Le Front républicain du Bénin (Frb) traverse des zones de turbulence. Marcel de Souza, le président et Chantal de Souza épouse Yayi, la présidente d’honneur semblent être divisés quant à l’orientation politique à donner audit regroupement. L’ancien ministre Marcel de Souza a récemment fait inscrire le parti dans l’un des blocs de la mouvance présidentielle et confirme ainsi sa volonté d’aller vers le pouvoir affichée depuis les législatives de 2015.
Le bloc progressiste a accueilli le dimanche dernier un nouveau membre. Il s’agit du Frb présidé par l’ancien président de la Commission de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’ouest (Cedeao). Un parti qui milite désormais ouvertement au sein de la mouvance présidentielle. Mais il peut s’agir seulement d’une partie de la formation politique qui a décidé de soutenir les actions de Patrice Talon. Car, le 30 octobre 2018, quelques jours donc avant la rencontre ayant consacré cette orientation politique, la présidente d’honneur du Frb, l’ancienne première dame Chantal Yayi avait publié un communiqué pour dénoncer les objectifs de la réunion qui se préparait. « Un groupuscule de militants de dernières heures, avides de participer aux festins de la rupture, conduit par Monsieur Bonnaventure Dossou-Yovo, s’emploie à vilipender le président Boni Yayi et fouler au pied le capital de confiance et de loyauté que notre parti a acquis aux prix de nombreux sacrifices. En ma qualité de Présidente d’honneur et principale fondatrice du parti en ces moments de trouble et de grand questionnement, je vous invite au calme et à la sérénité », avait-elle fustigé. Et de poursuivre : « Dans les semaines à venir, je ferai convoquer, sous la responsabilité du Président du bureau politique, une réunion extraordinaire dont le seul objet sera l’examen des engagements pris par certains membres du parti contrairement aux textes, statuts et règlements du parti». Chantal Yayi semble visiblement ne pas viser son frère aîné. Mais à y voir de près, Marcel de Souza est informé de la dernière décision du Frb, ex Front républicain pour une alternative patriotique (Frap). Il est peut-être à la base de la manœuvre en cours. En effet, ancien ministre de Yayi Boni, il avait contesté la candidature de Lionel Zinsou en 2016. Il avait remis en cause la légitimité reconnue à ce dernier pour porter les aspirations des militants des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe). Marcel de Souza avait d’ailleurs soutenu le candidat Patrice Talon au second tour de la présidentielle de 2016. Un soutien qui lui a permis de garder pendant un temps son poste de président de la Commission de la Cedeao ; un poste qui lui avait été gracieusement offert par Yayi Boni. Le président du parti Frb avait, soulignons-le, commencéà prendre des libertés avec la ligne politique du parti depuis 2015 lors de l’élection du président de l’Assemblée nationale. En effet, beaucoup lui reprochaient de n’avoir pas respecté, alors qu’il était député, les consignes données par l’ancienne majorité au pouvoir au cours de la bataille qui avait opposé Adrien Houngbédji à Komi Koutché. Cette attitude du président qui met en difficulté le parti continue de s’observer. Et plusieurs observateurs confient que l’initiative du dimanche dernier ne se serait pas concrétisée si Marcel de Souza n’avait pas donné sa caution. Il en serait l’instigateur principal. Tout porte à croire que l’ancien ministre du développement livrerait indirectement avec sa sœur, naturellement membre de l’opposition politique, un combat pour le contrôle du parti. Il continuerait donc de mettre en œuvre sa stratégie de la division afin de survivre politiquement.