Sans politique de financement des activités des Fédérations nationales, le département des sports s’écroule peu à peu. Il doit faire face à la furie des équipes fédérales dont les programmes ne sont pas financés et à une instabilité incompréhensible sous le changement.
Au Bénin, les Fédérations sportives connaissent désormais le rituel. Après avoir déposé leurs programmes d’activités, elles doivent s’apprêter à participer à un ‘’chemin de croix’’ pour obtenir la subvention de l’Etat. Parfois, le ministère ne prévoit rien. Ainsi, certaines Fédérations ne parviennent même pas à organiser le championnat national, principale activité statutaire. Unanimement, elles accusent le ministère des Sports et son Directeur des ressources financières et du matériel (Drfm) dont la fermeté (exagérée) exaspère… En effet, aucune personne responsable ne peut accepter se livrer à des pérégrinations pour toucher une somme insignifiante. A juste titre, les responsables fédéraux ont surnommé le couloir menant à la Drfm, « le couloir de la mort ».
Ils le disent partout… Donc, au ministère des Sports, il y a désormais « le couloir de la mort » à l’image du chemin qui mène à Golgotha (lieu précis où Jésus de Nazareth est mort par crucifixion, ndlr). De leur côté, les cadres du ministère se défendent. Ils demandent aux Fédérations de chercher des sponsors pour financer leurs activités. « La subvention de l’Etat n’est qu’une aide (…) », a confié l’un d’eux dans une discussion informelle.
Pas de garanties pour les sponsors…
Même si l’argument de ce dernier est discutable, parlons du sponsoring des activités sportives au Bénin. Quel sponsor accepterait de financer le sport alors que le fisc est présent partout et que les garanties n’existent pas ? Aucun. Au Bénin, aucune parole n’est respectée. Et quand vous prenez la peine d’investir dans le milieu du sport, vous regrettez toujours.
Vous ne bénéficiez d’aucune exonération douanière si vous importez des équipements au profit des jeunes sportifs. Vous n’avez aucune garantie de ne pas être poursuivi par le ‘’fameux’’ fisc. Sébastien Ajavon, président du Conseil national du Patronat (Cnp-Bénin) et ancien président de la Ligue de football professionnel du Bénin (Lfpb), ne dira sans doute pas le contraire. Il a subi la dure loi dans le cadre des projets initiés pour booster le ‘’défunt’’ championnat professionnel de football. Persécuté par le pouvoir, il a fini par lâcher du lest.
Et tous les investissements sont partis en fumée. C’est le Bénin ça ! Un pays qui se refuse de décoller, enterrant les mécènes à la pelle. Mais il y a toujours une possibilité pour sortir de ce carcan. C’est Galiou Soglo, ancien ministre des Sports, qui y a pensé. Il a proposé une loi sur le financement des activités sportives alors qu’il était député à l’Assemblée nationale. La suite, on la connait. Le projet est jeté dans les tiroirs puisque aucun des ministres qui se sont succédé à la tête du département des sports n’a daigné faire le lobbying nécessaire pour que cette loi soit votée.
Sept ministres des Sports depuis 2006 : un record funeste
Ce n’est peut-être pas leur faute. « J’ai passé peu de temps en poste sinon… », s’est même défendu un ancien ministre de Yayi Boni. Il accuse donc indirectement le chef de l’Etat qui a instauré, au demeurant, une instabilité incompréhensible à la tête du département des Sports. Depuis 2006, sept ministres ont fait l’expérience, soit en moyenne une année d’exercice pour chacun d’eux (un triste record !!!).
On peut citer Théophile Montcho, Galiou Soglo, Etienne Kossi, Modeste Kérékou, Didier Aplogan, Naomie Azaria Hounhoui puis Safiou Idrissou Affo (en poste actuellement). Les six premiers sont déjà passés par la ‘’guillotine’’ de Yayi Boni. Intéressons-nous alors à Safiou Idrissou Affo. Que propose t-il pour définitivement régler les difficultés de financement des activités sportives ? Rien. Du moins pour le moment. Nous osons lui proposer une solution : l’exemple ivoirien (voir encadré).
La Côte d’Ivoire, l’exemple à suivre…
La Côte d’Ivoire procède à un prélèvement systématique de taxes sur le tabac pour financer le sport. C’est une convention signée au sommet de l’Etat qui contraint les firmes à investir dans le secteur. Et pourtant, tabac et sport ne font pas bon ménage… Imaginons qu’on prélève au Bénin, un franc sur tous les appels sur la base d’un accord signé avec les réseaux Gsm. Prenons le réseau leader qui compte environ 2.000.000 abonnés et faisons un prélèvement d’un franc sur chaque appel. Si chaque abonné passe dans une journée, un seul appel, la cagnotte serait déjà de 2.000.000 francs Cfa.
De quoi financer un bon tournoi de quartier… Revenons en Côte d’Ivoire pour signaler que sur place, des facilités sont aussi faites aux opérateurs économiques pour qu’ils investissent dans le sport. Elles concernent les taxes douanières, les impositions, le foncier… C’est pour cette raison que l’Asec d’Abidjan (l’un des plus grands clubs de la sous région) demeure incontournable sur le plan économique. Le club est une vraie entreprise avec plusieurs milliers de fans et des moyens colossaux (un budget de 1.300.000.000 f Cfa par an et 120 employés enregistrés en 2013).