Les jeunes entrepreneurs béninois ont désormais de nouvelles chances de succès auprès du FNPEEJ. Le Fonds national de promotion de l’entreprise et de l’emploi des jeunes (FNPEEJ) a en effet organisé une journée de réflexion sur son modèle stratégique, à Dassa ce vendredi 28 septembre 2018. Pour l’occasion, environ 350 entrepreneurs bénéficiaires des ressources du Fonds, ainsi que différents partenaires se sont mobilisés pour participer à cette grande première destinée à donner de nouvelles orientations à l’institution. De fait, le Directeur Général Kègnidé Paulin Akponan a tenu à faire participer les entrepreneurs au processus de confection du modèle stratégique dont il entend doter l’institution pour les cinq prochaines années. Ce nouveau modèle adopté à l’unanimité par le Conseil d’administration du Fonds, vise à faire de l’institution une société financière à l’horizon 2050. Pour y parvenir, le FNPEEJ entend créer de nouvelles conditions d’efficacité de ses partenaires. « Il s’agit concrètement d’implémenter une stratégie d’externalisation, basée sur un système de mentorat, caractérisée par le « faire-faire généralisé » et une gestion optimale des relations d’agence », explique le Directeur Général ce vendredi devant les participants. « Nous voulons, nous pouvons et nous devons bâtir un Bénin de l’espérance », a-t-il insisté. Le modèle stratégique accompagné de son modèle d’opérationnalisation, permettra d’assurer un meilleur taux de recouvrement pour l’institution. Le FNPEEJ a en effet près de 92% d’impayés représentant environ 9 milliards de FCFA. Les mutations en cours démarrent en janvier 2019 et permettront aux jeunes entrepreneurs bénéficiaires de transiter par un système de mentorat avant de bénéficier des appuis financiers du FNPEEJ. L’idée est de renforcer les petites et moyennes entreprises (PME) existantes pour porter les nouvelles créations afin de créer des emplois. Le FNPEEJ n’entend visiblement plus perdre de l’argent en finançant des entrepreneurs dont la grande majorité finissent par ne plus rembourser leurs dettes.
Un défi majeur : l’autonomie
A terme, l’institution pourra conquérir son autonomie et fonctionner selon les règles de bonne gouvernance de l’Organisation pour l’harmonisation en Afrique du Droit des Affaires (OHADA). Tour à tour, différents orateurs rendront un hommage appuyé au Directeur général qui a su trouver la solution à même de relever une institution menacée de faillite. Le Président de l’Organe consultatif de la jeunesse (OCJ), Thomas Singbo saluera la coresponsabilité qui sera désormais le cheval de bataille du FNPEEJ. Laurent Zomaï, président du Cadre de Concertation des Jeunes, notera que ce modèle stratégique qui tend à investir dans le futur, « balise les chemins de la performance » aux entreprises inscrites au Fonds. « Vous êtes un hommes épris de dialogue, d’équité et de performance », a-t-il dit au Directeur général. Pour tout le monde en effet, le FNPEEJ ne sera plus jamais un fonds de commerce politique. Expert comptable de formation et de profession, Kègnidé Paulin Akponan a pris les rênes du Fonds le 18 juillet 2018. Il a réaffirmé sa disponibilité à tout faire pour empêcher les interférences politiques qui, par le passé, ont failli précipiter l’institution au chaos. Pour sûr, le temps de la relance est arrivé pour le FNPEEJ.
Rodrigue Adokou, Président du Mouvement national des PME/PMI: « C’est la première fois qu’un DG associe les acteurs même »
Nous avons été parmi les acteurs qui ont cru et se sont investis depuis le début pour qu’une institution du genre arrive. Nous avons été en arrière-plan des initiateurs de ce projet. Mais nous avons été très tôt déçus par le management qui s’est fait par la suite, parce que nous avons remarqué que les objectifs de départ ont été biaisés et il n’y a pas toujours eu tout le professionnalisme que requiert une institution du genre dans la mise en œuvre du programme. Mais il y a quelques mois, nous avons constaté que les nouvelles autorités ont impulsé un nouveau dynamisme. D’où la nomination de Modeste Kérékou qui, quelques plus tard, a été appelé à d’autres fonctions. Nous avons été beaucoup plus heureux encore de l’avènement de Paulin Akponnan. Sans lui jeter des fleurs, il réfléchit exactement comme les PME et PMI ont toujours voulu que l’institution fonctionne. Nous épousons de ce point de vue complètement sa stratégie. Et c’est la raison de notre présence à ses côtés. C’est une chance pour la jeunesse. Auparavant, les PMI et les PME étaient mises de côté pour les nouveaux entrepreneurs venant sur le marché avec leur business plan en main, sans aucune expérience et sans rien. Aujourd’hui, c’est tout l’inverse. Il a parlé d’un système de mentorat qu’on doit instaurer. Ce qui veut dire qu’il faut développer les PME existantes pour leur permettre d’élargir leurs activités et d’accueillir les primo qui souhaiteraient être financés afin qu’ils fassent leur imprégnation au sein de ces PME avant que le FNPEEJ ne les accompagne. Cela suppose que c’est maintenant que la pyramide est bien établie. Il faut partir du renforcement de l’existant pour aboutir à la création du nouveau. Auparavant, on abandonnait les existants et on créait de nouveaux. C’est bancal à notre avis, parce que nous existons et que nous avons une expérience à partager. Nous sommes en parfaite harmonie avec lui sur ce point. Mieux, il nous a associés pour finaliser son document stratégique. En onze ans d’existence, c’est la première fois qu’un directeur général associe les acteurs même à la conception du document stratégique de la maison. La maison, c’est pour nous. Mais on payait à fort prix des experts pour réfléchir à notre place. Il a de l’avenir, et je crois qu’il fera de grandes choses si on lui donne du temps.
Joyanot Amouzoun, Président de la Confédération nationale des artisans du Bénin: « Nous serons des mentors pour porter les jeunes »
Nous avons été invité en tant que partenaire du FNPEEJ. L’artisanat est le secteur le plus pourvoyeur d’emplois aujourd’hui au Bénin. Un artisan n’a pas besoin de faire une demande d’emploi avant d’être opérationnel sur le terrain. Il y a de nombreux jeunes étudiants qui ont choisi des formations qui ne sont pas porteuses d’avenir. Or, chez nous, nous avons des métiers porteurs d’avenir. Nous serons donc des mentors pour porter ces jeunes futurs entrepreneurs, pour qu’ils aient la main et pour qu’ils soient opérationnels sur le terrain. Nous sommes donc prêts à accompagner le nouveau Directeur général du FNPEEJ dans sa vision d’accompagner et de faire de ces jeunes créateurs d’entreprises, de véritables entrepreneurs de développement de ce pays.
Euloge Ogouwalé, Enseignant-Chercheur à l’UAC, Directeur du Centre pour le volontariat, l’entreprenariat et les innovations de l’UAC: « C’est un modèle novateur »
Je trouve que c’est un modèle novateur et que si ce n’était pas fait, il fallait le faire. Je trouve que c’est maintenant que nous avons trouvé la bonne manière de faire l’accompagnement de la jeunesse pour l’entreprenariat. Dans le nouveau dispositif, lorsque le jeune vient avec son idée de projet, on l’intègre dans une première phase d’incubation. Cette première phase va permettre de déprogrammer le jeune ou la femme porteur de projet et de le reprogrammer, le déprogrammer pour lui enlever les contre-valeurs comme le retard, la nonchalance, la jalousie, etc. et le reprogrammer en lui inoculant les valeurs cardinales qui sont le courage, la tempérance, la justice, l’amour du travail bien fait, l’excellence, etc. Il s’agit aussi de le connecter à l’intelligence entrepreneuriale et à l’innovation. Quand il sort de cette première phase, on l’oriente vers une seconde phase. Il va chez un mentor, quelqu’un qui a déjà travaillé dans le domaine, qui a éprouvé des difficultés mais a finalement réussi et qui doit devenir le conseiller de ce porteur de projet. Après cela, il est éligible maintenant au financement. Voilà le nouveau modèle. Je suis convaincu que si nous le suivons à au moins 60%, car ce ne sera pas facile, nous allons créer des milliers d’emplois. C’est pourquoi j’ai foi que le système va fonctionner, surtout avec le DG qui l’a présenté, avec sa vigueur et sa ténacité. On n’a qu’à accompagner ce nouveau plan stratégique.