Sous le couvert d'un patriotisme spontané et réfléchi, les acteurs impliqués dans le processus de correction de la Liste électoral permanente informatisée (Lépi), se contredisent gaiement, enfonçant d'avantage le processus dans une conjoncture sans précédant. Difficile de dire avec exactitude qui milite pour l'aboutissement de l'actualisation de la liste électorale du Bénin, seule gage de transparence des élections dans le pays. Pourtant, la démarcation parait très importante pour la suite du processus dont le décollage est aux prises des intérêts politiques et parfois égoïstes des représentants des diverses forces politiques en présence.
Pour lever un coin de voile sur le blocus qui empêche l'évolution du processus de correction de la Lépi lancé depuis peu au Bénin, le chef de l'Etat a réuni au palais de la Marina toutes les forces vives de la nation. Même si les différents acteurs qui ont pris part à la séance de travail n'ont pas vu accommoder leurs positions visiblement incompatibles, la commission d'orientation et de supervision de la Lépi (Cos-Lépi) s'est voulue plus active aux sorties des travaux. C'est alors qu'elle a annoncé l'audit participatif de la Lépi en prélude du quel elle a organisé le weekend écoulé une séance d'échanges avec les membres des Commissions communales d'actualisation (Caa) des 77 communes du Bénin.
Il était question de la mission de ces acteurs à la base pour le bon déroulement de l'audit. Et là encore, la contestation était au rendez-vous, puisque le mode de désignation des agents locaux d'actualisation (Ala) et des Délégués d'arrondissement à l'actualisation (Daa) n'est pas du goût des membres des Commissions communales d'actualisation (Caa) qui ont tiré la sonnette d'alarme.
En effet, c'est depuis la rencontre au palais de la Marina que Mathias Gbédan, maire de la commune de Sèmè-Podji a évoqué le sujet relatif à la désignation des membres des différents démembrements du Cos-Lépi. Mais le jusqu'auboutisme mal inspiré des autorités qui ont dirigé la séance n'a pas permis de vider le sujet. Et le mal qui risque de pourrir à un niveau très sensible du processus est déjà subodoré par les observateurs qui anticipent sur un nouveau blocage en vue dans le processus. La chose est d'autant perceptible puisque les contestataires qui sont essentiellement des mouvanciers reçoivent déjà des soutiens des maires, notamment ceux de l'Ouémé-Plateau. Ces derniers, au cours d'une réunion secrète tenue dimanche dernier ont pris la résolution d'amener leurs alliés à boycotter, au moment opportun, les opérations. C'est certainement là une nouvelle épreuve pour la commission d'orientation et de supervision de la Lépi.
A quoi a servi la rencontre du palais de la Marina ? Difficile de le dire, mais il est certain que les contestations n'ont pu être dissipées. A bien y voir la nouvelle dispute est liée au contrôle des différentes commissions devant conduire les travaux d'actualisation. Une crise de confiance qui semble naitre du fait du Cos-Lépi. A moins de justifier le mode de désignation des Daa et des Ala. A quoi ont servi les appels à candidatures lancés ? Les dépouillements ont-ils été faits notamment pour ce qui est des Ala ? Pourquoi la liste des présélectionnés est-elle vouée à une controverse ? Autant de questions qui restent posées. Toutefois, il y a lieu de craindre pour la productivité et la transparence des travaux du Cos-Lépi. Des esprits malins dont la mission demeure inavouée vivotent encore dans les rangs et il y a lieu d'y prendre garde. Qui veut contrôler les membres des différentes commissions décentralisées du Cos-Lépi et à quelle fin? Attention à ne pas livrer aux Béninois une Lépi plus étriquée que celle que l'on veut corriger.