L’opposant politique et homme d’affaires béninois Sébastien Ajavon ne se rendra pas à son procès jeudi, dans lequel il est mis en cause pour trafic de cocaïne, a annoncé l’un de ses avocats, qui dénonce de "graves irrégularités" dans la procédure.
En octobre 2016, M. Ajavon avait été arrêté après la découverte d’environ 18 kg de cocaïne pure d’une valeur estimée à 9 milliards de francs CFA (14 millions d’euros) dans un conteneur destiné à l’une de ses sociétés. Il avait été relaxé quelques mois plus tard faute de preuve et "au bénéfice du doute".
Cette relaxe n’a fait l’objet d’aucune procédure en appel, mais M. Ajavon a été convoqué le 4 octobre devant un tribunal spécial créé fin août à Porto Novo (sud-est du Bénin), la Cour de Répression des Infractions Economiques et du Terrorisme (Criet), pour "trafic de drogue international à haut risque", infraction punie de 10 à 20 ans de prison.
Il n’avait pas eu connaissance des faits qui lui étaient reprochés ni accès au dossier avant l’audience, selon ses avocats, qui estiment que la Criet n’est pas une juridiction d’appel et n’est donc pas compétente pour juger cette affaire.
Les juges avaient en outre refusé à la défense le droit de représenter M. Ajavon en son absence et de prendre la parole, avant de renvoyer l’affaire au 18 octobre, avait constaté l’AFP.
"Sébastien Ajavon a décidé, sur les recommandations de ses conseils, de ne pas comparaître en personne lors de cette audience, compte tenu des graves irrégularités de la procédure et du caractère absurde et mensonger de l’accusation portée contre lui", a déclaré dans un communiqué mercredi l’un de ses avocats parisiens, Eric Dupond-Moretti.
"Il donne en revanche mandat, conformément aux règles de droit, à ses avocats pour dénoncer les atteintes à ses droits et les manquements au procès équitable entachant d’ores et déjà l’entière procédure", poursuit-il.
"Sébastien Ajavon se réserve le droit (...) de faire constater
l’instrumentalisation de la justice et les manoeuvres politiques dont il est victime. Il entreprendra ainsi toute action, de nature tant judiciaire que politique, nécessaire à faire garantir le respect de ses droits et sa participation au processus démocratique", conclut le communiqué.
Candidat à la présidentielle de 2016, Sébastien Ajavon, qui a fait fortune dans l’agroalimentaire, était arrivé troisième avec 23% des voix, avant de soutenir un autre homme d’affaires, Patrice Talon, qu’il a contribué à faire élire au second tour face à Lionel Zinsou.
Mais les relations entre les deux hommes se sont vite dégradées après la présidentielle, Sébastien Ajavon ayant été visé par la justice dans plusieurs affaires.