Dans le paysage artistique et culturel, Richard Dansou alias ‘’Darimage’’ est connu comme un photographe hors du commun. Allons à sa découverte.
Richard Dansou ne sort jamais de chez lui sans son appareil photo et ses accessoires. L’appareil c’est comme la deuxième partie de son cerveau. Mais le comble c’est que ce n’est pas avec son appareil photo qu’il capte les images : « Tout se passe d’abord avec mon œil, et partout où je passe, je vois des images, je les « attrape » et les mets dans mon appareil photo », précisera-t-il. Richard Dansou est donc un « picture-catcher ». Il est jeune avec une affection particulière pour le blanc-noir, comme pour absorber toutes les couleurs du monde qu’il emprisonne entre l’ombre et la lumière. Puis dans son travail, il y a plus de portraits que de paysage (photo de paysage). Richard Dansou, un jeune homme un peu atypique au coup d’œil perçant, est né à Togbota-Oudjra, un village situé à environ 7 km de la Commune d’Adjohoun au Bénin. Après ses études primaires dans ce village, il a continué au Collège d’Enseignement Général d’Adjohoun, avant d’atterrir, après le Bac A2 en 2006, à l’Ecole Nationale d’Administration et de Magistrature (Enam). « Là j’ai obtenu un Diplôme de Technicien Supérieur en Diplomatie et Relations Internationales en 2010 avant de finir par un diplôme d’Administrateur de Projets en 2013 toujours dans la même Ecole », martèle le photographe pour signaler qu’il n’est pas photographe de formation dès la base.
Ses premiers contacts avec la photographie…
L’environnement a beaucoup joué dans le devenir de l’artiste. « J’étais saturé de photos là où j’ai vécu mon enfance. Ma maman, Mariette Garrabe-Ferran, en prenait tout le temps sans oublier ses amis qui passaient presque tous avec des appareils photos. Très tôt je suis devenu client fidèle des studios photos. En 2003, un oncle qui a ramené un appareil photo argentique du Nigéria m’a laissé l’utiliser lors des journées culturelles au collège. Le résultat n’était pas si encourageant. Mais quelque chose s’est déclenché là » fait savoir celui que tous connaissent aujourd’hui sous le pseudonyme de ‘’Darimage’’.
La photo pour Dansou Richard est une passion. Ce qu’elle lui rapporte suffit à peine pour amortir tout le matériel acquis, souligne-t-il pour montrer qu’il n’est pas arrivé à la photographie pour être riche tout de suite. « Le fait de ne pas me focaliser sur l’argent me permet de pousser la pratique et le recherche un peu plus loin. C’est comme une petite folie à chaque fois et je me permets de faire réellement ce dont j’ai envie. Entre la poursuite de la passion et la recherche de l’argent, il y a un équilibre qui n’est souvent pas facile à maintenir. La balance penche souvent d’un côté. Aujourd’hui ma balance à moi penche du côté de la passion. Mais curieusement le fait de poursuivre la passion vous donne du contenu qui s’améliore en termes de qualité et qui vous permet de mieux vous vendre. Il y a juste des compromis à faire selon moi.
Du goût…
« Je dirai que je suis un photographe amoureux du noir et blanc et aimant explorer la lumière sous différentes formes. Je suis presque obsédé par le noir et blanc car partout où je passe ces deux couleurs me frappent et retiennent mon attention. J’ai également un rapport privilégié avec la lumière car pour moi elle demeure l’alpha et l’oméga en photographie (c’est d’ailleurs ce pour quoi j’ai un faible pour les scènes de théâtre. Il y règne un type de lumière que j’affectionne particulièrement. J’ai une façon de travailler que ce soit en studio ou sur un reportage (surtout pour mes photos de scènes). Je suis beaucoup attentif à ma sensibilité. Aussi, j’aime souvent me poser des questions. Je me demande comment faire pour éviter une image plate ? Pour les photos de scène par exemple, je me concentre souvent à m’imprégner aussi bien des lumières et des mouvements des artistes pour restituer ma vision des choses. En studio, je mets à l’aise mon sujet (modèle) avec beaucoup d’humour et de simplicité. Ensuite je suis attentif à ses gestes, sa façon de poser et même éventuellement à ses tiques. Tout peut être exploité. Et parfois comme un éclair je perçois une image que je restitue.
Au-delà du photographe professionnel…
Le photographe est un agent dans une banque au Bénin, où je travaille depuis quatre ans. Je ne fais donc pas la photo à plein temps. Cependant je trouve le moyen de la faire suffisamment car partout où je passe même sans appareil photo mes yeux prennent des clichés. Mes ambitions en photo sont énormes. Je voudrais contribuer à faire changer le regard peu honorable que l’on porte sur cet art. Je déplore parfois le fait que nous soyons très en arrière en photographie par rapport à beaucoup de pays mais en même temps cela se présente comme une responsabilité à mes yeux : celle d’améliorer les choses. C’est parfois une chance de naître sur une terre vierge. Je ne dirai pas que personne n’a encore donné à la photographie béninoise ses lettres de noblesse, bien au contraire, j’ai plein d’ainés et amis dont le travail me rend fier mais les défis sont énormes et je me dois aussi d’écrire mon histoire en la matière, et pourquoi pas l’histoire du noir et blanc. Personnellement, je suis toujours donc l’exploration de ma propre personne dans mon rapport avec la photographie. Le reste appartiendra à l’histoire…