La nouvelle est tombée le mercredi 19 septembre dernier, comme un coup de massue. Les tarifs de communication internet offerts par les réseaux de téléphonie mobile, Mtn et Moov Bénin, ont considérablement grimpé créant ainsi la grande panique, la frustration et la consternation non seulement dans le rang des populations en général, mais des promoteurs de médias en ligne en particulier. Ces médias sont contraints désormais de faire face aux déconvenues de cette mesure. En effet, la publication des informations en temps réel, devenue un défi pour tous à l’ère du numérique, a engendré la création de plusieurs médias en ligne. Leurs activités permettent aux internautes de s’informer, de se documenter ou encore de trouver des réponses évidentes à leurs interrogations, le tout en ligne. Un processus qui nécessite une forte consommation de data, pour effectuer la mise en ligne de ces informations, photos, vidéos ou éléments audio, sans oublier la mise à jour et bien d’autres détails. Voir grimper la taxation du prix de l’internet est donc une très mauvaise nouvelle pour ces promoteurs de médias qui devront payer le double, le triple ou encore le quadruple de leur consommation journalière, sans compter que leur public cible que constitue les internautes a drastiquement baissé ces derniers jours. Dans une situation aussi critique où la crise économique bat son plein et où ces médias peinent à trouver la rentabilité qu’il faut pour survivre, payer les employés et faire vivre leur entreprise virtuelle, il est donc évident que plusieurs d’entre elles risquent de fermer. Les prestations en prendront forcément un coup et les informations publiées autrefois publiées en temps réel, risquent d’en être impactées négativement, face à un public cible qui commence à se faire rare. L’environnement des médias en ligne risque de se fragiliser davantage, ces médias étant promis à une mort certaine si les internautes ne parviennent pas à se connecter.
Des répercussions sur le plan économique, politique et social
« Forfait avec réseaux sociaux », « forfait sans réseaux sociaux ». C’est le choix qui s’offre désormais aux populations, qui, grâce à leur téléphone mobile, se sont abonnées depuis plusieurs années à l’outil internet et aux réseaux sociaux tels que, WhatsApp, Facebook, Instagram, Twitter, LinkedIn, Snapchat, Badoo, Viber et bien d’autres. Selon certains chiffres, le taux des utilisateurs des réseaux sociaux a atteint 90% en 2017. Des résultats qui témoignent amplement de l’intérêt qu’accordent les populations aux réseaux sociaux, mais qui se verront contraintes de se désabonner de tous ces outils. En effet, l’augmentation des frais de consommation internet cause déjà le départ massif des abonnés des réseaux sociaux, entrainant ainsi un manque à gagner aux réseaux de téléphonie mobile Mtn et Moov Bénin. Il y a, à ce niveau, une réduction de l’acquisition du forfait souhaité par les populations, tant pour naviguer sur internet que pour faire des appels et même envoyer des messages. Le coût élevé de l’internet peut avoir aussi des effets connexes sur d’autres taxations, notamment au niveau des banques, de la SBEE ou même de la SONEB. Outre ce facteur, les opérateurs économiques, créateurs d’emplois et de start-up, pourraient également limiter leurs prestations. En effet, ils représentent les plus gros utilisateurs du d’internet. Le nombre d’emplois créés, des opportunités d’affaires et des activités qu’elles génèrent pourraient se réduire drastiquement. Pour les opérateurs GSM, ce sera l’enfer. On assistera sans aucun doute à la baisse de leurs chiffres d’affaires. L’économie béninoise en paiera forcément le prix. A quoi servent alors les efforts consentis dans l’acquisition de la fibre optique en vue de garantir l’internet à tous les Béninois ? A quoi sert alors l’avènement du numérique, cher aux ambitions du chef de l’Etat, Patrice Talon ? Des sujets qui constituent désormais l’épée qu’agiteront les forces de l’opposition lors des prochaines joutes législatives.
Ils ont dit
Olivier Ribouis, Journaliste du site d’investigation, Banouto
« C’est un coup fatal… Il faut que le régime en place supprime ce décret »
« La mise en application taxation de la date tombée comme un coup de massue pour nous, médias en ligne. C’est comme un poignard en plein cœur et nous nous indignons depuis que cette taxation est entrée en vigueur. Nous rentrons dans une situation où le régime en place nous complique l’existence. C’est une mesure qui vient asphyxier le start-up et les jeunes entreprises qui sont en ligne, comme les sites internet et toutes les autres activités connexes. Nous consommons en moyenne 2 à 3 Giga par jour, lorsque nous sommes en pleine activité. Les reportages que nous faisons en direct sur le site sont aimés des lecteurs, et ils nous en félicitent. Avec les nouveaux prix, les lecteurs ne pourront plus se connecter de façon régulière sur le site afin d’avoir l’information en temps réel. Ils seront donc pénalisés. Nous entrons dans une situation de restriction de liberté d’expression, et cette politique est vraiment mal venue. On n’a pas d’autres solutions que de débourser davantage. Si l’intrant qui constitue notre outil de travail qu’est la data, prend un coup, ceux qui bénéficieront de nos prestations doivent aussi payer le prix. C’est une chaine. Nous dépensons en moyenne 2g par jour à 1.000f. Pour une telle consommation, nous sommes obligés de débourser 20.000 avant de pouvoir partager sur les réseaux sociaux. Etant donné que nous sommes dans la peau du consommateur, sous d’autre plan, nous imaginons déjà les difficultés qu’auront les consommateurs par ces temps de vache maigre que nous traversons dans le pays. Tout le monde a les ceintures serrées jusqu’aux os. C’est un coup fatal qui nous est porté. C’est tout le pays qui va en ressentir, cela ternit l’image du Bénin. On a l’impression d’entrer dans une dictature qui ne dit pas son nom. Il faut que le régime revienne rapidement sur sa décision et supprime ce décret. C’est la mort programmée de l’économie numérique du pays.
Is Deen Tidjani, Responsable du Site Le boulevard des Infos
« Nous sommes contraints de payer le double des tarifs et de travailler au ralenti »
« Nous avions appris comme tout le monde cette triste nouvelle. La mesure d’augmentation des tarifs des communications électroniques est tombée sur nous comme un coup de massue. Comme vous pouvez l’imaginer, ces nouvelles dispositions tarifaires pèsent de façon très négative sur nos activités. Nous sommes maintenant contraints de payer le double des tarifs pour espérer le minimum de connexion. Mieux, les dysfonctionnements enregistrés depuis lors ne nous permettent pas de travailler comme avant. Toutes nos activités sont au ralenti.Pour le moment, nous essayons de supporter, de subir la décision du gouvernement qui a certainement ses raisons. Mais cela ne saurait perdurer. Il faut que des dispositions idoines soient trouvées pour nous alléger la tâche. Nous souhaitons vivement que le gouvernement s’y prenne autrement. Cela urge »