En plus de ses énormes darses, ses impressionnantes grues et son grand volume, le Port d’Anvers en Belgique doit sa renommée mondiale à son confort et sa grande sécurité. Une descente au cœur de cette imposante infrastructure du 06 au 11 octobre 2018 révèle les nombreux atouts d’Anvers.
La sécurité est de mise au port d’Anvers, le 2ème plus grand port de l’Europe. Les douze mille soixante-sept (12.067) hectares qui abritent ce port au Sud de la capitale économique de la Belgique bénéficient d’une sécurité inédite. Le dispositif sécuritaire mis en place par les autorités portuaires ne favorise guère les filous. Même un crayon ne peut être volé. « Il y a des caméras un peu partout. Dès que tu voles quelque chose, on doit te prendre et tu es systématiquement renvoyé », affirme Marc Paelinck, Directeur des projets des ports de l’Afrique en partenariat avec le Port d’Anvers. Caméras de surveillance cachées et caméras visuelles de part et d’autre, le port d’Anvers n’est pas une passoire. « Sur les terminaux, le travail est exclusivement pour les dockers. Et si le docker vole un seul stylo et on le prend, il perd automatiquement sa licence », poursuit-il. Les entrées sont codées par un système ultramoderne et très efficace. En témoigne les propos de Marc Paelinck : « la sécurité est avant tout la raison d’être du Port d’Anvers car, sans sécurité, on ne peut rien. « L’accès au port d’Anvers, depuis quelques mois, devient plus contrôlé et cela va être renforcé dans les mois à venir », complète Marc Paelinck.
De l’entrée principale aux différents terminaux et quais en passant par la Direction générale, les sections de travaux et sociétés représentées au Port d’Anvers, les magasins et les parcs de vente de véhicules, des dispositifs ont été installés pour prévenir les atteintes à la sécurité sur la plateforme. C’est à l’aide des empreintes que les 142. 654 employés de la plateforme portuaire ouvrent les portes des différents compartiments de leurs structures. Toutefois, personne d’autre ne peut aller rendre visite ou travailler dans un autre atelier sans autorisation préalable. Pour les visiteurs de circonstance ou les clients, ils doivent préalablement se faire annoncer et préciser ce qu’ils désirent aller faire avant de se présenter à la guérite du port avec leur passeport.
Jamais des pirates
‘’Depuis la création du port d’Anvers, aucun cas de piraterie n’a été enregistré’’, confie le capitaine de tour de contrôle du port d’Anvers, Luc Devliegere. Selon ses propos, les pirates ne peuvent même pas tenter une attaque au regard des mesures sécuritaires en place. « Nous n’avons pas connu un tel cas et on n’en connaitra plus. Les pirates savent que nous sommes très performant en matière sécuritaire », a-t-il dit. Avec le dispositif en place, tout individu ou agent qui circule sur la plateforme portuaire, les lacs et lagunes dragués et même en haute mer est surveillé de très près. ‘’A la moindre incartade, tu seras interpellé ‘’, c’est pourquoi, aucun pirate n’ose s’approcher du port d’Anvers.
Le Port d’Anvers entend partager son expérience sécuritaire avec le port de Cotonou à travers sa politique de renforcement des capacités du personnel et des acteurs portuaires. Ce qui contribuera incontestablement à l’efficacité du poumon de l’économie nationale de notre port. Pour le Directeur général du port de Cotonou, Joris Thys, les réformes en court, à cet effet, en disent long. Pour lui, notre port sera mieux sécurisé qu’avant avec une technologie beaucoup plus vivante.
La sécurité du personnel du port d’Anvers
La sécurité du personnel du Port d’Anvers préoccupe davantage les autorités portuaires. « La question de la sécurité du personnel est une question indivisible dans une gestion. Par le passé, il y a un manque de sécurité à l’endroit du personnel. Mais très tôt, nous avons pris la mesure des choses et c’est une évidence de protéger les gens qui travaillent avec nous », a déclaré Marc Paelinck. Bien que la sécurité du personnel soit individuelle, les responsables du port d’Anvers dotent les agents (dockers, conducteurs de bus, d’engins, de grues et de machines etc..) de matériels adéquats (habits, gants, bottes, casques, cache-nez etc..) et les prennent en charge en cas de blessures.
A l’intérieur du port d’Anvers, se trouvent des zones rouges : une zone interdite aux marcheurs. Cent kilomètres de voies ferrées à l’intérieur du port d’Anvers sont reliés aux terminaux avec des feux tricolores scrupuleusement respectés. La sécurité à l’intérieur du port oblige les dockers à se déplacer à l’aide des bus vers leur lieu de travail et le restaurant.
Transfert de compétences d’Anvers à Cotonou assuré
Une priorité pour les autorités du port d’Anvers au port de Cotonou : le transfert des compétences. C’est le point principal de notre travail au Bénin, dira le directeur des projets Marc Paelinck. Nous allons faire beaucoup de formations aussi bien théoriques que pratiques parce que le Port d’Anvers et le port de Cotonou font exactement les mêmes choses. Vous verrez que dans les mois et années à venir, il y aura de grands échanges d’idées entre les dirigeants d’Anvers et ceux de Cotonou pour mieux assurer le transfert de compétences de manière pratique ».
Déclaration du Dg/Port Joris Thys
« On a des objectifs à court terme. Cela se traduit par l’organisation, l’attribution des responsabilités, l’entretien du port. Il y a beaucoup de choses qui ne sont pas bien faites. On va donc reprendre en main l’entretien dans le port. On va faciliter le contact commercial. On va entrer en discussion avec les clients, avec les usagers du port. On a travaillé sur le plan directeur que nous avons soumis au gouvernement. Cela concerne l’investissement à moyen terme.
Maintenant, on peut commencer par travailler sur l’ingénierie de tout ce projet d’expansion. Il s’agira de préparer le cahier de charges, de lancer l’appel d’offres, de sélectionner le constructeur. Si tout va bien, à la fin de l’année prochaine, nous serons en pleine construction ».
Entretien avec le Directeur des Projets des Ports de l’Afrique en partenariat avec le Port d’Anvers, Marc Paelinck : « L’accès au port de Cotonou devient plus contrôlé et sera plus renforcé dans les mois à venir »
Le Port d’Anvers est l’une des plus grandes infrastructures portuaires du monde, un modèle duquel le Bénin s’inspire pour améliorer la compétitivité du Port de Cotonou. A travers cette interview, Marc Paelinck, Directeur des Projets des Ports de l’Afrique en partenariat avec le Port d’Anvers expose les mécanismes mis en place pour assurer le transfert de compétences et faire du Port de Cotonou, l’un des plus modernes de la sous-région.
Nous venons de visiter l’infrastructure portuaire d’Anvers. Quels sont les grands dispositifs que vous souhaitez transposer au Port autonome de Cotonou ?
C’est déjà la méthodologie de gérer le port, en tenant compte des besoins du marché. La première phase est focalisée sur le dialogue avec la clientèle portuaire. Nous voulons comprendre leurs besoins dans le futur et les intégrer à notre plan d’adaptation à court terme.
Je peux avouer déjà que les clients sont confiants, au regard de notre mode de gestion du port de Cotonou, de la transparence dans les discussions sur les sujets spécifiques.
Est-ce que vous intervenez aussi dans le domaine sécuritaire au Port autonome de Cotonou ?
La question de la sécurité du personnel est une question indivisible dans une gestion. Par le passé, il y a eu un manque de sécurité à l’endroit du personnel. On a pris la mesure de la situation à court terme. Pour nous, c’est une évidence de protéger les gens qui travaillent avec nous. L’accès au port de Cotonou, depuis quelques mois, devient plus contrôlé et cela va être renforcé dans les mois à venir.
Il y a des milliers de dockers qui travaillent et on n’est pas en contact avec eux. Cela sera-t-il pareil à Cotonou ?
L’organisation n’est pas tout à fait différente. Notre rôle en tant qu’autorité portuaire, c’est que nous n’avons pas de relation directe avec les dockers, parce qu’ils sont employés par les entreprises portuaires. Néanmoins, il y a la plateforme portuaire qui joue un rôle très important. Ce sont tous les acteurs du port qui doivent travailler ensemble pour la réputation du port et pour l’accroissement du potentiel.
Le transfert des compétences est-il également prévu dans vos projets ?
C’est le point principal de notre travail au Bénin. Nous allons faire beaucoup de formations aussi bien théoriques que pratiques. Parce que le Port d’Anvers est le grand-frère du port de Cotonou. On fait exactement les mêmes choses. Donc, nous allons montrer aux acteurs portuaires béninois comment le faire. Vous verrez que dans les mois et années à venir, il y aura des échanges d’idées entre les dirigeants d’Anvers et ceux de Cotonou pour mieux assurer le transfert des compétences de manière pratique.
Quelles sont vos ambitions pour le Port de Cotonou ?
Notre plan, c’est d’abord de jouer sur les atouts naturels du Port de Cotonou pour l’hinterland, c’est-à-dire, la situation géographique du Port. Si on joue sur nos atouts et qu’on élimine les blocages sur la chaîne logistique, il y aura du trafic additionnel qui viendra automatiquement. Si on élimine les blocages, il y aura un flux naturel qui va être attiré vers notre port.
Adrien TCHOMAKOU, envoyé spécial au port d’Anvers (Belgique)