Généralement marginalisées. Toujours mal positionnées et sous-représentées. Elles le sont, les femmes béninoises. Estimées à plus de 52% de la population béninoise, quand il s’agit de marquer leur présence sur le terrain politique et même socioprofessionnel, nos mères, nos sœurs et nos filles restent et demeurent jusqu’ici à la traîne. Dernier constat en date, parmi les 154 représentants dans les Commissions communales d’actualisation (Cca) pour la Lépi, difficilement, on en dénombre quatre. Et comme si, sur ce point, l’opposition et la mouvance s’étaient entendues, elles ne leur ont chacune cédé que deux petites places sur leur liste de 77 élus. Aucun doute, la portion est très congrue et c’est une manière de dire qu’au sein des Cca, les femmes n’ont pas leur place. On l’aura compris, bonnes pour les campagnes, elles ne le sont pas assez pour superviser, au niveau communal, l’actualisation de la liste électorale.
D’ailleurs, depuis des lustres, au Bénin du renouveau démocratique, ainsi se passe la distribution des postes de responsabilité. Et l’alibi tout trouvé, soit c’est le désintéressement de la gent féminine aux questions politiques ou c’est leur faible taux de scolarisation. Pourtant, ce sont ces mêmes femmes qui, à-tue-tête, chantent et dansent à la gloire des leaders au cours des différents meetings de campagne. A l’arrivée, elles sont utiles là où, sur le plan décisionnel, elles ne pèsent pas. En tout cas, si ce n’est pas de la mauvaise foi des acteurs politiques, ça y ressemble.
D’ailleurs, ce qui est surprenant, c’est qu’il y a à peine quelques mois, des députés défendaient bec et ongles, la révision de la Constitution pour une meilleure représentativité de la femme au parlement. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ce sont les mêmes qui n’ont pas cru devoir faire des efforts pour que le constat d’une misogynie sur la liste des Cca ne soit pas si flagrant. Sinon, entendre 4 sur 154, ça fait mal aux oreilles. Explications pour cet état de choses, sans doute, on évoquera une fois de plus la sociologie.
Finalement, l’impression laissée par la configuration de la liste des Cca votée lundi dernier, c’est qu’au Bénin, il ne faut attendre aucun cadeau des hommes quand il s’agira de volontairement promouvoir la femme. Féministes, défenseurs de la parité Homme-femme, vous êtes prévenus. Au-delà de vos sensibilisations, vous devez aller. Car, visiblement, sans une loi, pendant très longtemps encore, les femmes devront attendre avant que les habitudes ne changent et qu’elles soient mieux positionnées.
Bref, à l’endroit des femmes, la nouvelle liste des Cca n’est qu’un signal. Si elles veulent effectivement renverser la tendance, au lieu de compter sur les hommes et une loi d’arrangement, qu’elles prennent sérieusement leur destin en main. N’est-ce pas que le pouvoir ne se donne pas ? Alors, à elles d’aller chercher par leur militantisme et leur union à toute épreuve, leur place dans les instances de décisions. Et si elles n’ont jusqu’ici pas perçu le message, qu’elles le sachent, « aux hommes politiques toutes tendances confondues, elles servent d’échelle ». C’est triste de le dire. Mais, c’est surtout mieux de le savoir et de redoubler d’ardeur pour que ce paradigme change. Il est vraiment temps !
Angelo DOSSOUMOU