Étudiante en 3e année de réalisation cinéma et télévision à l’Institut Supérieur des métiers de l’audiovisuel (Isma), Léila Adjé-Chabi s’est très tôt découvert une passion pour les make-up, en particulier les SFX (d’horreur). 22 ans révolus, cette jeune béninoise entend péréniser cet art. À travers cette interview, elle nous plonge dans l’univers du maquillage d’horreur.
Pourquoi avez-vous choisi de faire les maquillages SFX ?
Je suis dans le monde de l’audiovisuel en tant que réalisatrice, je voulais avoir une autre corde à mon arc. Un autre boulot qui va me permettre d’avoir une autonomie financière afin de réaliser mes films. Il se fait aussi que le marché est saturé en matière de maquilleurs. Donc, c’était assez compliqué pour moi de trouver des marchés en tant que réalisatrice, et je me suis dit pourquoi ne pas me tourner vers un truc extraordinaire, comme cela il n’y aura pas vraiment de concurrence et je pourrais me faire assez d’argent, c’est de là que je me suis tournée vers le make-up SFX.
Que peut-on comprendre par make-up SFX ?
Le make-up SFX est une illusion. C’est l’action de créer quelque chose là où il n’y en a pas et vice-versa. Le make-up SFX est un mirage, un mensonge. A défaut de prendre par After Effect, je pense que le make-up SFX est mieux car il a l’air naturel et vrai.
Qu’est-ce qui vous passionne dans ce type de maquillage ?
Ce qui me passionne dans ce type de maquillage est le fait de laisser parler son imagination. Le fait de ne pas pouvoir avoir le matériel qu’il faut et trouver quelque chose d’autre à sa place pour faire paraître son imagination. Aussi, suis-je comblée lorsqu’un réalisateur me demande quelque chose et que je lui donne plus qu’il n’en faut. C’est cela qui me passionne beaucoup plus sans oublier les remerciements et les récompenses que j’aurais.
D’où vous est venue l’idée de faire du make-up SFX ?
En faisant ce type de maquillage j’envisageais de pouvoir me faire de l’argent afin de l’utiliser pour mes tournages. Quand j’étais petite, avant de commencer l’Isma, je regardais des films d’horreur. En les suivant, j’ai remarqué que ces maquillages étaient comme des peintures, et j’arrivais à les distinguer très rapidement, ce qui n’est pas bon. A aucun moment, le maquillage ne doit être remarqué comme tel fait pour qu’on sente que c’est du maquillage et cela, il doit être tout simplement naturel.
Quels sont les outils qui entrent en ligne de compte dans la réalisation du make up SFX ?
Je n’ai pas d’outils spécifiques. Il y a beaucoup de choses comme le latex, les pinceaux et autres. Le fait de ne pas l’avoir constitué vraiment un obstacle parce qu’il faut chercher le matériel proposé par un autre afin de le remplacer.
Quels sont les films sur lesquels vous avez déjà travaillé en tant que maquilleuse SFX ?
J’ai eu à travailler sur beaucoup de films. Il s’agit de "3h d’horreur" de Céline Atcho, "Dankôli" de Samson Adjaho, "Boomerang" de Kismath Baguiri, "Haakil" ou "Conscience" de Gédéon Djogbénou et plein d’autres.
Quelles sont les difficultés que vous rencontrez ?
C’est difficile pour nous de trouver le matériel surtout lorsqu’il s’agit du latex liquide, de la fausse peau, du collodion ou liquide pour cicatrice, du faux sang pour les yeux et de la colle à postiche.
Quels sont vos projets ?
(Rires…) Je pense bien être entre deux avions. Mes projets sont beaucoup plus orientés vers la réalisation. Le maquillage est juste pour moi un tremplin, une manière de me faire de l’argent mais j’y découvre une passion.
Votre mot de la fin
Je vous remercie pour ce plaisir que vous me faites. Vous devez savoir que les maquilleurs ne sont pas trop visibles sur les plateaux de tournage. Si on peut penser à eux, ce serait bien. Je souhaite que ce secteur du cinéma soit repensé.
Propos recueillis par : Marina HOUNNOU (Coll.)
La rédaction