Le Bénin, à l’instar de la plupart des pays africains, est confronté aux effets pervers des changements climatiques. En vue de l’adoption des mesures d’adaptation, il a été initié le Projet d’Appui Scientifique aux processus de Plans Nationaux d’Adaptation (PAS-PNA). Ce projet accompagne le processus d’élaboration et de mise en œuvre du Plan National d’Adaptation dans les pays francophones les moins avancés (PMA) en Afrique sub-saharienne, notamment au Bénin, au Burkina-Faso et au Sénégal. Mandaté par le Ministère fédéral de l’Environnement, de la Protection de la Nature et de la Sûreté Nucléaire (BMU), ledit projet est mis en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH.
Le nouveau rapport du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) publié le 8 octobre révèle que le réchauffement planétaire de 1°C est déjà bien réel. Les conséquences et impacts sur les économies et les sociétés sont aussi déjà tangibles. La communauté internationale avait décidé d’arrêter le réchauffement climatique à 2°C, mais compte tenu des conséquences déjà énormes et irréversibles qui surviendront, le rapport exhorte la communauté internationale à limiter le réchauffement à 1,5°C. Car avec 1,5°C les conséquences peuvent être réduites mais pas arrêtées.
Pour un pays comme le Bénin, cela voudra dire que les conséquences des changements climatiques vont s’accentuer. Actuellement, les effets des changements climatiques sur l’agriculture constituent l’une des deux principales menaces pour les projections de croissance économique du Bénin selon la Banque Africaine de Développement (BAD). Il ne s’agit plus de s’attendre seulement à des conséquences graves mais aussi des conséquences très graves sur l’économie béninoise. « Il urge de planifier l’adaptation aux changements climatiques en se basant sur des résultats scientifiques robustes », explique la Chargée du projet PAS-PNA, Mme Nele Buenner.
Mandaté par le Ministère fédéral de l’Environnement, de la Protection de la Nature et de la Sûreté Nucléaire (BMU) et mis en œuvre par la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, le Projet d’Appui Scientifique aux processus de Plans Nationaux d’Adaptation (PNA) dans les pays francophones les moins avancés d’Afrique subsaharienne (PAS-PNA) vise à accompagner les pays bénéficiaires notamment le Bénin, le Burkina Faso et le Sénégal à gérer leurs processus PNA. Prévu pour durer de 2016 à 2019. Le projet offre un appui continu à la formulation, la mise en œuvre et le suivi et évaluation du processus PNA. Sur le long terme, le projet contribue à améliorer les capacités d’adaptation des trois pays cibles. Dans le cadre de leurs processus PNA respectifs, des stratégies d’adaptation efficaces et pertinentes sont soutenues dans les secteurs les plus vulnérables. Pour ce faire, les structures publiques appropriées sont outillées pour mieux exploiter les informations scientifiques sur le climat dans le processus d’élaboration des politiques.
Pourquoi le PAS-PNA ?
Les risques liés aux changements climatiques sont considérables, en particulier pour les pays les moins avancés (PMA) d’Afrique subsaharienne, alors que les conditions de vie sont déjà difficiles dans la plupart de ces pays. La récurrence des sécheresses, des vagues de chaleur, des tempêtes et des inondations notamment que connaissent ces pays compromettent davantage la réalisation de certains objectifs de développement. « Malgré des actions pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, les effets des changements climatiques sont déjà tangibles », a laissé entendre la chargée de projet. « L’adaptation à court, moyen et long termes nécessite des structures de gouvernance efficaces, des informations scientifiquement fondées sur les risques climatiques concrets, et des moyens pour mettre en œuvre les options d’adaptation », poursuivra-t-elle. Par ailleurs, lors de la Conférence de Cancun sur le climat en 2010, les Etats parties se sont accordés sur le processus de Plans Nationaux d’Adaptation (PNA) pour réduire la vulnérabilité aux changements climatiques et intégrer l’adaptation dans les processus et stratégies de planification du développement. L’Accord de Paris sur le climat conclu en 2015 a confirmé que le processus PNA est essentiel pour les efforts d’adaptation consentis par les pays en développement. Certes, le processus PNA initié au niveau international donne aux PMA d’Afrique subsaharienne l’opportunité de réagir d’anticiper sur les menaces climatiques. Toutefois, les capacités et les structures de gouvernance indispensables font défaut pour donner aux processus PNA un fondement et une assise politique solide. En plus, les processus PNA sont considérés comme une opportunité pour promouvoir le financement climat, tant au niveau national qu’international. En outre, la majorité des informations sur les changements climatiques et plus particulièrement sur l’adaptation n’est disponible qu’en anglais. Les pays francophones de la région manquent ainsi d’accès aux informations. Ainsi, le besoin de soutien dans les pays concernés par ce projet est très élevé.
Principaux partenaires de mise en œuvre
Le projet PAS-PNA accompagne les pays à gérer leurs processus PNA. Le Bénin, le Burkina Faso et le Sénégal sont les trois pays cibles dans lesquels le projet offre un appui continu à la formulation, la mise en œuvre et le suivi et évaluation du processus PNA. Les principaux partenaires du projet sont les ministères en charge de la politique en matière de changement climatique : le Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable (MCVDD) au Bénin, le Ministère de l’Environnement, de l’Économie Verte et du Changement Climatique (MEEVCC) au Burkina Faso et le Ministère de l’Environnement et du Développement Durable (MEDD) au Sénégal. Le projet est mis en œuvre en coopération avec l’institut de recherche Climate Analytics GmbH et au Bénin avec le Centre de Partenariat et d’Expertise pour le Développement Durable (CePED), une structure qui est sous la tutelle du Ministère du Plan et du Développement (MPD). Néanmoins, étant donné que la thématique touche beaucoup d’autres acteurs, le projet collabore aussi avec des ministères centraux et sectoriels, et un grand groupe de scientifiques.
Approche du projet
Dans le cadre de leurs processus PNA respectifs, des stratégies d’adaptation efficaces et pertinentes seront soutenues dans les secteurs les plus vulnérables. Pour ce faire, les structures publiques appropriées sont outillées pour mieux exploiter les informations scientifiques sur le climat dans le processus d’élaboration des politiques. Pour faire progresser le processus PNA, le projet mobilise des acteurs de l’Etat, de la société civile, du secteur privé et de la communauté scientifique. Des activités telles que le conseil organisationnel et stratégique, la formation technique, l’analyse scientifique et la facilitation de l’apprentissage sont menées dans les quatre champs d’action du projet à savoir : le renforcement de la capacité scientifique pour la planification, la programmation de mesures d’adaptation, le renforcement du cadre de gouvernance du processus PNA et la facilitation de l’accès au financement de mesures d’adaptation prioritaires et le réseau d’échange entre pairs de la sous-région sur le processus PNA.
Des effets induits
Le PAS-PNA a permis l’amélioration des capacités d’adaptation des trois pays cibles et ce, à travers des réalisations tangibles.
Analyse de la situation actuelle
Comme base pour le processus PNA, une analyse du système de planification et de budgétisation des politiques et stratégies nationales et sectorielles au Bénin et au Sénégal a été faite. Les résultats servent pour l’identification des points d’entrée pour l’intégration de l’adaptation dans les différentes politiques et stratégies. L’élaboration de politiques et stratégies d’adaptation efficaces nécessite de s’appuyer sur des données scientifiques fiables et pertinentes. Pour y parvenir, au début du projet une étude a examiné l’utilisation de l’information et des données relatives aux impacts des changements climatiques et à l’adaptation dans le processus d’élaboration des stratégies politiques. L’état des lieux a montré qu’au Bénin au moment de l’analyse seul le secteur des ressources en eau a intégré de manière plus complète les thématiques des changements climatiques dans le Plan National de Gestion Intégrée des Ressources en Eau (PANGIRE). Au Bénin et au Sénégal, des recensements des avant-projets d’adaptation pour l’accès au financement international climat ont été effectués. Les analyses ont révélé des lacunes notamment dans la démonstration de l’évidence scientifique du rôle avéré des propositions de financement. Le projet soutient les partenaires pour prendre en compte ces aspects dans le processus d’élaboration des nouvelles propositions de projets d’adaptation aux changements climatiques.
Renforcement de la capacité scientifique
Des états des lieux sur les connaissances scientifiques nationales et sur l’intégration des changements climatiques dans les politiques et stratégies nationales, sectorielles et locales ont été réalisés au Bénin et au Sénégal. Trois secteurs prioritaires ont été identifiés dans chaque pays, pour lesquels des études de vulnérabilité approfondies sont en cours de réalisation. La méthodologie de ces études a été co-développée et est mise en œuvre avec les structures scientifiques nationales pour bénéficier d’une « apprentissage par la pratique » et former un pôle des experts nationaux outillés à réaliser d’autres études de haute qualité. Au Bénin 28 chercheurs nationaux de huit institutions de recherche sont impliqués dans les études. Des chaînes d’impacts vont être développées pour évaluer la vulnérabilité actuelle et future et permettront d’identifier des options d’adaptation. Trois Groupes Thématiques de recherche ont été formés pour la conduite des études dans les trois secteurs spécifiques identifiés dans chaque pays. Chaque groupe est accompagné par un collège de professeurs renommés et un comité de suivi composé de décideurs politiques, de collectivités locales, de représentants de la société civile et du secteur privé. Cette approche participative permet en particulier aux représentants des différentes structures d’acquérir des connaissances plus approfondies par rapport à la réalisation de telles analyses scientifiques et à l’utilisation de leurs résultats dans la programmation politique.
Intégration de l’adaptation dans la planification politique
Dans le cadre du projet, différents secteurs des pays cibles sont soutenus dans le processus d’intégration de l’adaptation dans la planification. Au Bénin, le Ministère de la Santé a élaboré le premier Plan National de Développement Sanitaire (PNDS) climato-sensible. A l’initiative de leur Cellule Environnementale, et avec le soutien du projet, du Ministère du Cadre de Vie et du Développement Durable (MCVDD) et des experts scientifiques en santé et changements climatiques, les aléas climatiques qui impactent la programmation du PNDS ont été identifiés et des mesures d’adaptation ont été intégrées. En outre, les coûts additionnels des mesures d’adaptation ont été calculés pour l’intégration dans le budget du PNDS et des indicateurs pour le suivi et évaluation ont été élaborés. Cette expérience peut servir comme référence pour les autres secteurs et permettra un meilleur partage de connaissances et d‘expériences entre les divers ministères concernés par les questions relatives aux changements climatiques.
Le Ministère du Plan et du Développement (MPD) au Bénin a intégré les aspects liés à l’adaptation aux changements climatiques dans la Note Analytique du Programme de Développement 2018-2019 qui accompagne la loi de finance. Le MPD a intégré les défis liés aux changements climatiques dans deux sous-chapitres et souligné l’importance du processus PNA pour le développement du pays. Le PAS-PNA, en partenariat avec le projet Appui Conseil Macro-Economique pour la Réduction de la Pauvreté dans le contexte de l’Agenda 2030 (ACMERP 2030) et le MCVDD ont soutenu le MPD dans l’intégration de ces points. Plusieurs autres activités sont en cours pour doter le Bénin d’un Plan National d’Adaptation robuste et pour véritablement prendre en compte les impacts néfastes des changements climatiques dans la programmation du développement du pays afin de pouvoir répondre à la fois aux besoins de sécuriser les efforts du développement du pays et d’améliorer sa résilience.
L’échange entre les pays cibles et autres pays est un aspect important pour l’apprentissage entre pairs. Ainsi le projet organise des séances d’échange en français, comme les Fora Francophones ou des « webinaires » (séminaires en ligne) où les cas pratiques et expériences de différents pays sont présentés. Récemment, en août 2018, le Bénin a accueilli 10 autres pays pour apprendre comment communiquer stratégiquement sur l’adaptation aux changements climatiques et comment intégrer les aspects du climat dans la budgétisation.