Crédit de confiance épuisé, divorce acté. A l’hôtel de ville de Cotonou, entre le maire intérimaire, Isidore Gnonlonfoun et la majorité du Conseil municipal, c’est la lune de fiel. Et dans un rapport de force manifestement défavorable au successeur de Léhady Soglo, au préfet Modeste Toboula, les frondeurs réclament, à son encontre, l’organisation d’un vote de défiance. Ainsi donc, conformément aux textes qui régissent la décentralisation, le fauteuil sur lequel est assis le maire Isidore Gnonlonfoun ne repose plus sur ses quatre pieds. Même pas deux. D’ailleurs quand, par exemple, une trentaine de conseillers sur une cinquantaine retirent à un maire leur confiance, en principe, le sort de celui-ci ne tient plus qu’à un fil.
A Cotonou, il est si fragile, que le maire Isidore Gnonlonfoun devrait s’attendre, après un intérim qui n’a fait que trop durer, que sa légitimité, sa capacité, voire même sa compétence finiraient, un jour ou l’autre, par être remise en cause. Et ça n’a pas raté. Après plus d’un an de gestion de la capitale économique du Bénin, il est apparu aux yeux de ses administrés que, jusqu’ici, l’étoffe de super maire de Cotonou était trop grand pour l’ancien ministre de Boni Yayi. D’ailleurs, pour un Conseil municipal à jamais marqué par le passage du président ‘‘Hercule’’ Nicéphore Soglo, il est clair qu’il sera attendu des différents maires de Cotonou, une certaine carrure et une aura à toute épreuve. Mais là, difficile d’affirmer que face à ces exigences, Isidore Gnonlonfoun est le meilleur profil. Et forcément, ce qui, d’un jour à l’autre, devrait arriver, n’est plus loin. Du moins, au vu des textes qui organisent la décentralisation, notamment l’article 53 de la loi N°97-023 du 15 Janvier 1999, à Cotonou, le maire intérimaire n’a plus son destin en main.
Maintenant, sans hypocrisie aucune, c’est l’heure de tourner la page des marionnettes et de rêver plus grand pour un imposant fauteuil à pleinement occuper à Cotonou. Car, ne dirige pas cette municipalité stratégique qui veut, mais qui peut. Tout ceci, à cause non seulement de toute la lumière qui est braquée sur vous mais aussi et surtout du travail qui est attendu de vous. Sinon, avec l’avènement de la décentralisation, les Cotonois ont toujours pensé qu’il suffit de trouver l’oiseau rare pour diriger leur ville pour définitivement sonner le glas des récurrentes inondations, des déchets ménagers qui jonchent les grandes artères, des feux qui ne sont plus tricolores et de la pollution environnementale.
D’où, cette mémorable bataille menée par la Rb contre le régime Kérékou pour le transfert des compétences. Certes, l’eau a coulé sous le pont mais, toujours est-il que diriger Cotonou n’est pas un jeu mais un enjeu qui nécessite d’un développeur, une vision claire et plus de dynamisme pour saisir des opportunités d’investissement au profit de la municipalité.
En définitive, à l’hôtel de ville de Cotonou où la réflexion pour relever les défis de l’heure doit être de mise, la sérénité a déserté le forum. Sans une clarification dans un bref délai, la situation risque d’être tendue et certainement invivable. Alors, si nous sommes effectivement tous d’accord que le développement de Cotonou a besoin d’un nouveau souffle, tirons donc les conclusions qui s’imposent et tournons la page de l’immobilité. C’est une urgence.
Angelo DOSSOUMOU