Eric Houndété n’est pas content de la manière dont l’Assemblée Nationale du Bénin est gouvernée. Après un long moment passé à observer les nombreuses incongruités qui s’enchaînent au sein de cette institution de contre-pouvoir prévue par la Constitution béninoise du 11 décembre 1990, le premier vice-président de l’Assemblée Nationale a décidé enfin de donner de la voix. Pour l’honorable Eric Houndété qui s’est confié ce lundi 24 septembre 2018 à la presse parlementaire, les conditions dans lesquelles du budget du Parlement pour l’exercice 2019 a été adopté est une vilaine mise en scène qui n’honore personne. Sa déclaration, a-t-il martelé n’est pas orientée contre le Président Adrien Houngbédji. Lire ci-dessous.
El-Hadj Affissou Anonrin
Déclaration
"...Je ne me prononce pas sur le contenu du budget de l’Assemblee nationale. Je me prononce sur les relations entre les institutions. La place et le rôle de chaque institution dans le système politique. Je voudrais dire que ce qui s’est passé à l’Assemblée nationale est une mise en scene vilaine qui n’honore pas le Parlement. Le gouvernement a adopté le budget général de l’Etat, que dis-je, le projet de budget général de l’Etat en conseil des ministres. Un projet de budget qu’il est supposé avoir transmis à l’Assemblée nationale... Le gouvernement a outrepassé ses prerogatives en adoptant le budget de l’Assemblée nationale. C’est çà le vrai problème qui se pose. Lorsque après avoir adopté le budget, l’Assemblee nationale se reunit pour adopter un budget, on se demande à quelles fins. J’espère que le gouvernement a transmis le budget qu’il a adopté. S’il l’a fait, soit l’Assemblée nationale se conforme à la volonté du gouvernement et il n’y a pas match dans tous les cas dans le séquencement chronologique, il est établi que c’est le gouvernement qui a établi le budget de l’Assemblee nationale. Ou le gouvernement n’a pas transmis le budget qu’il a adopté, et à ce moment c’est l’Assemblee nationale qui se conforme aux chiffres du gouvernement et en ce moment, on aura raison de dire que l’Assemblée nationale est vassalisée. Et cela à mon avis, n’est pas bien pour notre Parlement. Ce qui vient aggraver la situation, c’est que c’est pour la toute première fois que le budget est présenté et pas discuté et voté directement au sein de l’Assemblée nationale. Il n’y a passion eu de commentaires. Cela me gène un peu et je pense qu’on a tout intérêt à faire en sorte que les choses ne continuent plus de se passer de cette manière.......Je pense qu’il ne connait pas les règles qui fondent l’Assemblee nationale. Il ne connait pas la constitution. Il ne connait pas le fondement d’un certain nombre de dispositions constitutionnelles. Le constituant veut que le parlement soit libre. Que le parlement ne soit pas l’appendice du gouvernement. Le constituant veut que les parlementaires dans l’exercice de leurs prérogatives ne dépendent pas du gouvernement. Cest pourquoi le parlement jouit d’une pleine autonomie. C’est la seule institution à qui on demande d’adopter le budget et que le gouvernement le mette et l’inscrive dans le projet de budget général de l’Etat. Je ne veux pas dire que c’est pour autant que le parlement peut rester en marge de la société. Si cela arrive, cela voudra dire que les parlementaires ne sont pas responsables. Je ne pense pas que ce soit le cas. Mieux, en réalité le budget, si je m’en tiens a certaines explications, c’est de la responsabilité du président de l’Assemblée nationale. C’est lui qui administre l’Assemblée nationale. C’est lui qui propose et qui présente le budget au Parlement. On parle du budget de l’Assemblée nationale et non général de l’Etat. Et que l’on attende que le budget de l’Etat soit voté avant de constater qu’il y a vice de procédure, qu’il y a violation des règles, c’est une méconnaissance grave de nos textes. Les textes ont clairement prescrit que l’Assemblée nationale adopte son budget sur proposition de son président. Lorsque le budget est adopté, il est intégré au projet de budget général de l’Etat. Aller parler du budget général de l’Etat, c"est faire preuve d’une méconnaissance grave de nos textes. Nous n’en sommes pas encore là. Celui qui introduit le budget général de l’Etat, ce n’est pas le parlement. C’est-à-dire que le gouvernement ne peut pas introduire un budget et le parlement viendra le modifier. Si vous connaissez les règles de fonctionnement des finances publiques, vous savez très bien que lorsque vous introduisez une dépense supplémentaire, vous devez organiser l’équilibre budgétaire. Le parlement n’est pas à même d’organiser cet équilibre budgétaire si ce n’est pas le gouvernement qui le fait. C’est pourquoi que le parlement adopte d’abord son budget, on l’intègre et le gouvernement organise l’équilibre budgétaire. Ce n’est pas au parlement que cela se fera...........On ne peut pas laisser perdurer les mauvaises pratiques. On ne peut pas laisser le gouvernement faire ce qu’il veut. L’Assemblée nationale doit redorer son blason. Mon coup de gueule, c’est pour remettre chaque institution à sa place. Moi je suis membre du bureau de l’Assemblée Nationale. Je ne veux pas endosser des responsabilités. C’est une mauvaise responsabilité.........je pense que cest regretable. A l’Assemblee nationale, la parole est reine et est libre. Je ne connais pas bien les motivations de cette situation, mais je pense qu’il faut regretter cela. Chaque député surtout lorsqu’ils sont organisés en groupe, la constitution reconnait que dans une assemblée, il y a une majorité et une minorité. Si les députés de la minorite souhaite s’exprimer sur un sujet, on doit leur donner la parole. Surtout s’ils la demandent et on le leur promet. Je regrette cette situation et je souhaite qu’elle ne se reproduise. »