Au Bénin, l’autonomie énergétique est encore du domaine du rêve. Les multiples efforts consentis et les initiatives prises par les différents régimes n’ont pas donné les résultats escomptés. Dans bien d’endroits du pays et même dans les centres urbains, l’énergie électrique est considérée comme un luxe du fait de son indisponibilité. Cette denrée basique dans d’autres contrées continue de faire courir nos gouvernants qui multiplient les politiques pour la rendre permanente, accessible et à moindre coût. Les ménages qui réussissent à obtenir le raccordement à réseau électrique conventionnel subissent les caprices du fournisseur et doivent en plus se saigner pour s’acquitter des factures salées qui leur sont présentées à échéances régulières. Que dire des entreprises ? Obligées de prévoir un système de relai en cas de coupure, elles essaient tant bien que mal de contourner cette grosse difficulté devenue pérenne par la force des choses.
La centrale électrique de Maria Gléta mise en place par le régime défunt était censée régler en grande partie le déficit que connait le Bénin en matière d’énergie électrique. Malheureusement, les milliards engloutis sur le site n’ont pas permis de nourrir le rêve avant même qu’il ne soit concrétisé. A son avènement au pouvoir, Patrice Talon a repris ce dossier en main et les signaux rassurants émis sur le terrain permettent d’espérer que tout ira pour le mieux à l’avenir. C’est dire que la quantité d’énergie électrique qui sera produite sur place permettra de combler les besoins existants. Dans peu de temps, les travaux s’achèveront et les Béninois pourront enfin pousser un ouf de soulagement. Parallèlement à ce qui se fait à Maria Gléta, le gouvernement crée davantage les conditions pour mettre cette denrée à la disposition des populations sur l’ensemble du territoire national. Hier, le Conseil des ministres a pris une décision salvatrice dans ce sens.
En adoptant le décret portant sur les conditions de l’offre d’un service public d’électricité à travers la fourniture d’équipements solaires subventionnés dans les zones d’habitat dispersé, le gouvernement explore de nouvelles pistes qui ne manquent pas d’intérêt. En effet, la promotion de l’électrification hors-réseau est une composante du deuxième programme du Bénin pour le Millenium Challenge Account (Mca). En termes d’objectifs, il s’agira « d’augmenter le temps de fonctionnalité des entreprises et des services publics, de réduire la dépendance envers les sources onéreuses d’énergie, d’améliorer la productivité des consommateurs des prestations d’électricité, de stimuler le marché et d’accroître l’adoption et l’utilisation d’appareils et de mesures d’efficacité énergétique ». Le terrain est donc balisé pour le Mca qui pourra dérouler son programme sans couacs majeurs. Place maintenant à l’action et vivement les résultats.
L’acte posé par le gouvernement est d’autant plus intéressant qu’il s’agit de l’énergie solaire dont la promotion commence à se faire insistante. Faute d’offres sérieuses et pertinentes, les populations se ruent sur le réseau conventionnel qui ne peut satisfaire toutes les demandes. Encore que, jusqu’à un passé récent, le Bénin n’a pas réussi à mettre en place un programme d’autonomisation énergétique. Enfin, les lignes ont commencé à bouger. Il est à souhaiter que l’énergie solaire qui fait ses preuves partout ailleurs profite aussi à nos compatriotes. Lorsque le soleil finit de briller de tout son éclat, à la nuit tombée, c’est l’obscurité qui dicte sa loi. En accumulant de l’énergie solaire en journée, avec des équipements recommandés, on peut disposer de l’électricité le soir pour dissiper les ténèbres. Le Bénin a enfin compris qu’il a tout à gagner en recourant à ce type d’énergie. Le Mca sera assurément au rendez-vous des belles promesses. D’autres programmes similaires à fort impact sur les populations sont également les bienvenus.
Moïse DOSSOUMOU