Il faut croire que l’Afrique est une île vulnérable, surtout avec des villes en retard sur le train de l’adaptation, de la modernité et du développement. C’est le cas de la capitale économique du Bénin, une ville marécageuse, qui a ravi la vedette à Porto-Novo que Noukpo Agossou a raison d’appeler la décapitale politique.
Koutonou ou Cotonou n’est que le résultat de l’étalement sans boussole d’une agglomération, comme si jamais le pays n’a connu de brillants géographes et urbanistes respectés à l’international. Mais en se ressourçant auprès du Baobab Benoît Nbessa, du coPrix Nobel Michel Boko, du fonctionnaire international Luc Gnancadja, ou encore d’autres experts, on comprend aisément que le problème est ailleurs.
C’est indispensable de saisir à nouveau le mois de l’habitat pour en plus de poser les problèmes que nous n’ignorons guère, chercher les issues de secours. En vérité, en vérité, Cotonou n’est pas une ville habitable. Elle l’était peut-être hier, mais elle ne le sera pas certainement demain. Osons la comparaison avec Nairobi, une ville qui accueille aujourd’hui la 7e conférence africaine sur les changements climatiques qui, et malgré sa taille démographique, demeure fluide. Là-bas, on circule aisément. On ne roule pas "pare choc contre pare choc" comme sur l’axe Calavi-Vêdoko. Les voies sont larges, et 5 voire six véhicules peuvent circuler dans le même sens. Les passages supérieurs ne sont pas non plus un luxe. Mais cela n’a pas empêché la ville de maintenir la verdure aux abords et au niveau des carrefours.
Cependant, dans notre ville nue et sans issue avec des voies exiguës, nous n’avons fait que la politique du Bénin. Dans notre ville, les arbres ont laissé place à des bétons. C’est bien chez nous qu’on s’émerveille de disposer d’un boulevard sans arbres. D’autres répondront que Nairobi n’est pas non plus un modèle. Mais une chose est certaine, Cotonou n’est pas l’idéal comparativement à d’autres villes de la sous-région.
Bienvenue alors à l’asphaltage des voies, à l’assainissement du cadre urbain, à une solution durable de gestion des déchets. Il est temps de rebattre les cartes et de nous offrir une autre Cotonou, ailleurs, sur le plateau.
Ne laissons pas la malédiction de Koutonou nous poursuivre jusqu’à Allada, un espace banalisé mais qui se retrouve être la destination idéale. Mais avant, il faut sauver Calavi, notre ville du futur mais dont les potentialités sont érodées par la mafia foncière. C’est un désordre qui y a transformé les plans d’aménagement en des plans d’habitation, sans espaces verts et centres d’épanouissement des jeunes. Même les routes ne sont pas assez larges pour répondre aux défis de l’urbanisation.
On ne saurait continuer à nous étendre sans boussole et sans un minimum de rigueur. Pour sauver Cotonou, il faut sauver maintenant Abomey-Calavi et construire Allada.
Fulbert ADJIMEHOSSOU