(Encore 10 Avocats téméraires contre, le Bâtonnier Détchénou face à l’Histoire)
« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris. Son doux regard qui brille fait briller tous les yeux. Et les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être, se dérident soudain à voir l’enfant paraître, innocent et joyeux… », nous enseigne Victor-Marie Hugo. Malheureusement, tel n’est pas le cas avec la création de la Criet sous la Rupture. En effet, à peine née, la Cour spéciale de répression des infractions économiques et du terrorisme est controversée. Et s’il faut comparer cette juridiction spéciale à un enfant, on peut affirmer, sans exagérer, qu’en dehors de ses géniteurs, c’est-à-dire le gouvernement, l’Assemblée nationale notamment les députés de la Mouvance et la Cour constitutionnelle, elle est rejetée par sa collectivité. Depuis son entrée dans la famille le 27 août 2018, que de remous et que de critiques contre ce bébé tant dans la propre maison que dans la société en général. Des enseignants du Droit aux praticiens du Droit, tous démontent la loi portant création de cette Cour exceptionnelle qui ne rime pas avec démocratie ou Etat de droit. Au lieu que le cercle de famille applaudisse la venue au monde de l’enfant à grands cris, c’est plutôt à des contestations que l’opinion assiste. Il s’en suit logiquement que le doux regard suspect du bébé qui brille provoque en retour, l’écarquillement des yeux chez la plupart des membres de la collectivité. C’est évident que les plus tristes fronts, les plus souillés peut-être, ne puissent se dérider à la vue d’un enfant du genre… C’est l’indignation totale. Et les dernières indignations en date sont celles de dix (10) Avocats téméraires, et pas des moindres au Barreau de Cotonou. Au nombre des dix, deux ont été d’ailleurs Bâtonniers. Il s’agit de Me Luiz Angelo et Arthur Balle. L’autre tonitruant et doyen très connu est Sadikou Alao. A ces trois, s’ajoutent Georges Gbago, Francis Dako, Victor Adigbli, Thimothée Yabit, Roméo Godonou, R. Agbodjo et A. Ahounou. Dans une correspondance en date du 14 octobre 2018 adressée à l’actuel Bâtonnier, Yvon Détchénou, dont l’objet est « Convocation d’une Assemblée générale extraordinaire sur la Criet », les signataires se désolent du silence de l’Ordre des Avocats face à cette nouvelle juridiction. Les mots et expressions utilisés sont nul doute à la hauteur de l’affront et de la honte que la dizaine d’Avocats subie. « Il est évident que cette juridiction d’exception (dans tous les sens du terme) se révèle un dangereux recul pour notre pays par rapport aux standards universellement reconnus du procès équitable ». Plus loin, ils ajoutent avec fermeté : « Et sur les moyens à opposer à la prospérité de cette institution inacceptable, nous appelons de tous nos vœux la convocation urgente d’une Assemblée générale extraordinaire. Il devra en découler que nous sommes dans le juste et vrai ; ou alors pas ». Dans un contexte très craint comme celui actuel où les redressements fiscaux planent sur les têtes comme l’épée de Damoclès, c’est osé de la part de ces hommes en toge noire.
Le Bâtonnier Détchénou face à l’Histoire
Face à cette lettre d’une tonalité aussi grave, le Bâtonnier Yvon Détchénou convoquera-t-il ou non l’Ag voulue par ses pairs ou continuera-t-il de maintenir l’Ordre dans le mutisme décrié par eux ? De toutes les façons, en tant que Numéro 1 des Avocats, Me Détchénou a désormais la pression. Et son nom qui résonne dans les tympans, ne laisse d’ailleurs personne indifférent. Du moins, ceux qui se remémorent les luttes menées par une figure emblématique éponyme dans le sens du respect des principes de l’Etat de droit et de la démocratie. Le jeune Détchénou est donc face à l’histoire quant à la suite à donner à la requête de ses confrères et surtout les grandes décisions qui sortiront de cette assise si elle en arrivait à être convoquée.