(Le gouvernement accusé de n’avoir pas débloqué les fonds)
Le gouvernement et son chef n’ont pas encore trouvé les bonnes solutions pour contribuer à la correction de la Liste électorale permanente informatisée (Lépi). Depuis la rencontre du lundi 14 octobre dernier, lors de laquelle le Conseil d’orientation et de supervision (Cos) de l’actualisation a reçu l’ordre de revoir son chronogramme, le moindre copeck n’a été débloqué jusque-là par l’Exécutif, apprend-on. Ce qui trahit la volonté de Yayi d’organiser les Communales à la fin de l’année.
Le 28 octobre prochain, le gouvernement, les présidents d’institutions et les membres du Cos-Lépi devraient normalement se revoir au sujet de la correction de la liste électorale selon les injonctions données par le Chef de l’Etat, à la rencontre du lundi 14 octobre au palais de la Marina. Ce sera selon le bon vouloir de Yayi Boni pour étudier les propositions du Cos-Lépi afin que l’outil électoral soit disponible avant la fin de l’année et qu’on organise dans la même période les élections municipales, communales et locales. Mais visiblement, le gouvernement ne veut pas d’une Lépi crédible qui épargne au Bénin le pire. Depuis cette rencontre houleuse, il n’a montré aucune volonté d’œuvrer pour la correction de ladite liste pour qu’on espère aller aux élections dans le délai que lui-même se fixe. Alors que le Cos-Lépi est dans un besoin criard de ressources financières pour exécuter le chronogramme établi, le gouvernement tourne en rond en faisant du sur place. Selon nos investigations, depuis que le Cos-Lépi en juin a été installé en mai 2013, le gouvernement lui a avancé 125 millions de Franc Cfa et en juillet, un complément d’un peu plus de 400 millions. Ce qui fait environ 600 millions pour un budget considérablement revu à 9 milliards F Cfa. Une goute d’eau dans la mer. C’est en effet insignifiant pour la tâche titanesque que doit réaliser le Cos-Lépi. Cela paraît étonnant et ces informations contredisent les déclarations faites par le Chef de l’Etat lundi 14 octobre au palais de la Marina. Yayi Boni pensait que le gouvernement avait déjà affecté plus d’un milliard de Franc Cfa au Cos-Lépi. Face à ces contradictions, il y a lieu de se demander si Yayi n’est pas informé de la situation réelle qui prévaut actuellement au Cos-Lépi. Ou bien fait-il preuve de mauvaise foi en semant la confusion au niveau de tout un peuple ? Il tire certainement le drap de son côté prouvant sa bonne foi à la communauté internationale qu’il a à dos. Ces dysfonctionnements et incompréhensions démontrent à tout le moins que le gouvernement et Yayi Boni cafouillent et font peser plus que jamais des incertitudes sur la réussite du processus de correction de la Lépi.
Yayi veut foncer tête baissée…
L’autre facteur qui remet en cause l’hypothèse de la tenue des élections en 2013, c’est la guéguerre autour du chronogramme portant sur la correction de la Lépi. De sources bien informées, le Cos-Lépi a un programme soigneusement établi et n’entend pas précipiter les choses comme l’a ordonné Yayi Boni. A en croire ces sources, d’ici décembre prochain, ce ne sont que des listes provisoires que le Bénin peut disposer. Et concrètement, on peut espérer organiser les élections en février 2014 si le programme conçu et adopté est suivi à la lettre. Mais bien qu’informé de ce chronogramme, le gouvernement veut foncer tête baissée sans lâcher le nerf de la guerre. Pour justifier sa forfaiture en préparation, il a choisi d’instrumentaliser la Communauté internationale. Selon Yayi Boni, les partenaires techniques et financiers exigent que les élections soient organisées avant 2014. En effet, si Yayi était aussi bon démocrate, pourquoi n’a-t-il pas pesé de tout son poids dans le processus de la correction pour qu’on ait depuis une Lépi crédible afin d’organiser en mars dernier les communales, municipales et locales ? Certainement, l’homme avait son plan caché. Aujourd’hui, matériellement, le Bénin ne peut organiser les élections avant la fin de 2013. Et plusieurs spécialistes des questions électorales sont unanimes sur la question. Obliger le Cos-Lépi à offrir une liste électorale avant 2014, c’est pousser le Bénin vers l’abîme. Aucune élection n’est possible si ce n’est un K.O électoral qu’on prépare. D’ailleurs pour organiser une élection, il faut que le corps électoral soit convoqué trois mois à l’avance. Nous sommes à moins de deux mois avant la fin de l’année.
Mais, si Yayi Boni et ses affidés veulent démontrer pour une première fois leur bonne foi, la seule obligation qui s’impose et à laquelle, ils ne peuvent se soustraire, c’est de mettre les fonds à la disposition du Cos-Lépi et de respecter le chronogramme déjà établi et non vouloir faire le forcing. La sauvegarde de notre démocratie sérieusement menacée en dépend même si pour l’heure, aucune organisation de la société civile, aucune formation politique n’a le bon sens de dénoncer ce qui se trame.