Le vote de la charte des partis politiques et celui du nouveau code électoral sont en passe d’imposer l’éthique dans la pratique démocratique au Bénin.
Voulue par le président Patrice Talon déjà en tant que candidat, la réforme du système partisan matérialisée par le vote récemment du code électoral et de la charte des partis, est appelée à donner un nouveau visage au paysage politique béninois. C’est à une clarification sans précédent que conduit cette réforme. Les politiques sont contraints d’aller à l’école de la vertu désormais dans le jeu politique ou…périr.
Le système partisan béninois, soumis à cure draconnienne ne présentera plus le même visage. La preuve : en moins d’un trimestre, le Parlement béninois a accouché de deux lois coercitives, presque jumelles qui attisent cette métamorphose.
Il s’agit de la charte des partis politique et du nouveau code électoral. Deux lois qui annoncent la fin de la récréation. Sommairement, la fin des balades électorales, des candidatures fantaisistes et de la prolifération des partis claniques. Mieux, l’apogée du règne des pseudos rois des partis politiques, inamovibles depuis l’avènement de la démocratie au Bénin.
En selle depuis plus d’une vingtaine d’années, les chefs de partis ne veulent pas lâcher bride en dépit du temps long, passé déjà au sommet. Ceux qui en sont descendus y ont hissé leur enfant ou leur proche parent au trône comme au temps de la royauté. Dans l’ombre de la démocratie, vogue subtilement la monarchie. Bref, une résistance naturelle à une culture d’alternance.
Les jours passent, les mois aussi et des années sans une croissance de la culture d’alternance au sein des partis politiques. Un mal que la réforme du système partisan corrigera.
L’autre talon d’Achille de la démocratie béninoise reste la prolifération des partis politiques. Pour un petit pays comme le Bénin, on dénombre plus de deux cent partis politiques. Plus de partis que de communes (77 communes).
En matière d’avancée démocratique, c’est un échec pour un Etat comme le Bénin, qui se targue d’être un modèle en Afrique. Une démocratie ambivalente. Elle est à une étape où l’alternance est possible au sommet de l’Etat et presque impossible au sein des formations politiques. Les partis politiques (cellules de base de l’alternance démocratique) n’ont pas, après bientôt trente ans d’exercice politique, la culture démocratique.
Des faiblesses qu’ambitionnent d’abolir la charte des partis politiques et le nouveau code électoral. Ces lois visent à transformer cette nature ambivalente de notre démocratie pour en faire une démocratie dans laquelle l’alternance au sommet de l’Etat l’est autant qu’au sein des partis politiques.
A terme, ces réformes politiques vont faire passer progressivement le Bénin de la voie de la démocratie complaisante et laxiste à celle d’une démocratie digne de nom. Un progrès salutaire. Dans les partis politiques, du coup, le temps des alliances de partis est venu. On tente tous azimuts de se regrouper en de grands ensembles. On se prépare en tout cas à amorcer ce tournant politique décisif.
Pendant que certains convolent pour des jeux d’alliances politiques, d’autres, compte tenu de l’incertitude qui plane sur leur avenir politique avec l’avènement des réformes sont obligés de se repositionner.