La cote de popularité du Chef de l’Etat est en chute libre. Il suffit d’écouter les conversations dans les rues, les marchés, dans l’administration, dans les familles, sur les réseaux sociaux… pour s’en convaincre. Là où une dizaine de personnes sont farouchement contre le mode de gouvernance actuel, il s’en trouve à peine une ou deux pour prendre la défense du gouvernement de la Rupture. L’opposition gagne de plus en plus de terrain sans avoir à travailler pour cela. Les choix du gouvernement créent la polémique et sont objets de vives critiques. Preuve, le Code électoral, l’annulation de passeport, la plaque pour les motos, la constitution des blocs, la taxation des Mo, la convocation de Valentin Djènontin et de Sébastien Ajavon, la non délivrance de récépissé au parti Usl d’Ajavon, l’encadrement des droits de grève, la non ouverture de l’aéroport de Tourou, la hausse annoncée de la scolarité dans les universités publiques, etc. sont autant de décisions qui ont contribué à éroder la popularité du Chef de l’Etat. Il y a certes des efforts dans la réalisation du Pag. Mais ils ne sont pas encore visibles sur le terrain. Les Béninois ne sont pas encore satisfaits du taux d’exécution. La réalisation de certaines routes dans le cadre du projet asphaltage est encore stoppée par endroit. Tout ceci arrive alors que dans 7 mois environ, les Béninois se rendront aux urnes pour renouveler le Parlement. Les tractations sont d’ailleurs avancées dans ce cadre pour ce qui est de la constitution des blocs de la majorité présidentielle. Patrice Talon se donne ainsi les moyens pour affronter avec succès ces échéances. Mais vu la popularité actuelle du gouvernement, la question qui est sur toutes les lèvres, c’est comment compte-t-il gagner une élection dans ces conditions ?
Lorsque le Chef de l’Etat a rencontré les maires des 77 communes au lendemain du vote du parlement autorisant le recours au référendum en vue d’amender la Constitution, Patrice Talon a justifié sa décision de ne pas aller au référendum par le fait que les électeurs ne jugeront pas la qualité des amendements à porter mais le jugeront lui. Et qu’il était certain que le vote ne sera pas en sa faveur. Il était conscient lui-même de son impopularité et avait promis travailler pour améliorer les choses. Aujourd’hui, rien n’a changé. Au contraire la taxation des Mo n’a fait que rallonger la liste des déçus de la Rupture même dans le camp de la mouvance. Jamais le Béninois n’a été pressé d’aller aux urnes. Le chantre du Nouveau départ et ses soutiens se doutent bien que ce n’est pas pour aller exprimer leur joie. Les contours d’un vote sanction sont dessinés. Dans un tel contexte, tout gouvernement doit travailler à regagner la confiance des populations avant la tenue du scrutin. Quelles actions d’éclat fera alors Patrice Talon dans les mois qui viennent pour essayer de reprendre la main ? Il peut encore colmater les brèches en prenant cette fois-ci des décisions qui vont soulager le plus grand nombre, leur permettre de desserrer un peu les ceintures. On peut mener une lutte efficace contre la corruption et l’impunité sans donner l’impression de s’acharner contre les opposants politiques. Le Chef de l’Etat a moins de 7 mois pour redresser la barre. Autrement, on ne voit pas par quelle alchimie, il va remporter les législatives à venir.