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Au Bénin, l’étau se resserre autour des opposants au président Talon

Publié le jeudi 15 novembre 2018  |  AFP
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© Autre presse par DR
Constitution des Blocs politiques : Talon doit veiller à la dissolution effective des partis
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Cotonou - Alors que les procédures judiciaires se multiplient contre les opposants au président Patrice Talon, de nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer un durcissement du pouvoir au Bénin, pays d’Afrique de l’Ouest réputé pour le dynamisme de sa démocratie après plusieurs alternances.

Depuis son élection en 2016, le chef de l’Etat, qui a fait fortune dans le coton avant de se lancer en politique, a promis une lutte impitoyable contre la corruption et la malgouvernance, mais ses détracteurs l’accusent de cibler principalement ses rivaux politiques et économiques.

Ces derniers mois, des anciens ministres et députés qui ont vu leur immunité parlementaire levée dans le cadre de poursuites pour fraude ou détournement de fonds ont quitté le pays et se disent victimes d’"acharnement" judiciaire à l’approche des législatives prévues l’an prochain.

La récente création d’une Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) a donné un coup d’accélérateur aux procédures en cours qui inquiète à Cotonou.

Depuis son installation fin août, ce tribunal spécial, dont les décisions ne sont susceptibles d’aucun appel, s’est déjà doté d’une réputation sévère en prononçant des peines très lourdes.

Condamné à 20 ans de prison pour trafic de drogue, Sébastien Ajavon, président du patronat béninois et richissime homme d’affaires, a été l’un des premiers à en faire les frais. Arrivé 3e à la présidentielle de 2016, il avait contribué à faire élire M. Talon au second tour, mais les relations entre les deux hommes se sont rapidement dégradées.

L’opposant - qui a lancé son propre parti, Union Sociale Libérale (USL) - était absent lors de son procès mi-octobre et n’est pas rentré dans son pays depuis. Un mandat d’arrêt international a été lancé contre lui.

Ajavon "ne s’est pas présenté parce qu’il pense qu’il n’avait aucune garantie de justice impartiale", a affirmé à l’AFP Donklam Abalo, un responsable de l’USL, estimant que "le régime du président Talon traque les opposants".

"Ses avocats ont été empêchés de défendre leur client" dans "un dossier totalement vide", alors qu’il avait bénéficié d’une relaxe dans la même affaire il y a deux ans, après la découverte de 18 kg de cocaïne dans un conteneur destiné à une de ses sociétés, selon cet ancien journaliste.

- "Pathétique" -

L’ex-Premier ministre Lionel Zinsou, principal rival de M. Talon à l’élection de 2016, est lui aussi visé par une plainte liée au remboursement d’une dette de 15 milliards de francs CFA (23 millions d’euros) contractée durant la campagne présidentielle auprès de la société Ebomaf, qui a depuis décroché plusieurs gros contrats avec l’Etat béninois.

Le Franco-béninois installé à Paris aurait même renoncé à se rendre au mariage de sa propre fille Marie-Cécile, le 3 novembre à Ouidah (sud-ouest du Bénin), de peur d’être à son tour inquiété par la justice, selon des proches contactés par l’AFP.

"Avec ce régime qui veut à tout prix écarter tout le monde, il a préféré ne pas prendre de risque en mettant pied au pays", affirme l’un d’eux sous couvert d’anonymat.

Connu pour ses violentes diatribes anti-Talon, Léonce Houngbadji, du Parti pour la libération du peuple (PLP, opposition), dit avoir du quitter le pays fin octobre après avoir reçu des menaces "d’empoisonnement et d’enlèvement".

"Aucune de mes plaintes adressées au procureur de la République concernant les menaces dont je faisais l’objet n’ont prospéré à ce jour", dénonce-t-il depuis Paris. "Je me retrouve en exil parce que je dérange."

Le pouvoir béninois réfute pour sa part un quelconque tournant autoritaire et maintient que la croisade anti-corruption lancée par le président Talon n’épargne personne.

Les accusations de l’opposition sont "pathétiques", estime une source proche de la présidence sous couvert d’anonymat, citant le cas de Mohamed Atao Hinnouho, député de la majorité actuellement emprisonné pour trafic de médicaments et fraude douanière.

"Notre justice est indépendante, si les personnes visées par des procédures n’ont rien à se reprocher, qu’elles viennent laver leur honneur devant les tribunaux plutôt que de s’enfuir à l’étranger", ajoute cette source. "Mais peut-être que cela exprime une certaine crainte que les Béninois renouvellent leur confiance au président Talon".

A l’approche des législatives qui devraient se tenir au deuxième trimestre 2019, pouvoir et opposition s’accusent mutuellement de vouloir décrédibiliser l’autre camp.

Pour l’opposant du PLP Léonce Houngbadji, "l’objectif du pouvoir est clair: empêcher la compétition électorale".

En attendant, les opposants en exil à Paris envisagent la création d’un parti unifié et d’une liste commune pour les élections.

str-cl/spb/jlb
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