« La paix et le développement durables.» C’est le thème retenu cette année, à l’occasion de la commémoration de la trente sixième édition de la Journée mondiale de la Paix. Audrey Azoulay, la directrice générale de l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture (Unesco) a, dans son message pour la circonstance, souligné la place que la problématique de la paix occupe dans la mission de l’ Unesco .
« La paix est imparfaite et fragile si elle ne bénéficie pas à toutes et à tous ; les droits de l’Homme sont universels ou ne sont pas » dit la Directrice générale de l’Unesco qui rappelle aussi cette préoccupation de René Cassin, un des artisans de la Déclaration universelle des droits de l’Homme en 1948 :
« Il n’y aura pas de paix sur cette planète tant que les droits de l’Homme seront violés en une quelconque partie du monde que ce soit.»
La Journée internationale de la Paix a été décidée en 1981, en vertu de la résolution 36/67 de l’Assemblée générale des Nations Unies. Cette date a été retenue pour cadrer avec la séance d’ouverture des travaux de la session annuelle de l’organisation mondiale le troisième mardi de septembre. Pour l’Onu, il s’agit d’établir la paix sur le fondement de la solidarité intellectuelle et morale de l’humanité ; cette journée doit être marquée par la non-violence et le cessez-le feu sur tous les théâtres de guerre.
En cette journée dédiée à la promotion de la paix, chaque citoyen du monde se doit de s’interroger sur le sens de ce mot. Pourquoi la paix est-elle importante pour le genre humain ? Comment la réaliser et la maintenir partout et en tous lieux ?
« La paix n’est pas un simple mot , c’est un comportement » avait coutume de souligner le président de la Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny consacré par l’histoire comme l’un des sages de l’ Afrique par sa constance à toujours rechercher les voies pour promouvoir le dialogue dans toutes les situations de conflit et d’opposition , aussi dans la gestion de son pays que dans les rapports entre les Etats. Par cette assertion, il entendait sans aucun doute souligner que la paix est une richesse à laquelle tous les êtres humains aspirent. Dans leurs actes quotidiens, toutes les femmes et tous les hommes doivent intégrer cette dimension de la vie en communauté consistant à préserver un cadre toujours apaisé pour permettre des échanges fructueux pour le bien de chacun et de tous.
Dans sa mission de régulateur des relations entre les Etats , et tirant les enseignements utiles des conflits de tous genres que le monde a connus et continue de connaitre, l’ Onu est passée des Objectifs du millénaire pour le développement (Omd) aux Objectifs de développement durable (Odd) dont le point seize (16 ) met l’accent sur l’impératif de la paix entre les peuples pour parvenir à un véritable développement durable. En d’autres termes, la réalisation des Objectifs de développement durable est tributaire du climat des relations entre les hommes et les femmes à l’intérieur d’un même pays d’une part, et d’autre part entre les Etats membre de l’Organisation des Nations unies.
En tant qu’institution du système des Nations unies, l’Unesco est concernée par la réalisation de tous les Odd. En effet, elle a pratiquement des rôles à jouer pour la mise en œuvre de chacun des objectifs parce que la formation et le perfectionnement des hommes et des femmes relèvent de ses compétences. C’est pourquoi, à travers ses Commissions nationales, l’Unesco travaille inlassablement à inscrire dans les consciences cette prescription inscrite dans le préambule de son Acte constitutif, à savoir : « élever les défenses de la paix dans l’esprit des hommes et des femmes.»
Elever les défenses de la paix contre l’intolérance sous toutes ses formes , en particulier dans des contextes préélectoraux ou électoraux que vivent nombre de pays africains où la paix entre les composantes de la collectivité nationale est souvent mise à rude épreuve ; débouchant parfois sur des ressentiments qui laissent des séquelles durables.
Elever les défenses de la paix contre l’extrémisme qui peut prendre tous les visages , quand la jeunesse a le sentiment d’être abandonnée , livrée à elle-même par des politiques qui ne prennent pas en compte ses aspirations en tant que couche sociale sur laquelle repose l’ avenir du pays .
Elever les défenses de la paix contre les préjugés qui peuvent dresser les uns contre les autres les citoyens d’un pays à cause de leurs ethnies, sexe ou religions.
Depuis 1982 qu’elle a commencé à être célébrée , la Journée internationale de la Paix offre l’occasion de faire le point des résultats obtenus sur le chemin parcouru , d’une année à l’autre , aussi bien par chaque pays que par l’ensemble de la communauté mondiale , pour réduire les causes de frictions entre les composantes de la société. Il s’agit d’une œuvre de longue haleine, mais qui mérite d’être poursuivie, quelles que soient les difficultés de la route. C’est ce que souligne, à juste titre, la directrice générale, Audrey Azoulay, dans son message :
« le chemin de la paix est long, mais c’est à chacune et à chacun d’entre nous d’influer sur son tracé en nous engageant au quotidien pour une société inclusive plus tolérante, plus juste.
* Secrétaire générale de la Commission nationale béninoise pour l’Unesco