Lorsque les Forces cauris pour un Bénin émergent (Fbce) virent le jour en 2006 à l’avènement de l’actuel chef de l’Etat, beaucoup d’observateurs avertis avaient dit que c’est un conglomérat de partis politiques aux intérêts divergents à l’image de l’Union pour le Bénin du futur (Ubf), cette coalition qui avait soutenu à l’époque les actions du président Mathieu Kérékou. Mieux, d’aucuns ont affirmé que l’alliance vivra, le temps que durera au pouvoir Yayi Boni. Aujourd’hui, tout porte à le croire. Morceaux choisis.
Ca sent mauvais au sein des Fcbe. Beaucoup ne le savaient peut être pas. Mais fort heureusement, le 3ème congrès extraordinaire de l’Union pour le développement d’un Bénin nouveau (Udbn) dimanche dernier, a permis de voir le croupion du dindon. En tout cas, les aveugles ont vu ; pour ne pas dire que ceux qui ne le savaient pas ont entendu. La coupe était bien pleine, pour faire court. En effet, lorsqu’il s’est agi pour les partis politiques invités au congrès de prendre la parole, les délégués pour la plupart, ne sont pas allés du dos de la cuiller.
Au nom de Eugène Azatassou, coordonnateur national des Fcbe, Codjo Sodokin qui en est le secrétaire général ouvre le bal. Très serein, il dresse un sévère réquisitoire : « ...Mesdames, messieurs les invités, chers congressistes, le temps où se tient ce congrès extraordinaire n’est pas ordinaire.
C’est le temps où l’Alliance Fcbe, empêtrée dans l’inorganisation depuis la refondation en 2008, n’est jamais arrivée à s’imposer véritablement comme l’aile marchante du pouvoir en place. Nous ne sommes pas, en effet, parvenus à constituer un état-major uni autour de notre organisation-mère. Nous nous contentons de menus avantages glanés souvent individuellement....que d’ailleurs d’autres alliances et personnalités centrifuges concoctées à la hâte nous empêchent de conquérir ou de conserver.
C’est le temps de la guerre de leadership qui sévit dans presque toutes les localités entre les divers responsables de notre organisation. Des luttes internes qui plombent les activités statuaires il s’en suit, indéniablement des frustrations, des démotivations voire des départs. C’est le temps où, la gestion du pouvoir qui ne tient pas compte des forces politiques agissantes, ne permet pas la solidarité nécessaire entre les promus et leurs militants, la relation d’osmose qui doit exister entre l’exécutif et les organes dirigeants de l’alliance : aucune implication donc dans les nominations à des postes de responsabilité, l’attribution des marchés et autres dossiers de la nation.
Merci encore pour avoir organisé cette assise extraordinaire, car c’est lorsque les entités composantes seront fortes que l’alliance s’en sortira grandie, unie et l’architecture du pouvoir de refondation recentrée sur les forces cauris, notre emblème éternel. »
La pilule semble être amère, mais M.Sodokin a réussi à la faire avaler à l’assistance surtout aux thuriféraires du régime qui ont tendance à cacher cette plaie purulente, faisant croire à l’opinion que l’alliance se porte bien, c’est le mieux organisé de tous les regroupements politiques que le Bénin ait jamais connus. Bref ! Le Eldorado. Lorsque le secrétaire général de la coordination nationale des Fcbe crachait toute crue la vérité, certains bougeaient dans leur siège, d’aucuns se regardaient et du coup ça commence à chuchoter chez d’autres.
Pour beaucoup de membres appartenant à la coalition, il a mis les pieds dans le plat. On a peut être pas pris au sérieux les récriminations de Candide Azannai, président de Restaurer l’Espoir qui, se fondant sur ces problèmes d’inorganisation au sein des Fcbe, affirme que son parti ne fait pas partie de l’alliance mais plutôt de la majorité présidentielle. Pour nombre des personnes qui étaient présentes, c’est à ses habitudes ces envolées lyriques, ces genres de critiques. On le connaît pour ça et cela n’étonne guère. Mais le comble et la désillusion, c’est quand le président de l’Assemblée nationale, Mathurin Nago prit la parole au nom de la délégation de l’Ipd-Gamesu, membre des Fcbe.
Contre toute attente, Mathurin Nago, abonde dans le même sens que ses prédécesseurs : « … Fcbe est une alliance à consolider pour lui faire jouer pleinement son rôle d’accompagnement et d’appui du gouvernement. Ceci ne peut se réaliser sans une réelle organisation horizontale et verticale, sans une concentration qui évite une dispersion inutile, qui évite la création de partis et mouvements parallèles et fabrique des divisions affaiblissantes. Peut-on réaliser les objectifs, les ambitions politiques en créant des divisions ? Une clarification s’impose. Il est important de favoriser une restructuration, un rassemblement autour et avec l’alliance…L’émiettement constitue un grand danger pour l’alliance. ».
Et à la Députée Claudine Afiavi Prudencio, présidente de l’Udbn d’emboucher la trompète. Dans son mot de clôture des travaux du congrès de son parti, elle n’a pas manqué de s’indigner des maux qui minent l’alliance à laquelle appartient sa formation politique. « Nous sommes donc dans l’alliance Fcbe et nous y restons, mais restons vigilants pour sauvegarder nos intérêts quoi que cela coûte. Nous y restons pour y combattre les forces négatives, destructrices qui sont tapies dans cette alliance. Nous y restons pour exiger la réorganisation en profondeur de l’alliance… », a-t-elle déclaré.
D’autres faits illustratifs de la division
Au-delà de ces propos qui ne sont que des morceaux choisis, le fait est patent. Tenez ! Le congrès extraordinaire de par l’Udbn qui a eu lieu le dimanche 20 octobre 2013 au Palais des congrès a montré le vrai visage des Fcbe et la guerre de leadership qui prévaut entre certains acteurs de la majorité au pouvoir, dans certaines localités du pays. En effet, pour ceux qui étaient présents à cette manifestation, le lien est bien fait.
Absence remarquable et remarquée des membres du gouvernement dont le ministre Valentin Djènontin Agossou ; des conseillers politiques du chef de l’Etat notamment Alexandre Hountondji ; du maire d’Abomey-Calavi Patrice Hounsou Guèdè, qui partagent la même circonscription électorale que l’Honorable Prudencio. La liste n’est pas exhaustive. Les Fcbe, au regard de tout ce se dit et de tout ce qui s’y dit pourront-ils aller au-delà de 2016 ? Autrement, cette coalition pourra-t-il survivre après le départ de Yayi Boni du pouvoir le 06 avril 2016 ? La question reste posée.