de grève».Visiblement la mort du syndicalisme au Bénin avec ce nouvel encadrement du droit de grève.

Aziz BADAROU
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