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Docteur Apollinaire Todan à propos du Pdc de la ville de Cotonou : « A l’horizon 2022, Cotonou sera une ville bien gouvernée, attrayante, et sécurisée… »

Publié le jeudi 22 novembre 2018  |  Fraternité
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Docteur Apollinaire Todan, Directeur des études, de la prospective et de la programmation (Depp) à la mairie de Cotonou
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Docteur Apollinaire Todan, Directeur des études, de la prospective et de la programmation (Depp) à la mairie de Cotonou parle ici du Plan de développement communal (Pdc) de cette commune à statut particulier. Ainsi, du processus de son élaboration à son plan annuel d’investissement (PAI) en passant par les différents programmes et projets pour sa mise en œuvre, Docteur Apollinaire Todan, n’a occulté aucun aspect de ce document stratégique.

Quel est l’importance de votre poste pour une mairie comme Cotonou ?
Il faut avouer que ce poste existe dans les autres communes ordinaires, seulement qu’à leur niveau, on parle du Service de développement local et de la planification (Sdlp). Cotonou étant une commune à statut particulier, les services ont rang de Direction. Ce poste a longtemps été Direction de développement municipal. Après les réformes opérées par le maire Léhady Soglo, cette direction a eu une nouvelle attribution, organisation et fonctionnement (Aof) donc, une nouvelle mission. D’où la mutation en Direction des études, de la prospective et de la programmation (Depp). Cela répond un peu à la nomenclature adoptée par les ministères. En réalité, cette direction s’occupe de la planification du développement local, à savoir : l’élaboration des plans stratégiques dont le principal est le Plan de développement communal (Pdc), l’élaboration des outils de mise en œuvre du Pdc, l’élaboration des plan annuel d’investissement (Pai), l’élaboration de tous documents de programmes, projets et politiques de développement local et enfin de conduire les études. Cette direction a aussi pour rôle de faire le suivi-évaluation des programmes et projets et de mobiliser les partenaires autour des questions de développement.

La Depp joue alors un rôle important dans l’élaboration du Pdc de Cotonou. Dites-nous, qu’est-ce qu’un Pdc ?
Le Pdc est le Plan de développement communal. C’est un document qui trace la vision de la commune sur un horizon donné. Entre temps, la mairie de Cotonou avait un Pdc sur 10 ans. Après évaluation, on s’est rendu compte qu’il n’était pas efficace. Le nouveau Pdc est alors élaboré sur 5 ans et c’est ça la norme adoptée dans toutes les mairies.

Pour une commune à statut particulier comme Cotonou, quel est le processus d’élaboration de son Pdc ?
Il faut avouer que les premiers Pdc ont péché, car ils n’ont pas eu de bonnes planifications. Mais, on peut dédouaner ceux qui les ont élaborés car le péché ne venait pas d’eux. Nous avons connu la décentralisation en 2003 et en 2004, on demande aux communes d’élaborer leurs Pdc sans une feuille de route, ni orientation. Du coup, chaque maire a énuméré ses rêves, parfois plus grands que les moyens de la commune. Au vu des insuffisances enregistrées dans l’évaluation de ces Pdc, le ministère de la décentralisation a essayé de mettre un manuel en place pour cadrer désormais l’élaboration de ce document. Ainsi, toutes les communes, qu’elles soient petites ou grandes, suivent le contenu de ce manuel pour élaborer leurs Pdc, à la différence que la composition des acteurs peut être différente. C’est le cas de Cotonou qui est à la fois commune et département. Cotonou a aussi 13 grands arrondissements. Cotonou est donc 13 fois une commune moyenne. Il faut reconnaître que Cotonou a respecté le contenu de ce manuel-là à la lettre.
Nous avons démarré l’élaboration du Pdc de Cotonou en juin 2017 avec l’installation du comité de pilotage. Après cette installation, nous avons procédé à la formation des membres du comité de pilotage sur des thématiques telles que : Les objectifs du développement durables (Odd), le genre, l’approche programmatique, le contenu du Programme d’actions du gouvernement (Pag)… Après cette formation, il faut passer à l’élaboration des outils de collecte, nous avons eu à faire plusieurs séances de sensibilisation avec des chefs quartiers, les élus afin que chacun puisse jouer efficacement sa partition. Nous avons aussi participé aux conseils d’arrondissements pour expliquer aux conseillers ce que nous attendons d’eux. Nous avons aussi mobilisé les organisations de la société civile. Après ces différentes étapes, nous sommes passés à la phase active qu’est la collecte des données dans les quartiers. Ce diagnostic nous a permis d’organiser une assemblée générale par quartier avec les représentants de toutes les couches socio-professionnelles. Lors de cette assemblée générale, on a évalué les acquis du Pdc passé, on fait ensuite l’état des lieux du développement du quartier. On collecte ensuite les besoins de la population. Cet exercice a été fait dans les 165 quartiers de Cotonou. Après ces assemblées générales, nous avons procédé aux synthèses des résultats par arrondissement. Ces résultats synthétisés ont été présentés aux assemblées générales des arrondissements. Après compilations, ces résultats sont présentés aux délégués des différentes couches socio-professionnelles pour voir si ces résultats sont fidèles aux besoins exprimés par quartier. Après ces différentes validations, on passe à l’assemblée communale de diagnostic. Toutes ces validations faites, Le comité de pilotage élargi aux conseillers passe en action. On passe ensuite à l’état des lieux de développement de la ville qui nous permet d’aller à l’atelier de vision. Au cours de cet atelier, on revoit la vision de par le passé, on voit si elle colle toujours avec l’actualité tout en se basant sur les données collectées sur le terrain. Au regard de la situation actuelle et la vision de par le passé, est-ce que cette vision mérite d’être changée ou d’être reconduite. On s’est donc rendu compte que la vision de Cotonou n’a pas changé. Sauf que nous l’avons reformulée de façon à faciliter son évaluation. Cette vision est intitulée : « Cotonou, à l’horizon 2022, est une ville bien gouvernée, attrayante, sécurisée, résiliente, à économie prospère avec une administration performante ». Cette vision fait le récapitulatif de tous les problèmes recensés. Parlant du caractère attrayant, quand on regarde Cotonou actuellement, on a honte car, quand on survole Cotonou, à 90% les tôles sont rouillées. Cette image n’est pas digne d’une grande ville. Cotonou a donc besoin de reconstruire son caractère attrayant. En ce qui concerne la sécurité, nous avons constaté qu’il y a des braquages à mains armées dans des quartiers tous les jours. Il faut donc une sécurité bien pensée dans la ville de Cotonou. Concernant l’aspect résilient, Cotonou subit les inondations à chaque saison pluvieuse à cause des effets du changement climatique. Donc la résilience ne doit même pas être négociée. Pour la prospérité de notre économie, avec les casses, nous nous sommes rendu compte que Cotonou n’a pas une économie prospère. Quand vous passez dans les rues, vous constatez que tout le monde est dans le même type de service et les gens n’ont pas une vision durable. Il faut donc que la commune aide ses citoyens à mieux entreprendre.
Quand vous prenez Cotonou, centre urbain et universitaire, sa pyramide a deux bases : une première base de 0 à 18 ans et à partir de 18 ans, il y a une nouvelle base qui se crée. Cela veut dire qu’il y a beaucoup d’arrivées, c’est-à-dire des gens viennent d’ailleurs pour s’installer à Cotonou. Cela est dû à l’exode rural, les études universitaires… Cotonou est aussi une plate-forme de transit entre le Togo, le Ghana, le Nigeria, la Côte d’Ivoire et autres. Cotonou accueille donc beaucoup de jeunes qui pensent que c’est l’Eldorado, mais qui découvrent le contraire à leur arrivée. Cette masse de jeunes sans emploi est une bombe. Il faut donc développer un grand programme d’entrepreneuriat pour consommer cette couche de jeune oisifs. Le dernier aspect de notre vision, c’est une administration performante. On s’est rendu compte en effet que l’administration de la municipalité de Cotonou n’est pas performante, raison pour laquelle elle est décriée par ses citoyens. Il va falloir donc travailler pour mieux servir les populations.

Quels sont les axes d’orientation stratégique de cette vision ?
Cette vision s’est basée sur quatre axes d’orientation stratégique : le premier est de promouvoir l’économie locale par l’exploitation des marchés, du port de Cotonou, la valorisation du potentiel touristique et la professionnalisation de l’artisanat. Le deuxième c’est de renforcer la gouvernance locale par l’amélioration des services rendus à la population à travers la sécurité des personnes et des biens, la modernisation du mécanisme de collecte des recettes et l’intercommunalité de la coopération décentralisée. Troisième axe stratégique c’est de renforcer la sécurité alimentaire, la nutrition, l’accès aux services sociocommunautaires de base à savoir : l’éducation, la santé, l’eau potable… et la promotion du genre. Le quatrième axe stratégique est l’amélioration du cadre de vie des populations, des ressources naturelles et de la mobilité urbaine.
De ces quatre orientations stratégiques, nous avons élaboré cinq programmes : programme de la gouvernance locale, promotion de l’intercommunalité. Ce programme est celui de la performance de l’administration viennent ensuite. Le programme de développement de l’économie locale, programme d’amélioration des services sociocommunautaires, le programme éducation, emploi et culture et enfin le programme de développement urbain et amélioration du cadre de vie. L’ensemble de ces programmes a permis à la ville d’évaluer financièrement son Pdc à 103 milliards de francs Cfa. Ce n’est pas la mairie de Cotonou seule qui mobilisera ce fonds. Elle mobilisera les 60% et les 40% restants sont à rechercher avec les partenaires techniques et financiers. C’est pour cette raison que nous avons mis un accent particulier sur la dynamisation de la coopération de Cotonou avec ses villes jumelles. Nous en avons plus d’une quinzaine. Nous en recherchons encore pour que la plupart de ces programmes soient réalisés. L’autre pan sur lequel nous mettons aussi un accent particulier est le partenariat public-privé (Ppp) pour que beaucoup d’infrastructures mal gérées dans la ville puissent être concédées au privé qui va mieux les valoriser. Nous avons beaucoup d’espaces publics que le privé peut réaménager pour donner un autre visage à notre ville.
Nous saluons aussi l’effort du gouvernement qui fait beaucoup pour la ville de Cotonou. Si tout ce que le gouvernement a prévu pour la ville à travers son Programme d’actions (Pag) est réalisé, Cotonou sera la destination rêvée de tous les touristes. Si nous parvenons à maîtriser les eaux pluviales, l’Asphaltage qui prend déjà en compte l’accès des quartiers de la ville de Cotonou, le grand Nokoué qui intègre déjà la gestion des déchets, tout est réglé. Car, la gestion des déchets est un grand problème pour la ville de Cotonou qui accueille toutes les populations environnantes. Elles viennent polluer la ville dans la journée et rentrent chez elles le soir en nous laissant les déchets produits. Si l’Etat parvenait à réaliser tous les programmes prévus avec ceux prévus par la mairie, je pense que Cotonou serait vraiment la destination souhaitée par tout le monde.

Est-ce-à dire que la mairie de Cotonou ne mène pas des actions concertées avec le gouvernement ?
Nous avons bien sûr des actions concertées. Quand vous prenez notre Pdc, vous verrez tout ce qui a été prévu par l’Etat central. L’Etat nous associe à tout ce qui concerne Cotonou. Généralement pour élaborer un plan stratégique, il faut voir le contexte international, le contexte régional et le contexte national afin de s’informer sur tout ce qui est déjà élaboré comme politique. Et c’est de tout cela que la ville tire son Pdc. Il faut reconnaître que notre Pdc a un Encrage. Le tout premier est Bénin Alafia 2025.

Quels sont les projets pour la réalisation de ces grands programmes ?
Quand nous prenons la gouvernance, nous avons prévu la réhabilitation des sièges des arrondissements afin d’améliorer le service accueil et autres. Pour 2018, nous avons programmé la construction des sièges du premier, troisième et sixième arrondissements. Les marchés sont déjà lancés et la construction est en cours. Nous avons aussi prévu un ambitieux et réaliste programme c’est la construction des sièges de conseils de quartiers appelés maisons de quartiers. Désormais, la maison du chef quartier ne servira plus de lieu de réunion. Dans les textes de la décentralisation, il est prévu que les réunions se tiennent dans des espaces publics. Ce n’est donc pas gai pour une institution dynamique qui contribue au développement de squatter le mur des écoles et la maison du chef quartier pour tenir des réunions. Dans les cinq prochaines années, nous aurons dans chaque quartier un bureau bien construit pour des conseils de quartiers.
Nous avons aussi prévu la construction d’une infrastructure digne d’hôtel de ville de Cotonou. Actuellement, toutes les directions techniques sont dispersées dans la ville. Cela ne permet pas d’avoir de l’efficacité dans les actions. Il faut donc un siège pour abriter toutes les directions
Au niveau du développement de l’économie locale, la ville a osé et veut rendre opérationnel le fonds de développement municipal. C’est un fonds qui dépassera le milliard. Il sera mis à la disposition des jeunes pour le financement des micro-projets. Dès que ces jeunes seront actifs, ils paieront des taxes et impôts. Cela nous permettra de rentabiliser l’investissement fait. Nous avons aussi prévu la dématérialisation de notre système de collecte des recettes. Nous n’aurons donc plus des agents qui vont circuler dans les marchés et rues avec de l’argent. Cela nous permettra d’éviter les soupçons de vols et de détournements.
En ce qui concerne l’amélioration des services sociocommunautaires, nous avons seulement 6 centres de promotion sociale fonctionnels et 13 arrondissements qui n’en disposent pas. Des arrondissements ne disposent pas de centres de santé. Il faut construire tout cela pour le bien-être de nos citoyens. Il faut aussi des latrines publiques dans la ville.
Si nous prenons le côté éducation, emploi et culture, nous avons prévu la réhabilitation de 166 modules de salles de classe la construction de 100 modules de salles de classe, d’une bibliothèque dans les collèges publics de Cotonou, des salles d’informatique dans les lycées et collèges, doter les établissements scolaires publics des latrines modernes. Sur le plan culturel, nous voulons construire un temple moderne de Zangbéto dans le 6ème arrondissement. En 2019, le projet de l’architecture sera lancé pour la sélection de la meilleure maquette. Cela permettra à Cotonou d’avoir des infrastructures touristiques. Cinq autres sites touristiques seront réaménagés. Cela permettra aux touristes qui viendront à Ouidah, Sô-Ava et qui passent la nuit à Cotonou de ne pas s’ennuyer les soirs. Pour la jeunesse, nous avons prévu de doter les 10 arrondissements sans infrastructures sportives adéquates, de centres sportifs à l’image de celui de Fifadji. Ce gros projet nécessite un investissement de deux milliards de francs Cfa. En terme de modernisation de l’habitat, ce sont des partenariats que nous allons signer avec le privé qui va essayer de reconstruire la ville de Cotonou. Tout est vétuste. On ne dirait pas qu’on est en plein Cotonou, capitale économique du Bénin.
Nous avons aussi émis l’idée d’entreprendre les études d’un réseau de transport urbain de masse. Un tramway, mais dans un contexte d’intercommunalité entre Cotonou, Abomey-Calvi, Ouidah et Porto-Novo. Cela paraît comme un rêve, mais facilement réalisable. Un tramway sera rentable et profitable à toutes ces communes car, il règlera la question de pollution.
Voilà en résumé, les grandes lignes du Pdc de Cotonou que nous sommes en train d’expérimenter.

Le Pdc de Cotonou élaboré en 2017 sera exécuté à quel pourcentage à l’horizon 2022 ?
Nous avons élaboré ce document en étant très sûr qu’il sera exécuté à 100%. Il faut reconnaître que le technicien planifie suivant une analyse de l’existant, mais le dernier mot revient aux politiciens. Nous avons commencé efficacement l’exécution de notre Pdc car, le plan annuel d’investissement 2018 a été bien élaboré, mais nous avons eu quelques difficultés dans sa gestion. Nous avons baptisé 2018 année école car, nous avons voulu, pour une exécution efficiente de ce Pdc, donner une thématique à chaque année afin de mieux concentrer nos moyens sur un secteur donné. Cette année, nous avons concentré nos efforts sur les infrastructures scolaires ainsi, nous avons 37 modules de salles de classes à construire, 27 écoles à réhabiliter. Mais nous avons de difficultés avec le marché public à travers la signature des contrats. L’année 2019 sera consacrée à la modernisation de la ville à travers l’aménagement des espaces publics, des aires de jeux… 2020 sera dédiée à l’assainissement. Cela nous permet d’éviter des actions disparates et des saupoudrages.

Est-ce que ce document est déjà évalué à mi-parcours de son application ?
L’évaluation de ce document n’est rien d’autres que celle de son Plan annuel d’investissement (PAI). Et nous sommes dans la première année de sa mise en œuvre. Donc c’est l’exécution de ce PAI qui est le taux d’exécution physique au niveau de notre Pdc. Les gros marchés sont lancés, mais n’ont pas encore abouti. Nous prions pour que ces marchés puissent aboutir d’ici la fin de l’année. Là nous saurons que nous avons atteint le niveau de mise en œuvre de la tranche N°1.

Un mot à l’endroit des citoyens cotonois.
Que nous soyons du sud, du centre ou du nord, il faut considérer que Cotonou est notre ville. Si les gens disent que le Sénégal est un beau pays, c’est que Dakar a été bien aménagé. Si la France est un beau pays, c’est que Paris a été bien aménagé… Pour dire que le Bénin est un beau pays, il faut que Cotonou soit bien aménagé. Donc tout le monde doit se dire que Cotonou est sa ville. Il faut que les actes d’incivisme que nous observons dans la ville cessent. Nous les invitons alors à faire preuve de citoyenneté vis-à-vis des infrastructures. Il faut savoir que le développement local n’est pas l’affaire des élus seuls. Les initiatives personnelles sont les bienvenues et la mairie de Cotonou est très ouverte à tous les promoteurs. Nous ferons les études de faisabilité ensemble, car, quand un citoyen arrive à réaliser quelque chose de bon, cela impacte toute la ville. Il faut aussi aider la ville dans la mobilisation des ressources car, Cotonou a une capacité fiscale de plus de 20 milliards, mais à cause du manque de collaboration de la population, nous mobilisons moins de 10 milliards. Donc, si chacun peut comprendre que payer son impôt et ses taxes contribuent au développement local et à l’amélioration de notre cadre de vie, Cotonou sera transformé.

Propos recueillis par Isac A. YAÏ
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