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Hommages à feu bâtonnier François Amorin: Un épris de justice et un panafricaniste célébré

Publié le vendredi 16 novembre 2018  |  La Nation
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© aCotonou.com par TOP
Prestation de serments de 14 nouveaux avocats
Jeudi 21 Novembre 2013, Palais de Justice, Cotonou : 14 nouveaux avocats prêtent serment dans le cadre de la rentrée solennelle du Barreau Béninois
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Décédé le 22 octobre dernier, le premier bâtonnier de l'Ordre des avocats du Bénin François Amorin a reçu d'exceptionnels hommages. Son savoir-faire et son savoir-être sont si édifiants que le barreau béninois a organisé hier en son honneur une insigne cérémonie pour lui dire adieu. Adieux auxquels ont pris part les présidents de l'Assemblée nationale et de la Cour constitutionnelle, tous deux avocats dans l'âme.

« Il fut immense et si réservé parmi nous. Il fut humble… Il s'en est allé mais il reste parmi nous », a déclaré le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Bénin, Yvon Détchénou, à l'entame de la cérémonie d'hommages à feu bâtonnier François Amorin. Une cérémonie qui a démarré sous la fanfare de la Gendarmerie nationale et a connu la présence du président de l'Assemblée nationale Adrien Houngbédji, du président de la Cour constitutionnelle Joseph Djogbénou, du ministre de la Justice Garde des Sceaux Séverin Quenum, d'anciens bâtonniers de l'Ordre des avocats du Bénin dont Me Robert Dossou et Me Angelo Louise..., de bâtonniers des pays voisins dont le bâtonnier de l'Ordre des avocats du Togo Me Rustico Lawson-Banku, d'une foule d’avocats et de ses proches.

Pour ceux qui l'ont connu, le tout premier bâtonnier de l'Ordre des avocats du Bénin, François Amorin, fut une personnalité exceptionnelle. « Il était humble et sage », c'est le premier témoignage qui se propage sur l'homme. En activité, Me François Amorin était déjà une source d’inspiration. Puis ancien bâtonnier, il est resté une référence pour les bâtonniers qui lui ont succédé. De nombreux avocats se sont abreuvés à la source de son savoir. Il est aussi d'une grande simplicité, dit-on. « Avec le bâtonnier Amorin, nous avons appris qu'une cause juste peut se plaider en faisant économie de mots et de gestes. François Amorin est un modèle. Il est parti mais il devient un signe pour les luttes à venir, dans la bataille pour la démocratie », indique l'ancien bâtonnier de l'Ordre des avocats du Bénin, Angelo Louise.

Me Adrien Houngbédji se souvient du "Prélat" !

« Il n'était pas le plus grand par l'art oratoire, mais il était unique, sans pareil. Il était celui dont la plaidoirie emportait facilement conviction. Avec cet art de choisir les mots qu'on appelle élocution. Nous l'appelions le prélat. Ses propos étaient comme une onction. Ils opéraient au fond de nous. Il n'avait pas la voix de stentor, il n'était pas géant mais il était François Amorin, l'homme nonchalant mais maître de lui… », témoigne Me Adrien Houngbédji. Avocat, tout aussi connu, le président de l'Assemblée nationale n'a pas la prétention de connaître de fond en comble l'illustre centenaire disparu. « Beaucoup d'entre nous n'ont pas connu le bâtonnier François Amorin. Pour ceux qui l'ont connu, ils l'ont connu un peu tard, à l'heure où il avait déjà accompli tant de choses », a affirmé Me Adrien Houngbédji. Il conserve toutefois des souvenirs encore vivaces de l'homme. « Je me rappelle alors que jeune juriste, 26 ans, je venais d'être nommé procureur spécial au tribunal militaire... Avant que je ne m'installe dans mes fonctions, François Amorin me rend visite et me dit : "La justice ne rend que la justice et non le service"… », confie Me Adrien Houngbédji qui garde encore l'écho de ces propos évocateurs. Il poursuit : « Je le revois parlant …, avec des gestes d'artiste… Il a plaidé de grands procès. Je me rappelle encore l'affaire Alley, l'affaire Kouandété... Avocat de grands hommes, il fut aussi l'avocat du droit des peuples à disposer d'eux-mêmes ». A en croire le président de l'Assemblée nationale, François Amorin est un homme de foi, l'un des premiers panafricanistes à l'instar de Kuame Nkrumah, un homme engagé à la défense de l'Afrique. « Sa biographie ne comporte aucune position politique. Il n'a été ni ministre, ni conseiller... Pourtant, il aurait mérité tous les titres et toutes les distinctions honorifiques. Mais l'empire dont il rêvait ici-bas ne s'accommodait pas des distinctions. L'empire dont il rêvait se résume à la défense de l'autre, à la justice, à l'égalité. Il fut l'avocat de la liberté », a-t-il laissé entendre. La deuxième personnalité du Bénin confie : « Pendant les dernières années de sa vie, il éprouvait beaucoup de chagrins pour l'évolution de la profession, de la société... »

Qui est François Amorin ?

« Né le 4 octobre 1918 au Togo, François Amorin a été elévé par l'un de ses frères aînés. Il a poursuivi ses études à Dakar où il obtint deux Baccalauréats. Il fit ensuite ses études supérieures en Droit à Lyon puis des études en Économie politique à Londres avant de rentrer au Togo. Il a prêté serment au barreau de Dakar en 1954 », renseigne le secrétaire du barreau béninois. Certains écrits sur l'homme situent sa naissance plutôt en 1915.
Epris de justice, François Amorin s'est battu pour l'avènement de l'indépendance dans certains pays comme le Ghana, le Togo et le Bénin. Il est donc un juriste qui s'est aussi intéressé à la liberté des peuples. Pour des raisons politiques, il quitta le Togo pour s'établir au Bénin. « Son combat pour la liberté et son activisme l'ont poussé à l'exil », précise le bâtonnier de l'ordre des avocats du Togo, Me Rustico Lawson-Banku qui garde de feu bâtonnier François Amorin de vibrants témoignages. Une fois au Bénin, François Amorin a pris la succession du premier cabinet d'avocat au Bénin devenu "Cabinet de Me François Amorin et Bernard Paraïso". L'illustre disparu a été le rédacteur du premier code foncier après l'indépendance du Bénin, de l'ancien code de procédure pénale... Avocat des grands, des petits, des faibles et des nécessiteux, il a marqué son temps par son dévouement aux causes nobles. Élu bâtonnier pour la première fois en 1965 pour un mandat de deux ans, il a été rappelé pour un deuxième mandat dans les années 1973-1975 alors même qu'il n'exerçait plus au barreau béninois. Jusqu'en 1996, il est resté un avocat actif. De 1996 à 2001, il ne prenait que les audiences relatives au foncier dans les Tpi de Cotonou et de Ouidah. Il a officiellement quitté le prétoire en 2001.

Ans AHOUANMENOU
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