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Dr Latif Moussé, SG de la Société béninoise de la cardiologie: « Les maladies cardiovasculaires sont les pires tueuses silencieuses »

Publié le vendredi 12 octobre 2018  |  La Nation
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© aCotonou.com par DR
Les agents de santé canadien à Toffo
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Le 28 octobre prochain, le Bénin célèbre la Journée mondiale du cœur sur le thème : «Pour mon cœur et ton cœur, prenons un engagement ». Cette célébration sera marquée par plusieurs manifestations sur toute l’étendue du territoire national. Mais avant, le secrétaire général de la Société béninoise de la cardiologie, Dr Latif Moussé aborde dans cette interview les facteurs de risques liés aux maladies cardiovasculaires.

La Nation : Quels sont les facteurs de risques liés aux maladies cardiovasculaires ?

Latif Moussé : Les maladies cardio-vasculaires représentent les pires tueuses silencieuses au-delà de toutes les autres maladies. Elles sont liées au cœur et aux vaisseaux. Les facteurs liés à ces maladies sont de trois sortes. Il s’agit de l’obésité, du tabagisme et de la pollution sonore. Pour mieux lutter contre ces maladies, il faut agir sur les facteurs de risque en évitant les centres religieux où règnent les bruits, même à des heures indues. Avec ceux-ci, l'on n’arrive pas à bien dormir. Ce qui cause des troubles de sommeil. A cela s’ajoutent les habitudes alimentaires qui désorganisent le système humain. Aussi l’obésité s’installe pour fabriquer de la graisse avec un fort taux de glycémie et son corollaire de cholestérol. Un phénomène qui rend rigides les artères. Il est scientifiquement démontré que le manque de sport ou le sédentarisme aide beaucoup à l’accumulation des risques de maladies cardiovasculaires comme le tabagisme.
C’est pourquoi le premier niveau d’engagement qui incombe, aujourd’hui, doit être de lutter contre l’obésité qui représente une préoccupation. Le second niveau consistera à sensibiliser sur le tabagisme qui commence à prendre de l’ampleur malgré les difficultés socio-économiques. En dehors de ces deux niveaux, il reste le niveau de la pollution. Au-delà du bruit, des bars, des églises et autres, il y a le bruit interne qu’on a avec les nouvelles technologies. Des études ont montré que ceux qui sont aux alentours de l’aéroport, des rails et du trafic routier connaissent une élévation de maladies cardiovasculaire dont l’hypertension artérielle avec les crises cardiaques. Le dérèglement de l’organisme humain ne se ressent pas automatiquement. A bas bruit, cela peut se ressentir sur 20 à 40 ans. Et si les études ont été menées correctement de façon claire, cela va majorer les maladies cardiovasculaires. Ceux qui habitent les zones tumultueuses doivent pouvoir les éviter.

Pourquoi l’obésité prend-elle de l’ampleur ces dernières années ?

Ce que je peux vous dire par rapport à l’obésité aujourd’hui, est révélé par une étude faite en 2015 par l’Oms et selon laquelle 10,1% des femmes sont obèses et 4,6% des hommes. Mais quand on prend l’ensemble des facteurs de risques, cette étude montre que l’obésité monte en flèche par rapport aux autres facteurs comme la tension artérielle, le cholestérol et la sédentarité comparée à ce qui a été fait en 2008. C’est dire que nous faisons moins d’activités physiques, nous mangeons peu de fruits, des aliments riches en potassium, nous n’avons pas une alimentation équilibrée et par rapport au diabète, ça augmente. Le cœur des Béninois nécessite d’être soutenu. Il est capital que nous puissions avoir de l’empathie et nous souhaitons que celle-ci soit une empathie diversifiée et généralisée allant vers les autorités pour que les plans de lutte contre les maladies chroniques non transmissibles puissent se faire avec beaucoup plus de rigueur. Il importe, pour prévenir l’obésité, de s’engager à faire un peu plus de sport ou plus précisément d’activités physiques en marchant. Même chez soi en dansant ou s’arranger pour bouger. Il faut arrêter de fumer et de boire. L’alcool ne fait pas du bien et il faut manger autrement.

En quoi les habitudes alimentaires constituent-elles des menaces pour notre santé ?

En ce qui concerne l’alimentation, surtout dans les pays sous-développés, la facilité avec laquelle les populations consomment certains produits bon marché, par mimétisme ou modernisme, pose de réels problèmes aux enfants et même aux adultes. La malbouffe jusqu’aujourd’hui est une préoccupation dans le monde. Elle s’accroît énormément et singulièrement au Bénin. En 2015, le nombre de personnes obèses est en majoration de façon à devenir une pandémie. Même dans nos écoles, on enregistre des enfants qui ont un surpoids. Tout ce qu’on met dans ces aliments comme les bouillons ne sont pas de nature à favoriser une bonne santé. Alors, il est important de revenir à nos basiques alimentaires. La première des choses, c’est de favoriser la sensibilisation de la grande population en démontrant que la nécessité de manger moderne avec des produits organiques, polluants multiples, est nuisible à notre santé. Une mauvaise alimentation entraîne un dérèglement des glandes importantes qui régissent l’équilibre humain dont la thyroïde. Ce qui pose un grand problème.

Si le législateur devrait se pencher sur la question, quelles pourraient être ses recommandations ?

Il y a trois types d’engagement. Il y a, d’abord, l’engagement individuel, ensuite l’engagement de santé pour la population, enfin l’engagement vers les autorités. Et envers ces dernières, c’est évident que le législateur doit prendre vraiment des mesures en se rapprochant des spécialistes de nutrition, de santé, pour toucher du doigt les dommages que créent les maladies cardiovasculaires. On ne peut pas dormir et regarder les choses nous glisser dessus. D’ici 2025, ce qui se passera dans les pays sous-développés sera plus cruel comparé à ce qui se passera dans les pays développés qui ont déjà pris des dispositions pour prévenir le danger pour en avoir tiré des leçons. Il importe pour les pays en développement comme le nôtre de profiter aussi des leçons. Il est alors important qu’on puisse faire quelque chose. Nos aliments de base sont des aliments biens et, l’essentiel, est de les équilibrer.

Que dites-vous du cholestérol et qu’est-ce qu’il entraîne ?

Le cholestérol est une matière grasse dont on a besoin. On en a besoin au-delà de tout ce qu’on peut divulguer sur les réseaux sociaux avec des faisceaux d'arguments qui ne tiennent pas toujours. Le cholestérol, c'est vrai, il y en a de bon comme il y en a de mauvais. Même dans le bon, il y en a encore de mauvais si l’on ne se protège pas. Il ne faut pas s'affoler en disant que le cholestérol est élevé. Il n'y a pas urgence sauf dans quelques cas qu'il faut courir pour traiter vraiment un taux de cholestérol élevé. La première démarche, c'est l'alimentation. L'essentiel, c'est la qualité de l’huile que nous utilisons. L'huile devrait être mise au dernier moment après la cuisson. Car, lorsque l'huile est brûlée plusieurs fois, elle devient toxique. C'est pourquoi on dit qu'il faut faire en sorte qu’elle soit poly insaturée avec beaucoup de radicaux. A partir de 20 ans, l'homme a déjà quelques plaques de cholestérol dans le sang. C'est un produit qui va s'installer dans le temps. Elle est fabriquée à des degrés donnés selon l'organisme de l'individu. Les individus obèses, hypertendus ou ayant plusieurs facteurs de risque en fabriquent plus. Ainsi, pour un même taux de cholestérol chez un individu donné ou chez un autre, on n’aura pas la même attitude. Mais il faut savoir qu'un taux de cholestérol élevé, sauf cas spécial, n'est pas une urgence de traitement.
La plus fréquente affection cardiaque dont les Béninois souffrent le plus est l'hypertension artérielle qui peut attaquer à partir de 35 ans. Et deux Béninois sur trois sont hypertendus au-delà de 50 ans. Donc nous devons vraiment en tenir compte pour savoir comment bien gérer l'organisme au-delà de 50 ans. Mais globalement, à partir de 35 ans, nous avons beaucoup plus d'hypertension artérielle comparé à d’autres pays.
Il faut une visite préscolaire pour tous les enfants. Au-delà de 35 ans, il faut voir un cardiologue au moins une fois l’an. Parce qu’on peut être surpris de se découvrir avoir une glycémie qui monte un tout petit peu. Donc, il est important, à partir de 35 à 40 ans, de consulter un cardiologue.
Il faut aussi que l’Etat nous aide. Il faut également que nous équilibrions notre alimentation, menions une activité physique régulière de 30 à 40 minutes par jour ou tous les 10 jours. Ça nous permettra de vivre moins en compression. Ceux qui ont une longévité, c’est ceux qui ont une activité physique?

Désiré GBODOUGBE
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