Les désobéissances et les résistances qu’enregistrent le chef de l’État suite à son appel de constitution de deux grands regroupements politiques dans son camp, ne sauraient être étudiées isolément. C’est une question d’intérêt et il suffit de voir le feu venir à sa case pour assister à ces scénarii. Pour autant que le feu serait dirigé vers la case de l’adversaire commun, dans un deal politique, aucune fissure n’apparaît. Et la lune de miel peut durer aussi longtemps. De Niceplore Soglo, avec la ruée des cadres vers la rivière de Renaissance du Bénin, à Yayi Boni avec son alliance Forces cauris pour un Bénin émergent, en passant par Mathieu Kerekou autour de qui était constituée l’Union du Benin du futur, le schéma n’a pas tellement varié. On prend les mêmes et on recommence. Ce n’est donc pas sous Patrice Talon que l’histoire politique, dans les mêmes formes, va radicalement changer. Beaucoup l’ont dit. ” Le Bénin n’a pas été créé et ne sera pas créé à partir de 2016″. Si Nicephore Soglo, Mathieu Kerekou et Yayi Boni ont pu être lâchés respectivement vers fin 1995, 2005 et 2015, il semble qu’avec Patrice Talon l’histoire s’en va se répéter. L’actuel chef de l’État qui a réussi à rallier à sa cause beaucoup d’acteurs politiques après sa prise de pouvoir, a dû toucher des intérêts au nom de sa conception de la réforme du système partisan. Pourquoi demander à des gens, qui jusque-là l’ont suffisamment aidé à dérouler son programme d’action, de prononcer le requiem de ce qui leur permet de continuer d’exister encore sur la scène politique? Tout sauf ça, et dès lors, l’amitié peut se ”casser”. 2019, ce sont les législatives, 2020 les locales, communales et municipales puis 2021, la prochaine présidentielle. Les calculs ont commencé à être faits dans les états-majors. Et c’est de la survie de tout un chacun qu’il s’agit. Patrice Talon ne pourra donc plus influencer, comme en début de mandat, tous ses soutiens. Dès cet instant, il lui sera difficile de maitriser ou de manipuler à sa guise la troupe. Les données ne sont plus les mêmes. Claudine Prudencio, Adrien Houngbedji et probablement Valentin Houde ne seront visiblement pas les derniers à ne pas déférer aux injonctions du chef. Les prochaines semaines nous édifieront.