Au lendemain des négociations avec le gouvernement, le secrétaire général de la CSA-Bénin, Anselme Amoussou a été reçu sur Café médias Plus du vendredi 14 septembre. Et sans langue de bois, l’homme qui prône une nouvelle méthode pour la lutte syndicale a exposé les tenants et les aboutissants desdites négociations. Lire l’intégralité de ses clarifications en réponse aux questions des journalistes.
Lire le point de la rencontre gouvernement-Syndicat
On peut appeler rentrée patriotique parce que les acteurs que nous sommes, savons très bien ce que nous avons traversé l’année dernière, que les problèmes ne peuvent pas être réglés tous. Le minimum étant là, cela devrait nous permettre d’effectuer la rentrée. Mais le plus important, c’est l’après rentrée. Qu’est-ce qui va se passer au cours l’année qui s’annonce ? Et donc tout dépendra d’un certain nombre d’engagements que le gouvernement doit respecter et d’un certain nombre de comportements que nous devons avoir en tant qu’adultes ayant dans nos mains l’avenir de nos enfants. Et si tout le monde joue sa partition, on pourrait avoir une année scolaire apaisée. Si non, comme l’année dernière, on pourrait être surpris pas les mouvements de grève.
Les affectations
C’est une réalité aujourd’hui et puis il y a d’autres dispositions techniques qui ont été annoncées et présentées aux acteurs du dialogue social. Nous avons sous ce registre-là, noté un certain nombre de griefs dans la publication des actes de nominations que nous avons déplorés. Les critères n’ont pas été respectés partout. Il y a des gens qui ne devraient pas bouger mais qu’on a envoyés loin. Et donc les ministres ont pris l’engendrement de corriger dès que les collègues vont les saisir. L’identification des différents cas est en cours. On a abordé la question des arrêtés d’application du statut particulier. Sur ce sujet, le gouvernement n’a pas voulu écouter notre discours qui consistait à lui demander de faire un effort complémentaire sur les montants qui ont été proposés. Mais le point positif est que les arrêtés ont été signés. Sur les six arrêtés sur lesquels le gouvernement s’était engagé, 5 ont été signés déjà et entrent en application avec effet à partir de janvier 2018. Nous avons abordé la question des vacataires. Concernant ce point, le gouvernement a promis revoir un peu le traitement qui est fait à cette catégorie de travailleurs notamment une légère augmentation des taux horaires. Désormais, le titulaire du Capes sera payé à 2500f par heure pendant que le titulaire de licence demeure à 1500f par heure et 1800f pour ceux qui ont la maitrise et le Bapes.
Nous avons aussi parlé de la situation des camarades qui depuis 10ans, sont sans contrat et qui sont dans la maternelle et de ceux qui attendent le reversement. Le gouvernement s’est engagé à régler cette question-là dans un mois. Un audit de reversement est déjà demandé. Les travaux seraient achetés et ils attendent de passer la communication en conseil des ministres et tout le monde sera situé. Des questions diverses ont été abordées dont la défalcation et sur ce point, le gouvernement est resté ferme sur sa position de départ. Il y a d’autres questions qui concernent l’entièreté des travailleurs qui seront discutées au cours d’une session extraordinaire qui sera convoquée sous peu.
De la loi de restriction des droits de grève
Un recours institutionnel sur une question d’importance, c’est de la faiblesse. Quand par exemple, le gouvernement pose un acte, et qu’au lieu d’aller tout de suite à l’affrontement, je dis, les confédérations vont saisir la cour constitutionnelle, vont saisir la cour suprême, vont saisir des institutions internationales, on dit non, ce ne sont pas des lutteurs. Il faut aller tout de suite. Et donc cela apparait comme de la faiblesse. Ce qui arrive aujourd’hui, nous ramène dans la réalité, dans ce que je peux appeler, le pragmatisme syndical, dans les fondamentaux du syndicalisme. Parce que si nous ne sommes pas sûrs de faire la grève comme nous la faisions, ça nous obligera à explorer les autres voies et stratégies qui sont parfois parfois très utiles. Est-ce que vous savez qu’il y a des choses que nous obtenons avec le gouvernement qui sont préparées en amont par les contacts informels, par le plaidoyer des lobbies ? C’est également ça l’action syndicale. Je veux vous dire une chose. Les gens ont réduit le droit de grève. Ce qu’ils ont fait n’est pas bien. Parce que moi je sais que ma confédération lorsque le professeur Holo avait parlé d’encadrer la grève, nous sommes allés vers des députés, notamment, monsieur Vlavonou, monsieur Dakpè Sossou, monsieur Orden Alladatin pour leur dire dans la perspective de l’encadrement de cette loi, de faire la discussion. Une démarche inclusive. Parce que c’est une loi sociale. Et donc, il faut en discuter avec les acteurs. Nous sommes conscients, nous mêmes qu’il y a un certain nombre de dérives dans nos pratiques syndicales. Mais nous devons nous asseoir ensemble pour que l’encadrement n’apparaisse pas comme une restriction de liberté. Malheureusement, on a tous vu ce qu’ils ont fait comme des députés aux ordres. Ça fait froid dans le dos de savoir que vous êtes parlementaire et que vous réagissez comme le citoyen lambda. On a le sentiment qu’ils ont une parcelle de pouvoir qui leur permet de retirer des choses aux citoyens et que dès qu’on est mécontent de la maison, on vient au parlement, on prend et on légifère. Ça n’a aucun sens. Surtout quand on voit la situation de l’année dernière. C’est leur décision qui a entraîné le système éducatif dans la crise que nous avons connue.
« Le dialogue social est en panne »
Quand c’est comme cela, prenez la peine de discuter avec les gens. Cela étant dit, sur les 10 jours de grève, regardez la logique des législateurs et de nos gouvernants. On se dit, ils peuvent faire dix jours de grève ce n’est pas grave. Alors que quand vous êtes un responsable, un seul jour de grève dans l’enseignement doit vous préoccuper au point où vous allez rapidement ouvrir les négociations pour discuter et régler les problèmes. Parce qu’un jour de grève, c’est au moins une centaine d’enfants, de béninois qui n’ont pas l’enseignement, qui n’ont pas eu l’apprentissage. Mais notre gouvernement se met dans la logique de réduire pour qu’on puisse faire 10 jours de grève. Ça veut dire qu’ils sont habitués à ne jamais réagir quand vous faites la grève et ils se disent, en 10 jours, il n’aurait pas eu tellement de dégâts. Ça n’a aucun sens en thème de gouvernance. Ça veut dire que la solution n’est pas encore trouvée. La solution, c’est d’échanger avec les gens, de mettre en place le dispositif de dialogue social qui nous permet d’éviter la grève. Qu’un gouvernant en arrive à trouver les moyens d’empêcher les gens de s’exprimer est la preuve que le dialogue social est en panne. Nous nous préparons pour faire ce que je vous ai dit en terme d’alternative à la grève. Mais en même temps, nous savons que nous avons des faiblesses et c’est pour cela qu’ils s’agissent comme ça. Aujourd’hui, nous n’avons presqu’un genou à terre. Et quand vous avez un genou à terre, vous n’engagez pas de combat. Vous vous relevez d’abord. Nous travaillons à nous relever. Nous sommes en train de faire en sorte que la crise de confiance qu’il y a entre nous et nos syndiqués soit conjuguée dans le passé. Et vous verrez dans ce pays que l’existence de la loi sera une réalité mais que les gens n’auront même pas le courage d’appliquer. Si par exemple, nous arrivons à convaincre les nôtres de faire une grève qui paralyse vraiment l’administration publique, vous pensez qu’ils peuvent radier 35000 enseignants ? Ce n’est pas possible. Et c’est parce que nous sommes divisés aujourd’hui, nous n’arrivons pas restaurer notre capacité mobilisation de nos membres qu’ils se permettent d’avoir ça. Vous savez de la grève qui a fait partir le président Kérékou à la fin de la période révolutionnaire ? C’était une grève qui n’était pas autorisée. C’est donc une question de rapport de force. Nous travaillons à ce que ce rapport de force bascule en faveur des travailleurs et cela peut venir. Parce que le gouvernement, d’ailleurs, nous aide tout le temps avec ses incongruités habituelles. C’est notre responsabilité aujourd’hui en tant travailleur de profiter de cette restriction de notre marge de manœuvre pour faire également notre autocritique en tant qu’acteurs sociaux et trouver là où nous avons fauté; qu’est-ce qu’il y a à faire aujourd’hui? Faisons-nous si peur à des gouvernants qui pensent que c’est la seule solution pour nous calmer? On doit s’interroger et on s’interroge.
Il y a eu d’égarement c’est vrai. Mais cela ne doit pas nous empêcher de dialoguer. Et c’est ce que nous avons fait hier. Nous espérons que monsieur le ministre Abdoulaye Bio Tchané va convoquer rapidement la session extraordinaire pour que nous puissions discuter sur les autres questions qui sont restées en suspens. La formation des vacataires? C’est vrai que cette catégorie de travailleurs a besoin d’être formée. Mais, j’ai compris que ce le ministre fait désormais, c’est de recruter des gens qui ont déjà la formation, prioritairement ceux qui ont le Bapes ou le Capes. Et après ceux qui ont déjà l’expérience sur le terrain. C’est une manière de contourner un peu le souci de formation. Mais cela ne va pas remplacer la formation. Il faut déjà commencer vraiment par recruter ceux qui ont la qualité.
« Trouver des propositions alternatives »
On aurait pu saisir cette perche-là. C’est l’une de nos faiblesses. Donc nous devons rechercher l’expertise en notre sein pour que lorsqu’il y a des débats techniques, le gouvernant puisse se dire qu’il s’est trompé sur nous. Nous devons alors travailler notre capacité à faire des propositions alternatives. C’est à cela qu’on est en train de travailler à la CSA Bénin. Donc aujourd’hui, ayant pris le relai chez quelqu’un qui avait une autre approche, un autre tempérament, une autre éducation, il y a de quoi que cette démarcation dérange des gens qui ont été habitués à cela. Vous savez, les cris et les vociférations ont montré leur limite. Ils continuent de montrer leur limite. Pensons à autre chose. Le contournement de l’adversaire est parfois en stratégie de guerre plus intelligente que l’affrontement lorsque vous n’êtes pas sûr de vos armes. Donc on peut faire le contournement et atteindre l’adversaire dans le dos plutôt que d’aller de manière frontale et perdre. La témérité n’est pas une valeur. Elle ne l’a jamais été d’ailleurs. C’est le courage qui est une valeur.
« La Bourse du travail, quartier général des politiciens frustrés… »
J’ai assigné en justice le secrétaire général de l’Unstb, qui non seulement a écrit sur les réseaux sociaux nationaux des choses irresponsables sur moi, mais qui s’est permis de les envoyer à l’international pour me nuire. Il est venu plaider par des personnes interposées, j’ai retiré la plainte. Et cela lui a redonné la force pour écrire. C’est cela l’irresponsabilité que nous traitons parfois à la Bourse du travail. Et donc, les plaies étant encore béantes, c’est difficile de composer avec certains. Voilà pourquoi vous avez vu un mouvement dans la division et vous avez vu le résultat. La division ne sert pas les intérêts des travailleurs. Nous sommes un certain nombre à travailler ensemble pour reconstituer cette unité d’action dont nous avons besoin pour aller de l’avant. Désormais à la CSA Bénin, nous ne nous engagerons pas dans un mouvement que nous ne maîtrisons pas et dont les contours ne sont pas clairement définis. Lorsque la Bourse du travail devient le quartier général des politiciens frustrés, des opposants aigris, cela ne donne pas une bonne image. Nous sommes dans un pays qui vit une démocratie tropicale. Ne nous leurrons pas. Lorsque le politicien pense que votre action syndicale est une action commanditée par des opposants, même si c’est à tort qu’il le pense, il est prêt à laisser le pays brûler pour ne pas donner satisfaction à l’opposant qu’il croit être derrière vous. Donc nous devons travailler à ce que même nos alliances stratégiques avec les politiques soient des alliances ponctuelles clairement affichées et qui s’arrêtent dès qu’on a fini. Quand des avocats doivent tout le temps transformer la Bourse du travail en QG, ça n’a aucun sens et nous devons travailler à ce que l’image de l’action syndicale ne soit pas avilie.
« Les acquis des dernières négociations ne sont pas humiliants »
On va jusqu’à dire que c’est humiliant. Et nous même, on finit par y croire. Où est ce que vous avez vu que l’argent est humiliant ? Ce sont des langages de négociateur. Quand en négociation, le gouvernement me propose 26000 par an, je dis que c’est humiliant, insignifiant et je n’accepte pas, c’est la manière de mettre la pression pour qu’il augmente. Mais quand je me retrouve avec mes camarades, je dis quel est l’agent de l’État qui n’a pas besoin de bien s’habiller pour aller au boulot? Si ma lutte et la pression de mes camarades nous ont permis d’obtenir 7000 FCFA ou 1000 FCFA pour les enseignants par rapport à l’habillement, ça fait 1000 f de dépenser hors salaire actuel. Mon éducation m’amène à penser que c’est un petit pas que je viens d’obtenir. C’est ce que je dis à mes camarades. Mais en face du gouvernement, je dis c’est insignifiant. Mais nous allons vers les camarades en disant que c’est humiliant, et comme nous avons tellement chauffé les AG, on a besoin d’une grosse quantité d’eau pour éteindre le feu. Et ça fait que quand on n’a pas l’eau pour venir, on continue dans les salades et finalement, vous avez vu des gens qui sont allés en AG et que les militants ont hués. La lutte syndicale, c’est un escalier. Une marche après l’autre. Vous prenez 1000f aujourd’hui, demain 2000f et après 3000f, ainsi de suite. Vous dites qu’on ne prend rien. Et finalement on a rejeté. Et les mêmes travailleurs vous disent est ce qu’on peut revenir prendre ce que vous avez rejeté ? Parce que malheureusement, notre quête permanente du suffrage des travailleurs à cause des élections professionnelles nous a transformés en politiciens, en démagogues, en comédiens. Cela fait que ce que nous servons aux travailleurs la plupart du temps est différent de ce que nous pensons réellement. Ce n’est pas ça le leadership. Moi, vous ne me verrez jamais en AG annoncer des choses que je ne suis pas capable d’obtenir ou de réaliser. L’année dernière on a dit aux travailleurs, c’est l’indexation ou rien. Et tant qu’il n’y a pas ça, on ne va pas reprendre les classes. Alors que ceux qui viennent savent très bien qu’avec le gouvernement on n’a jamais parlé d’indexation.
« Quid des résultats des examens de 2018»
Je vois les réactions de tous les acteurs que nous sommes. Les résultats n’ont jamais été bons dans ce pays. Notre Bac est devenu un label. On dit que le Bac béninois est bon parce que beaucoup de personnes ne réussissent pas. Ça n’a aucun sens. Au Togo c’est 70%, ils ne sont pas bons. Un examen qui donne 70%, ça veut dire que 30 candidats sur 100 qui ont échoué. Cela nous interpelle. De ce point de vue, est-ce que nous pouvons crier cette année pour que c’est catastrophique alors que chaque année nous nous contentons de ce qu’on nous donne? C’est vrai, la grève a sa part de responsabilité dans ces résultats. Mais ce serait réducteur de considérer que c’est la grève qui est responsable de tout. Puisque, le système éducatif étant victime de notre syndicalisme bizarre en milieu enseignant, il l’est aussi surtout de la gouvernance. C’est quoi le niveau de formation des formateurs? Comment se fait l’encadrement au quotidien des enseignants que nous sommes? Il n’y a pas suffisamment de Conseiller pédagogique, il y a des matières dans le secondaire qui n’ont pas d’inspecteur. Comment gère-t-on les AP et UP qui sont des creusets par excellence de formation continue? Si vous n’avez pas un dispositif qui permet d’avoir un corps d’encadrement efficace, vous ne pouvez pas rechercher de résultat. Quand un ministre se lève pour dire que désormais, il faut avoir le Bepc pour passer de la 3ème en seconde sans aucune planification, c’est une incongruité qui vient en ajouter aux difficultés du système éducatif.
« De la qualité de l’enseignant »
Un enseignant c’est celui qui maîtrise tout dans sa matière, qui a honte d’avouer à ses apprenants qu’il ne connait certaines choses ou bien, c’est celui qui sachant qu’il doit enseigner le mot papa, et ne sachant pas l’écrire a eu le réflexe d’aller chercher l’écriture avant de venir l’enseigner? Je pense que c’est le de deuxième. On peut me poser une question en classe et que je dise je ne connais pas, prenons le dictionnaire et regardons ensemble. C’est justement ce qu’on appelle PC. C’est une réflexion globale que nous devons avoir sur notre système éducatif et trouver la bonne formule pour permettre aux gens de donner le meilleur d’eux-mêmes. Il y a des agents plus nuisibles que les agents grévistes. C’est l’agent qui est présent, démotivé, frustré, mécontent et qui peut même faire le devoir de saccager le service public. Quand on est gouvernant, il faut réfléchir à ça aussi. La grève est un signal qu’un gouvernant peut capter parfois pour faire des corrections. Quand vous empêchez les gens de s’exprimer et que vous pensez que tout va bien, vous ne vous rendrez pas compte de la présence du mal. Or, il est là et vous ronge comme la gangrène qui quand elle se fait découvrir un jour, ne vous donne plus de marge de manœuvre.
« Une réforme syndicale s’impose »
L’atomisation du mouvement syndical est un handicap incroyable pour nous aujourd’hui. Quand vous avez 100 syndicats à l’enseignement primaire, 100 à l’enseignement secondaire, vous avez toutes les difficultés de vous rendre crédible aux yeux de l’employeur. Mais nous devons transformer ces difficultés en un piédestal pour avancer. Est-ce que vous allez être sage toute l’année ? Qui peut le dire? Mais je pense que nous avons tous (le gouvernement et nous) intérêt à travailler pour éviter à nos enfants, les parents d’élèves, et notre pays ce que nous avons vécu l’année dernière. Et cela passe par le respect d’un certain nombre d’engagements qui ont été pris, et la considération que l’on donne à l’autre, la concertation, la consultation sur les grandes questions qui font jour dans notre école. Il faut que nous puissions nous sentir tous concernés par les performances de notre système éducatif. Ça va être pour le bonheur de nous tous.
Quand vous traitez le gouvernement de tout, vous êtes bien applaudi, vous êtes même un maréchal. Mais la question que l’on doit se poser est quelle est l’efficacité de ce fonctionnement ? On a aujourd’hui des gens qui ont le sens d’écoute. Il faut savoir choisir les arguments. Il y a des gens qui sont plus présents que nous sur les réseaux sociaux qui savent mieux démolir la réputation des autres et qui sont en ligne tous les jours. J’ai choisi de ne pas répondre à cela. Je réponds quand j’ai l’occasion mais je ne cours pas derrière ça. Parce que je me dis que tôt ou tard, nous allons comprendre. Aujourd’hui, vous avez vu que les lignes bougent en notre défaveur. Quand monsieur Djogbenou a dit qu’il retire le droit de grève aux magistrats, aux agents de santé, vous avez suivi la déclaration de l’Unamab? Regardez bien la fin : «Nous demandons aux magistrats de se tenir prêts». Déclaration de la CSTB: «Nous demandons aux magistrats de se tenir prêts». Déclaration de la CSA : «On demande aux magistrats de se tenir prêts». Ça veut dire beaucoup de choses. Car, il y a quelques mois, on aurait dit grève 5jours sur 5. Vrai ou faux? Les magistrats avaient levé leur motion entre temps même avant la confédération que nous sommes. Avez-vous lu quelqu’un écrit qu’ils sont vendus? Faites la comparaison. Vous verrez qu’ en réalité, la recherche des gens qui, par leur position d’aujourd’hui, dérange des intérêts et des positionnements. C’est le cas de la CSA Bénin. Nous sommes trois confédérations à avoir signé la motion de levée de la grève. Celui sur qui on a le plus tiré, vous allez remarquer c’est Anselme Amoussou. Mais j’ai appris à vivre avec aujourd’hui. Et je fais front pour le bien de ceux qui m’ont donné mandat. A la fin de l’exercice, si ce n’est pas concluant, les camarades décideront de mon sort. Je voudrais demander à ceux qui sont habitués à la Bourse du travail de savoir lire entre les lignes.
Amoussou et le CNDS
Conseil national du dialogue social (Cnds). Je suis un des vice-présidents représentant les travailleurs. C’est un organe tripartite. Je n’ai aucune espèce de lien de reconnaissance par rapport à la nomination de monsieur Guillaume Attigbé. Au contraire, je suis là comme les yeux des travailleurs et lui, il représente le gouvernement. C’est la charte qui dit qu’il faut créer le Cnds qui a disposé que le président est nommé par le gouvernement. Le Cnds n’est pas un organe de négociation. Il est créé pour préparer les acteurs à aller vers le dialogue social efficace. On s’installe donc petitement pour assurer à bien cette mission.
Les difficultés que nous avons, c’est que le relevé n’est pas disponible tout de suite à la fin des travaux. C’est un ou deux jours que vous l’avez après qu’il ait été mis en forme. Et comme nous avons participé à la session, nous savons très bien ce qui est dit dedans. Normalement d’ici lundi, on devrait avoir le relevé. Pour monsieur Attigbé, c’est une question d’interprétation. Le texte de la Charte qui crée le Cnds a péché. C’est 10 du gouvernement, 10 des employeurs et 10 des travailleurs. Et le texte dit clairement que gouvernement nomme le président. On n’a pas dit que le gouvernement nomme le président en dehors de ces 10. Ça a été objet d’interprétation et je suis persuadé qu’à la prochaine relecture de la Charte, cela va être corrigé. On a voulu suivre l’exemple du Sénégal. Là-bas, c’est 10-10-10 et le dernier nommé est une personnalité indépendante. Et on s’en contente puisque ça ne dérange pas tellement les travaux au niveau du Cnds. Nous essayons tant bien que mal de faire en sorte que la mission soit menée à bien.
Les rumeurs sur sa désignation dans le bureau de la CSA Afrique
Cela dépend de l’appréciation que les gens ont de notre leadership. J’ai été désigné par les syndicats au plan africain pour les représenter dans ce comité. Mais ce sont les mêmes partenaires de la bourse qui disent que c’est le gouvernement qui m’a envoyé là-bas. C’est la CSA Afrique qui lance son appel à candidature et vous postulez. Il y a plusieurs étapes. Le comité paritaire ACPUE a été pensé pour servir un peu de veille citoyenne. Pour regarder est ce que dans les affaires économiques, il y a la prise en compte des intérêts des populations. Nous sommes douze syndicats des travailleurs dans le monde entier pour ce comité ACPUE. Moi je suis dans les syndicats des travailleurs Africains. Ils connaissent tous le processus pour aller là. Le gouvernement ne le savait même pas. C’est quand cela a été rendu public qu’ils ont su. Donc vous postulez et vous franchissez les étapes jusqu’à votre désignation. Seulement, votre candidature est soumise à l’Union européenne et quand c’est validé, c’est validé. Pour la désignation, le travail se fait au niveau africain directement. Personne ne veut perdre sa souveraineté dans un organe tripartite. Cela n’a rien à voir avec le gouvernement. Quand des gens qui savent comment ça se passe décident de vous salir afin d’empêcher les travailleurs de voter pour vous, est ce que vous allez prendre votre micro pour passer dans les organes pour dire aux gens que c’est les travailleurs qui vous ont désigné et que ce n’est pas le gouvernement ?