Ces chiffres font froid dans le dos. « 10% des ménages sont encore en insécurité alimentaire en 2017, soit plus d’un million de personnes. 40% des ménages courent un risque d’insécurité alimentaire et seulement un ménage sur deux est en sécurité alimentaire. Les zones du pays les plus affectées sont les départements de l’Atacora, des Collines, du Zou et du Couffo. Certaines communes comme Natitingou, Glazoué et Djidja sont très touchées. Mais c’est dans la commune de Boukombé que la situation est inquiétante avec 40% des ménages sous la menace de l’insécurité alimentaire ». Ce diagnostic sans appel a été fait par des experts rompus à la tâche. Sous la direction du Professeur Mathurin Coffi Nago, universitaire de renom, par ailleurs, ancien ministre, ex-président de l’Assemblée nationale et député en fonction, des spécialistes de divers horizons ont produit le rapport final de l’examen stratégique national « Faim Zéro » au Bénin.
Avec le précieux appui du Programme alimentaire mondial (Pam), six mois durant, les compétences mises à contribution sur l’instigation du gouvernement ont produit leur rapport. Le diagnostic ainsi posé, on en sait davantage sur la situation alimentaire, les insuffisances au niveau des piliers de la sécurité alimentaire et nutritionnelle et au niveau du cadre de mise en œuvre des interventions. C’est sur cette base que des opportunités et une feuille de route ont été proposées pour le renforcement de la sécurité alimentaire et nutritionnelle, afin d’atteindre l’objectif « Faim Zéro ». Les 11 axes stratégiques identifiés permettent d’accélérer la marche vers l’Objectif de développement durable (ODD) n°2 énuméré ainsi qu’il suit : « Éliminer la faim, assurer la sécurité alimentaire, améliorer la nutrition et promouvoir l’agriculture durable » à l’horizon 2030. Désormais, en matière de lutte contre la pauvreté, les décideurs n’ont plus droit à l’erreur.
En recevant ce rapport le jeudi dernier, Patrice Talon a pleinement compris l’enjeu. « Je note avec satisfaction que le rapport a procédé à un inventaire satisfaisant des différents types de réponses coordonnées que les autorités béninoises s’efforcent d’apporter aux problèmes identifiés, avec le concours technique et financier des partenaires au développement », dira le chef de l’Etat. Dans la même veine, il a pris « acte des suggestions qui y sont faites dans le but d’accélérer l’atteinte des résultats visés, ainsi que des actions prioritaires proposées spécifiquement à l’intention des couches socio-professionnelles défavorisées ». Maintenant que le travail préliminaire qui prend en compte la situation réelle de la faim au Bénin a été effectué, les populations, notamment celles qui sont dans l’expectative de l’amélioration de leur situation précaire, attendent que des solutions soient apportées à leurs maux. Le premier besoin fondamental de l’homme est la nourriture.
Si des dizaines de milliers de ménages sont dans l’incapacité de s’offrir des repas quotidiens, le rêve de la sécurité et de l’autosuffisance alimentaire est loin de se concrétiser. La pauvreté étant teigneuse, il faut des actions hardies, coordonnées et pertinentes pour faire reculer progressivement le règne de la précarité. Cette œuvre ne peut être accomplie du jour au lendemain. C’est un travail de longue haleine qui nécessite une attention et un engagement de tous les instants. En recevant ce précieux rapport qui touche aux voies et moyens à emprunter pour la satisfaction d’un droit fondamental, Patrice Talon doit agir. Ici et maintenant ! Le cadre est tracé. Les résultats envisagés sont connus. Il ne reste que l’action. L’horizon 2030 paraît à la fois si proche et si loin. On ne peut tolérer que des êtres humains soient confrontés à la faim avec autant d’acuité. Patrice Talon et son équipe devront se surpasser pour produire de bons résultats. Sur ce chantier, ils sont vivement attendus.
Moïse DOSSOUMOU