Plus d’un millier de travailleurs béninois sont descendus dans la rue jeudi, à l’appel de deux organisations syndicales, pour dénoncer la limitation du droit de grève à dix jours par an, voté la semaine dernière par le Parlement.
L’Union des syndicats des travailleurs du Bénin (Unstb) et de la
Confédération des syndicats des travailleurs du Bénin (Cstb) considèrent cette nouvelle loi comme "oppression de leurs droits" décidée "par le gouvernement (de Patrice) Talon", qui a la majorité à l’Assemblée.
Les manifestants (4.000 selon les organisateurs, plus d’un millier selon des journalistes de l’AFP) sont partis jeudi matin de la Bourse du travail de Cotonou, pour rallier la place de l’Etoile rouge, encadrés par la police républicaine.
Menant la marche, les responsables syndicaux marchaient devant un grand nombre d’enseignants et de conducteurs de taxi-motos, scandant des slogans hostiles au gouvernement et au président Patrice Talon.
Pancartes et banderoles en mains, ils réclamaient le retour du droit de grève, dans un pays où la représentation syndicale joue un grand rôle après des décennies de régime communiste (1975-1990).
"Il y a une intention manifeste de nous empêcher de revendiquer nos
droits", lançait Arsène Nounagnon, enseignant brandissant une pancarte avec la mention "Non à la suppression du droit de grève au Bénin".
"On ne peut pas limiter les grèves à dix jours sous prétexte
d’encadrement", poursuit-il.
Non loin de lui, un autre marcheur en colère pense que "le pouvoir Talon joue à la provocation".
Mardi 4 septembre, le Parlement a adopté une nouvelle loi qui plafonne le droit de grève à dix jours au maximum par an (sept jours au cours d’un semestre et deux jours le mois), pour tous les personnels civils de l’Etat et des collectivités territoriales ainsi qu’aux travailleurs des établissements publics, semi-publics ou privés.
"Toute grève qui ne respecte pas les dispositions de la présente loi est illégale et ses auteurs sont passibles de révocation ou de licenciement de plein droit", précise le texte. "Toute grève de solidarité est également interdite".
Fin juin, après des mois de bras de fer, la Cour constitutionnelle avait finalement donné raison à l’exécutif en autorisant la suppression du droit de grève pour les travailleurs des secteurs de la sécurité, de la défense, de la justice et de la santé.
La décision finale, prise par le nouveau président de la juridiction
suprême proche du président Patrice Talon, a été perçue comme "un coup de massue" dans le monde syndical après une année 2017 secouée par d’importants mouvements sociaux.