Les affaires reprennent. Les importateurs et les transporteurs peuvent jubiler. En quelques jours, ils ont vu leurs chiffres d’affaires péricliter. L’effondrement le mardi 5 septembre dernier du pont de Malanville érigé sur la Sota des suites des inondations a eu un impact négatif sur les échanges commerciaux entre le Bénin et le Niger. Passage obligé pour le transit des marchandises en direction de ce pays de l’hinterland, le pont de Malanville, sollicité à outrance depuis des années, a fini par céder. Depuis cette date, c’est un branle-bas général du côté de l’administration. Compte tenu des répercussions économiques désastreuses liées à la suspension du trafic routier entre les deux pays, les cadres du ministère en charge des infrastructures, appelés à la rescousse, ont mis les bouchées doubles pour définir des solutions urgentes. Avec l’appui du gouvernement, des pistes pour décanter la situation ont pu être définies.
C’est ainsi que depuis hier lundi 24 septembre, la déviation tracée sur le terrain a été mise en service. Les transporteurs, après quelques jours de repos forcé, reprennent du service. Avec une facilité relative, ils peuvent à présent acheminer les divers produits de Cotonou vers Niamey. Sous l’autorité des forces de l’ordre, la circulation sera alternée sur la déviation et ce service provisoire sera maintenu jusqu’à l’achèvement des travaux du nouveau pont. Sur le terrain, c’est un grand ouf de soulagement que poussent les transporteurs et les populations riveraines. Même si le mouvement des camions connaît un certain ralentissement, il n’est pas pour autant suspendu. La célérité avec laquelle les pouvoirs publics ont traité ce dossier mérite d’être soulignée. Dès la survenue du drame, les instructions diligentes ont été données pour faciliter la vie aux usagers de cet axe routier incontournable de par sa position géographique.
Le Conseil des ministres du mercredi 19 septembre dernier a validé les mesures prises pour un retour à la normale. Le projet de construction d’un nouveau pont en urgence, cette fois avec des structures métalliques, a été entériné. L’entreprise en charge des travaux, qui exécutait un ouvrage similaire à Womey, a été priée d’opérer à Malanville en acheminant sur place les matériaux préfabriqués. Le délai de trois mois accordé à l’entreprise pour achever l’ouvrage court déjà. Il est vrai que le gouvernement aurait pu anticiper en évaluant l’état technique de ce pont. Si cela avait été fait, les experts auraient détecté qu’il était en ruines et des actions auraient sans doute été initiées pour éviter qu’il ne s’effondre comme ça, du jour au lendemain. Néanmoins, sur ce coup, l’Exécutif a fait preuve de célérité en réagissant avec la promptitude requise. En soi, c’est déjà heureux que la circulation soit rétablie sur cet axe routier.
L’anticipation qui a fait défaut du côté du gouvernement devrait être de mise à l’avenir. Il va de soi que les infrastructures routières du pays érigées il y a des décennies et qui n’ont jamais subi de travaux de maintenance bénéficient d’une attention particulière. Il y a quelques semaines, l’état défectueux de l’ancien pont de Cotonou a suscité une descente des cadres de la direction générale des infrastructures. Jusque-là, rien n’est fait quant à sa réfection. Les autres ponts du pays comme ceux de Porto-Novo, de Godomey, de Tovègbamè dans la vallée de l’Ouémé, pour ne citer que ceux-là, ont grand besoin d’être réfectionnés. Il appartient aux autorités compétentes d’initier des contrôles sur les différents sites du pays afin d’y apporter les solutions idoines. Gouverner, c’est prévoir, dit-on. Attendre que le pire se produise avant de réagir n’est pas synonyme de bonne gouvernance. Puisse l’exemple de Malanville inspirer suffisamment nos dirigeants.
Moïse DOSSOUMOU