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La révolution numérique, un atout pour relever les défis du 21ème siècle pour la jeunesse africaine : La consultation gratuite de Yayi Boni

Publié le mercredi 31 octobre 2018  |  Matin libre
L’école
© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
L’école de formation des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) lancée par le président d`honneur du Parti l`ancien président de la république le docteur Thomas Boni Yayi
Abomey Calavi le samedi 26 Mai 2018. Les FCBE lancent leur école politique
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Personne n’ignore son penchant pour la jeunesse de son pays et celle du continent africain. Même hors des affaires, l’ancien président de la République, Yayi Boni en fait sa préoccupation. La preuve, dans une réflexion assimilable à une consultation qui tient lieu de contribution à une préoccupation majeure, il établit le lien entre révolution numérique et jeunesse africaine en ce 21è siècle. « La révolution numérique, un atout pour relever les défis du 21ème siècle pour la jeunesse africaine », tel est l’intitulé de sa réflexion publiée sur sa page Facebook, et dans laquelle il trace des pistes de solutions et invite gouvernants et gouvernés à agir dès maintenant. Lire l’intégralité de la Tribune.

« Les trois premières révolutions industrielles se sont déroulées sans l’Afrique et cela a accentué le retard de notre continent au niveau mondial. Nous sommes aujourd’hui à l’orée de la quatrième révolution industrielle et je pense que toutes les forces vives de l’Afrique doivent se mobiliser pour que nous ne rations pas ce nouveau tournant de l’histoire.

Lors de la première révolution industrielle démarrée à la fin du 18ième siècle, l’invention de la machine à vapeur et l’extraction massive de charbon ont permis de mécaniser la production et de développer les réseaux ferroviaires. La seconde révolution industrielle, démarrée à la fin du 19ième siècle avec l’invention du moteur à explosion ainsi que l’arrivée de l’électricité, du gaz et du pétrole, a permis de créer la production de masse. La troisième révolution industrielle, démarrée à la fin du 20ième siècle avec l’avènement du nucléaire et de l’électronique, va permettre la miniaturisation et l’automatisation de la production. La quatrième révolution que nous sommes sur le point de vivre est celle du numérique, et personne ne peut encore à ce jour en prédire la portée et l’impact exact. Mais tous les signaux montrent déjà que cette dernière révolution bouleversera nos vies encore plus que les trois premières.

Je crois que nous devons prendre conscience que nous sommes à un moment charnière de notre histoire et nous donner toutes les chances d’être acteur de cette révolution et non simplement de la subir. Le développement récent des télécommunications en Afrique montre que nous pouvons être pionnier en technologie. En effet, l’exemple de l’essor du « mobile money » qui est d’abord un succès africain et qui inspire aujourd’hui des opérateurs internationaux de télécommunications qui se lancent dans le monde bancaire démontre qu’en matière de technologie l’Afrique peut être en avance sur les autres continents.

Je pense que nous devons agir à quatre niveaux pour réussir la révolution du numérique en Afrique.

Nous devons tout d’abord agir sur notre système éducatif. Nous devons procéder à une refonte profonde de nos programmes scolaires pour y intégrer l’enseignement du numérique dans toutes ses formes. Nos enfants, dès leur plus jeune âge, doivent être armés pour faire face aux enjeux du numérique et doivent être capables de porter le futur numérique de l’Afrique. Au lieu que notre système éducatif soit presqu’exclusivement inspiré de l’occident, pour ne pas utiliser le terme numérique approprié qui serait de dire du « copier-coller », nous devons innover dans le domaine de l’enseignement du numérique et nous devons aller plus loin que l’occident car il s’agit pour nous de rattraper notre retard.

Notre deuxième niveau d’action doit être sur l’entreprenariat des jeunes. Nous devons encourager et soutenir nos jeunes qui créent des sociétés, des startups dans le numérique. Des initiatives existent aujourd’hui dans plusieurs pays africains, mais sans remettre en cause les efforts qui sont faits, je crois humblement que nous n’en faisons pas encore assez au vu des enjeux. Nous devons investir massivement dans les mécanismes qui permettront à nos jeunes les plus innovants de se concentrer sur l’innovation avec la mise en place d’incubateurs pour les aider dans les différentes tâches administratives. Nous devons créer des fonds disposant de ressources importantes pour supporter financièrement nos startups. Nous devons lancer des compétitions nationales, régionales et africaines sur l’innovation pour stimuler la recherche de l’innovation chez nos jeunes.

Ensuite, je crois que nous devons travailler à la transformation digitale de nos administrations, d’une part pour améliorer leur productivité, et d’autre part pour faciliter et rendre transparente les interactions avec nos citoyens. Ce processus de transformation digitale qui permettra de lutter efficacement contre la corruption offrira aussi d’énormes opportunités à nos entrepreneurs jeunes qui devront être priorisés dans certains appels d’offre afin de soutenir la croissance des sociétés africaines du numérique.

Enfin nous devons nous engager fortement pour l’accès à l’internet pour tous. Accéder à l’internet est un prérequis sans lequel il n’est possible d’envisager une action sérieuse pour le développement du numérique en Afrique. Je crois que des actions urgentes doivent être prises pour augmenter la pénétration de l’internet dans nos pays : les cahiers des charges des opérateurs de télécommunications doivent être revus pour demander à ces derniers d’aller plus loin et plus vite en matière de couverture internet (technologie 3G, 4G et bientôt 5G). Les terminaux d’accès à l’internet (Smartphones, tablettes, ordinateurs, etc.) doivent bénéficier d’une fiscalité spéciale, notamment il faudra envisager une exonération totale ou partielle sur ces terminaux. Les gouvernements doivent chercher des voies et moyens pour réduire les coûts d’accès à l’internet aux populations. A ce titre, je pense qu’il doit être demandé aux autorités de régulations de nos différents pays d’engager des discussions avec les opérateurs de télécommunications pour identifier les solutions appropriées pour cette réduction de coût. Aussi, les Etats doivent, dans certains cas, subventionner l’accès à l’internet et aux terminaux pour les populations les plus défavorisées.

Chers Africains, la révolution numérique ou révolution 4.0 est déjà à nos pieds, agissons dès maintenant ! »



Dr Thomas Boni YAYI

Ancien Président du Bénin

Ancien Président de la conférence des chefs

d’Etat et de Gouvernement de l’Union Africaine
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