Le ministre de la santé, Benjamin Hounkpatin, au cours d’une émission spéciale sur la télévision nationale ce dimanche 16 septembre 2018, a indiqué comme principale cause de la déliquescence du système sanitaire au Bénin, l’exercice en clientèle privée et dans le service public. Même si ce mode d’exercice n’en est pas la seule raison, explique le ministre, elle aura contribué pour une grande part à l’absence d’offre de soins de qualité dans les hôpitaux publics. Ainsi, les hôpitaux publics par le fait que les prestations ne sont pas offertes, voient leurs capacités financières diminuées.
Selon Dr Hounkpatin, si aujourd’hui, on parle de la situation financière des hôpitaux qui n’arrivent pas à tenir, c’est du fait de l’absence d’offre de soins. Il n’a pas manqué de souligner que si les interventions étaient offertes dans le secteur public, qu’il y aurait une marge financière dans l’hôpital et cela permettrait d’amortir les coûts de fonctionnement, les coûts d’investissement. On comprend alors aisément que cette situation conflictuelle d’offre simultanée de service dans le public et dans le privé, aux heures où on devrait être dans le public a contribué en fait, à la déliquescence du système sanitaire, a-t-il expliqué.
Déplorant le fait que certains agents aient transformé le service public en un service marchand, Benjamin Hounkpatin reconnaît qu’il y a beaucoup d’autres agents qui font leur travail avec foi, avec abnégation, avec beaucoup d’engagement. « On en connaît beaucoup. Je pense que c’est grâce à eux que le système a tenu jusqu’à ce jour », s’est réjoui le ministre.
Au sujet des mesures d’accompagnement mises en œuvre pour la réforme en vue de permettre aux professionnels de vivre de leur métier et d’être à la tâche de façon continue, l’autorité ministérielle a précisé que la réforme ne se fait pas de façon unilatérale. « C’est une réforme qui se fait dans un dialogue inclusif », a-t-il précisé. Benjamin Hounkpatin dit avoir échangé avec les professionnels par rapport à cela et il est question de déterminer aujourd’hui, le cas de performance de l’agent à ses heures de travail régulières et la charge de travail supplémentaire que l’agent aura à faire, et comment rémunérer cela. « Tout ça, c’est des questions que nous sommes entrain de disséquer avec eux pour définir un cadre qui leur permettra d’avoir le salaire que l’Etat leur paye et également d’arrondir les contours pour qu’à la fin du mois, ils se retrouvent avec quelque chose de substantielle », a-t-il informé.
Outre ces mesures, Benjamin Hounkpatin a expliqué que des disparités sont entrain d’être corrigées.
Evoquant les trois catégories d’agents des hôpitaux à savoir, les fonctionnaires de l’Etat encore appelés Agents permanents de l’Etat (Ape), les agents contractuels de l’Etat et des agents conventionnés des hôpitaux, Benjamin Hounkpatin fait l’amer constat que les salaires qui sont payés aux agents conventionnés des hôpitaux au niveau des structures sanitaires ne sont pas vraiment suffisants. Il est également question qu’on trouve les voies et moyens pour corriger ces disparités, a-t-il notifié avant d’ajouter que par rapport à la continuité de l’offre de service, il est prévu des mesures pour que la rémunération des gardes et des astreintes qu’offrent les prestataires aussi bien médicales que paramédicales puissent être rémunérés à leur juste valeur. « Le personnel médical, même si beaucoup parmi eux se livrent à des actes ‘’délitieux’’, la grande majorité de ce qui reste fait encore son travail avec foi et abnégation », se réconforte le ministre.
Sur les risques éventuels de disparition du privé, le ministre estime au contraire que le Bénin a une chance unique d’avoir un privé de qualité. Selon lui, il faut aujourd’hui que le privé mutualise ses efforts, se réorganise et se mette ensemble pour créer des cliniques privées de qualité. L’un des pas majeurs qu’il faut franchir, relève-t-il, c’est la signature d’un contrat gagnant-gagnant avec des prestataires qui seront propres au privé et qui offrent le maximum d’eux-mêmes.
La qualité des soins dans le privé n’a pas été occultée dans les échanges. « La qualité des soins dans le privé sera très bonne », a rassuré le ministre de la santé. Il dit connaître certaines spécialités pour lesquelles il y a des privés qui sont déjà installés et le privé en se réorganisant, a mutualisé. Selon Benjamin Hounkpatin, la question va se résoudre d’elle-même, mais avec un peu de difficultés. Avec les réformes qui sont en cours, avec un accompagnement, avec une réorganisation du système, le pays va avoir un secteur privé plus assaini et plus apte à offrir des soins de qualité, souhaite-t-il.
Au sujet de l’assainissement du secteur de la santé, le ministre Hounkpatin précise que c’est un grand chantier. « Si les indicateurs du pays ne bougent pas, c’est également l’une des réformes majeures », observe-t-il. Citant en exemple le taux de la mortalité maternelle et néonatale, le ministre a informé que la majorité des femmes et des enfants qui meurent proviennent d’abord des centres non reconnus tenus par des agents non qualifiés qui viennent mourir à l’hôpital. Tant qu’on ne va pas fermer tous ces mouroirs qui sont disséminés ça et là dans le pays, indique le ministre, le pays ne va pas atteindre les résultats. Raison pour laquelle le gouvernement s’est lancé dans une lutte implacable. A cet effet, il établit un cadre de concertation qui associe aussi bien le ministère de la santé, le ministère de l’intérieur, le ministère de la décentralisation et le ministère de la justice, avec à la clé, les ordres et associations, les syndicats. Ce cadre de concertation, informe le ministre a mis en place une feuille de route particulière autour de 15 points que le gouvernement est entrain de dérouler. Pour Benjamin Hounkpatin, deux des points majeurs de cette feuille de route, c’est la fermeture immédiate de toutes structures illégales qui sont installées sur le territoire national et la fermeture de toutes les structures qui sont ouvertes par des agents du secteur public. Et tout ça se fait selon lui, autour d’une bonne campagne de communication et après une réorganisation du secteur privé.