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Cyclique intoxication !

Publié le mercredi 3 octobre 2018  |  Fraternité
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A Ganikpérou, dans la commune de Kouandé, par ces temps-ci, il faut réfléchir par trois fois avant de se faire inviter pour un repas. Normal, les nouvelles qui parviennent de cette contrée sont lugubres puisque dans certains plats, la mort se balade. Et, entre vendredi et dimanche dernier, elle a décimé toute une famille. Des 9 personnes concernées, il n’y a qu’une seule qui ne soit pas passée de vie à trépas. Enfant placée, sa chance est qu’elle n’a pas pris part au dîner intoxiqué. Au vu du scénario et du malaise abdominal présenté par les victimes avant leur décès, une fois de plus, l’intoxication alimentaire est la piste la plus plausible.
D’ailleurs, les précédentes années, au cours de la période post récolte, elle fait des dégâts, surtout dans le septentrion, et laisse place à un récital macabre. Cette année encore, les Béninois ont droit à la même rengaine. Récit presque identique : une pâte de maïs ou de sorgho consommée, et l’éternel drame qui surprend son monde. Pourtant, un homme averti en vaut deux. Et quand la saignée due à l’intoxication alimentaire devient criante, pour sa propre survie, on s’abstient de certaines pratiques compromettantes et surtout on redouble de vigilance.
Déjà, des leçons tirées des précédents cas d’intoxication, il est avéré que la principale cause est la mauvaise utilisation des produits phytosanitaires pour la culture et la conservation des vivriers et le maraîchage. Ainsi, sont-ils généralement abusifs et non contrôlés. A première vue, pour les cas des vivriers, il est certain que des paysans utilisent des produits chimiques non adaptés. L’autre éventualité, c’est que les délais d’utilisation prescrits ne sont pas respectés.
Et si, à toutes ces méprises, il faut encore ajouter que les vivriers conservés dans les greniers ne sont pas souvent lavés avant la consommation, il va sans dire que les années passeront, mais les drames s’aligneront. Sinon, dans tous ces malheurs liés à l’intoxication, les paysans ont une part, non négligeable, de responsabilité. A priori, si au piège des aliments intoxiqués ils se font attraper chaque année, c’est forcément qu’ils font preuve de négligence et d’insouciance. Et même si d’aucuns peuvent penser que le facteur ‘‘illettrisme’ pèse lourd dans la balance, avec des efforts coordonnés, la tribune ‘‘mort par intoxication’’ aurait, depuis fort longtemps, disparu des colonnes des journaux.
C’est pourquoi, pour qu’il en soit ainsi, la solution appropriée, c’est non seulement la sensibilisation des paysans, mais aussi, un mécanisme de contrôle et de suivi en vue d’une utilisation rationnelle des produits phytosanitaires. Cela suppose que, dorénavant, les autorités locales intègrent cette nouvelle donne dans leur gouvernance. En plus, avec un appui, ne serait-ce que logistique, du pouvoir central pour des habitudes culturales plus saines, même si la possibilité d’une intoxication alimentaire n’est pas définitivement écartée, elle régressera. Et, à coup sûr, le septentrion nous épargnera d’une actualité périodiquement macabre et déconcertante. En attendant, même si vous n’êtes pas à Ganikpérou, faites attention à ce que vous mangez. Sinon, de l’appétit à la tombe, inexorablement, par les temps qui courent, il y a moins d’un pas.
Angelo DOSSOUMOU
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