COTONOU - Le programme "micro-crédits aux plus pauvres", exécuté au Bénin depuis cinq ans, a permis plus d'un million de personnes de sortir de la pauvreté, selon Thibaut Assogba, enseignant chercheur en économie d'une université privée de Cotonou.Initié en 2007 par l'exécutif béninois, le programme de la micro-finance a financé pour sa phase pilote les populations les plus pauvres, notamment les femmes, les jeunes diplômés sans emploi et les chômeurs. Sur 100 francs qu'il obtient, le bénéficiaire paiera un intérêt de 5 francs dont 3 francs constituent une épargne qui lui sera restituée. Au total, le bénéficiaire paie un taux effectif de 2 francs destinés à couvrir les charges qui accompagnent ce programme. Les micro-crédits doivent être remboursés pour être recyclés. Seul le recyclage effectif des fonds assurera la pérennité des actions prévues dans le cadre de cette initiative et introduit en même temps l'esprit de responsabilité que véhicule la vision du gouvernement.Outre cette volonté politique exprimée par le gouvernement du président Boni Yayi, les institutions des micro-finances se sont fleuris toutes à azimutes sur le territoire béninois, couvrant toute la gamme des méthodologies généralement utilisées. Les services financiers comprennent généralement l'épargne et le crédit. Certaines institutions de micro-finance proposent également des services d'assurance et de paiement. Au-delà de leur fonction d'intermédiation financière, un grand nombre d'institutions de micro-finance jouent un rôle d'intermédiation sociale à travers le groupement de personnes, le renforcement de la confiance en soi, la formation dans le domaine financier et la gestion des compétences au sein d'un groupe. Pour Thibaut Assogba, le secteur béninois de la micro-finance s'est imposé au cours de ces dernières années par son volume d'activités, sa proximité des couches vulnérables cibles et la souplesse des conditions d'accès aux services, comme un outil adéquat de lutte contre la pauvreté. "Le développement de la micro-finance au Bénin, apparaît comme un véritable outil de lutte contre la pauvreté, car elle permet de toucher directement et à moindre coût ceux-là même qui de par la précarité de leur situation économique et sociale, se sentent exclus de la vie nationale", a-t-il indiqué. Pour cet enseignant chercheur en Economie, l'une des principales sources de la pauvreté au Bénin demeure l'insuffisance de mécanismes de financement adaptés aux activités et aux besoins des populations, dont une grande partie est exclue du financement bancaire classique "La pauvreté se manifeste sous diverses formes au Bénin : absence de revenu et de ressources productives suffisantes pour assurer des moyens d'existence viables. Globalement, la pauvreté touche plus de la moitié de la population béninoise", a-t-il déploré, regrettant l'exclusion de cette majorité de la population béninoise du financement bancaire classique, malgré l'existence d'une dizaine de banques commerciales qui jouent un important rôle dans la collecte de l'épargne.