PARIS - La cour d’appel de Paris dira le 4 décembre si l’homme d’affaires Patrice Talon peut être extradé au Bénin, où il est accusé d’avoir ourdi un plan pour éliminer le président Thomas Boni Yayi, mais le parquet général a émis un avis défavorable.
Ancien proche du président béninois élu en 2006 et réélu en 2011, Patrice Talon avait été arrêté à Paris début décembre 2012, puis laissé libre sous contrôle judiciaire, alors qu’il faisait l’objet d’un mandat d’arrêt international lancé par Cotonou.
Fin octobre 2012, les autorités béninoises avait accusé cet homme d’affaires de 55 ans, longtemps incontournable dans son pays, notamment dans le secteur clé du coton, d’avoir fomenté depuis l’étranger un complot pour empoisonner Thomas Boni Yayi et l’éliminer de la vie politique. A l’époque, il était déjà poursuivi au Bénin dans des affaires de malversations économiques.
Plusieurs proches du président, dont son médecin personnel, sa nièce et gouvernante et l’ancien ministre du Commerce avaient été arrêtés en octobre 2012 et sont toujours détenus au Bénin. Ils ont pourtant bénéficié d’un non lieu, confirmé par la cour d’appel de Cotonou, mais le Bénin s’est pourvu en cassation et son recours a été suspensif.
A l’audience de mercredi, l’avocat général a émis un avis défavorable à l’extradition, jugeant le dossier "absolument (...) pas complet". Il a également fait valoir la mésaventure survenue au juge d’instruction béninois Angelo Houssou, qui a ordonné le premier non lieu général le 17 mai. Le magistrat avait été arrêté le même jour, "comme un malfaiteur", alors qu’il tentait de franchir la frontière nigériane, a déclaré l’avocat général.
Pour le parquet général de Paris, le manque d’informations transmises par le Bénin sur cet incident, "qui n’arrive pas tous les jours", fait peser un doute sur le caractère équitable de la justice.
De plus, le parquet général a noté que le mandat d’arrêt visant Patrice
Talon a été maintenu, du seul fait d’un appel interjeté par le parquet béninois, alors que le juge d’instruction ordonnait sa levée dans sa décision de non-lieu.