Des milliers de travailleurs béninois des secteurs de l'administration publique, du privé et de l'informel affiliés à la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB) et à l'Union nationale des syndicats et travailleurs du Bénin (UNSTB), sont descendus ce jeudi matin, dans les rues de Cotonou, la capitale économique béninoise, pour protester contre la loi portant règlementation de l'exercice du droit de grève au Bénin.
Rappelons que le parlement béninois a adopté le mardi 4 septembre dernier à l'unanimité des députés présents au palais des Gouverneurs de Porto-Novo, le projet de loi portant réglementation de la durée de l'exercice de droit de grève, aux personnels civils de l'Etat et des collectivités territoriales, lorsque les conditions de procédures sont respectées, à 10 jours au cours d'une même année, 7 jours au cours d'un même semestre et deux jours au cours d'un même mois.
Très tôt ce jeudi matin, des milliers de militants de ces deux organisations syndicales, ont investi la Bourse de travail de Cotonou, point du ralliement avant la gigantesque marche pacifique de protestation, qui les a conduit deux heures plus tard, à la Place de l'Etoile Rouge, soit un parcourt d'environ 10 km.
Tout au long de ce parcourt et sous l'encadrement d'un contingent des éléments de la police, les manifestants, feuillages, banderoles et pancartes en mains, ont chanté et scandé des slogans hostiles à l'équipe du gouvernementale du Bénin.
"Non au cadrage démesuré du droit de grève"; "Non à la destruction du droit à la justice sociale" ; "Nous, travailleurs, disons non aux lois liberticides", ont-ils chanté et scandé.
De même, sur les pancartes et les banderoles brandis par les manifestants, on pouvait y lire : "Le droit de grève est un droit universellement reconnu. La Convention n°87 de l'Organisation Internationale de Travail (OIT) portant liberté syndicale et protection du droit syndical a été ratifié par le Bénin depuis 1960" ; "La Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (CSTB), l'Union nationale des syndicats et travailleurs du Bénin (UNSTB) et tous les travailleurs, démocrates béninois, tous ceux qui sont épris de liberté, de paix et de justice, la défendront comme la prunelle de leurs yeux".
Dans une déclaration lue à la fin de cette marche de protestation, le porte-parole des manifestants, Emmanuel Zounon, par ailleurs Secrétaire général de l'UNSTB, s'est indigné de l'élaboration et de l'adoption de cette loi par le parlement béninois.
"Depuis son accession au pouvoir, le 6 avril 2016 à nos jours, le pouvoir du président Patrice Talon n'a apporté aucune mesure sociale pouvant soulager la misère de la population. Au contraire les différentes réformes ont aggravé la paupérisation de tout le peuple", s'est- il déploré.
Pour ce responsable syndical, la seule arme dont dispose les travailleurs pour exiger une amélioration de leurs conditions de vie et de travail est la grève.
Mais à la surprise générale des travailleurs béninois, a-t-il poursuivi avec amertume, la nouvelle loi portant réglementation de la durée de l'exercice de droit de grève adoptée récemment par le parlement béninois, interdit le droit de grève aux agents de la santé et même les grèves de solidarité.
De même, a-t-il ajouté, les dispositions de cette loi, prévoient des peines de révocation ou licenciement d'office à tous responsables de grèves illégales.
"Non, nos autorités politiques au plus haut niveau ne peuvent pas nous empêcher des mouvements de grève pour défendre nos acquis démocratiques. Nous avons le devoir de nous battre pour restaurer ces acquis démocratiques chèrement obtenus à l'issue de la conférence nationale des forces vives de la nation de février 1990", a-t-il déclaré.