Jean-Yves Le Drian, un an plutôt avait souligné lors de la quatrième édition du forum « Paix et Sécurité » de Dakar que les Etats africains devraient intégrer dans leur gouvernance la nécessité de « renforcer leurs capacités à exercer leur souveraineté sur le cyberespace ». La territorialité prend dès lors une définition géographiquement stratégique pour conforter Halbwachs qui observait déjà en 1938 que « tout se passe comme si la pensée d’un groupe ne pouvait naître, survivre, et devenir consciente d’elle même sans s’appuyer sur certaines formes visibles de l’espace ». Exercer une souveraineté sur le cyberespace, c’est actualiser Retaillé dans sa définition du territoire, « une forme spatiale de la société qui permet de réduire les distances à l’intérieur et d’établir une distance infinie avec l’extérieur, par-delà les frontières ? ». L’espace géographique se réduit et se rétrécit par la technologie. D’où le pont à établir avec Pierre Lévy, l’auteur de L’Intelligence collective a su donner une définition consensuelle, laquelle donne une anthropologie du cyberespace : « le cyberespace désigne l’univers des réseaux numériques comme lieu de rencontres et d’aventures, enjeu de conflits mondiaux, nouvelle frontière économique et culturelle. […] Le cyberespace désigne moins les nouveaux supports de l’information que les modes originaux de création, de navigation dans la connaissance et de relation sociale qu’ils permettent ». Il ya donc un enjeu dans la gouvernance africaine du cyberespace (1) dont la mise en service de, l’Ecole régionale de cybersécurité de Dakar est un évènement majeur (2)
1. La gouvernance africaine du cyberespace
Le 5e Forum de Dakar qui s’est achevé le 6 novembre 2018 a su démontrer la pertinence de l’enjeu de la cybersécurité. Le Constat est que les terroristes ont évolué dans leurs approches. Et pour cause, la recrudescence des attaques terroristes au Mali et au Burkina Faso prouve que la gestion de l’information est à rude épreuve.
Le Cyberespace, en raison de sa nature au carrefour des frontières a de façon indiscutable les germes de l’internationalité. C’est pourquoi, le Conseil de l’Entente, tel un visionnaire a déjà anticipé dans la conception d’un mécanisme d’entente de renseignements de toutes natures. La gouvernance du cyberespace passe par la définition de politiques publiques du monde réel au monde virtuel. Il s’agit surtout de ne pas subir Internet. Voilà pourquoi les Etats pourraient bien harmoniser des législations nationales sur les TIC. Pourquoi ne pas imaginer un « cyberdroit »africain plus conforme avec les réalités ? Ce peut être un excellent bon début avec l’école de cybersécurité de Dakar.
2. L’inauguration de l’Ecole de cybersécurité
C’est fait. L’Ecole de cybersécurité a été inaugurée à Dakar. Son inauguration a été effective à Dakar ce 6 novembre 2018 par les ministres des Affaires étrangères du Sénégal et de la France. L’Ecole nationale de cybersécurité à vocation régionale (ENCVR), sise dans les locaux de l’Ecole nationale d’administration de Dakar, aura pour mission de « former et de sensibiliser les agents de l’Etat » du Sénégal et de la région à la « protection du secret, la sécurité des systèmes d’information et de cybersécurité ». Trois matières sont à retenir. Il s’agit de la confidentialité et la sécurité des données. A quoi sert de mettre un arsenal puissant dans des mains peu expertes et poussées vers le bavardage ? Il est important, avant toutes choses de former les auditeurs au sens de l’Etat. L’Etat est plus fort que les individus. Rien de grand ne peut se construire dans le bavardage intempestif et la désinvolture.