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Enseignement Supérieur : Le prestige inutilement cher

Publié le vendredi 23 novembre 2018  |  Matin libre
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© aCotonou.com par Didier Assogba
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Est-ce que c’est parce que la formation universitaire est chère qu’elle est de qualité et reflète le prestige des universités ? Tout philosophe de l’Education devrait s’en préoccuper. Nous prendrons notre part de la réflexion en déconstruisant le paradigme qualité-coût (1) pour remettre en cause un processus élitiste (2)

1. Le paradigme qualité-coût

En Europe et en Amérique, l’enseignement supérieur a commencé à coûter cher. Le gouvernement français en a donné l’illustration récemment en passant de 170 euros à 2770 euros pour une licence par exemple. L’argument qui sous-tend une telle réforme est qu’il est « injuste qu’un jeune Français allant étudier en Chine ou aux Etats-Unis débourse plus de 10 000 dollars par an…alors que l’étudiant chinois ou américain seulement 170 euros en France, sans s’acquitter de l’impôt ». Le mimétisme est une chose, la performance en est une autre. Augmenter les frais d’entrée à la Faculté ou d’entrée à l’école, devrait répondre aux besoins et aux exigences de l’enseignement et non à un mimétisme de mode. Voilà pourquoi deux questions importantes sont à poser. D’abord, quel est le type de financement applicable pour l’enseignement supérieur public ? Ensuite, comment mesurons-nous la performance de l’université publique ?

Financer l’enseignement supérieur, c’est d’abord les infrastructures et le matériel pédagogique. Ce financement concerne l’Etat. Des amphithéâtres bondés où les Etudiants s’asseyent sur des briques donnent bien une idée du malaise infrastructurel. Autant, il est nécessaire de financer le sport, autant il est impérieux de financer l’enseignement supérieur. Ce financement nécessite des investissements pour lesquels l’Etat doit se convaincre à travers le gouvernement de ce qu’est l’enseignement supérieur, son utilité et sa valeur. Si le gouvernement sait de quoi il s’agit, il pourra convaincre les acteurs de la chaîne économique de consacrer un effort de financement de l’enseignement supérieur. La performance de l’université n’est pas liée à l’embellissement de sa devanture ni aux poignets luxueux de ses portes. Sa performance, c’est la qualité du programme d’enseignement dynamique, actualisé et fonction de l’évolution de l’économie. Une université est prestigieuse en fonction de l’utilité de ses produits qui sont utilisés efficacement dans les entreprises et dans le service public. On connaît bien des universités qui coûtent inutilement chères et dont les produits sont totalement inutilisables. D’où la nécessité de relativiser et d’éviter des formules de marketing qui ne résistent pas à la réalité.

2. Un processus élitiste



Qui seront les étudiants de demain ? Ce sont les enfants des fortunés. La tendance aujourd’hui est qu’on affiche beaucoup le coût de la formation pour en déduire qu’elle est de qualité. Dans un monde en perpétuelle mutation et globalisé, il est à craindre pour l’Afrique en général et l’Afrique Francophone. Le savoir est un pouvoir. Il est un droit. Le mercantiliser, c’est aller contre l’humanité. Tout se passe comme si la lumière de l’université est confisquée par les Etats industrialisés.

L’échec à l’université est devenu préoccupant. Les taux d’échec en première année d’université restent importants. Ce n’est pas une raison pour conclure que l’université seraitsemi-ouverte. On attend dans ce sens une implication des commissions de l’Education des assemblées nationales pour s’interroger sur l’avenir de l’enseignement supérieur en Afrique.

Combien de bacheliers de la voie générale de la filière technique ou professionnelle interrompent leurs études ? Quelle est la place de l’orientation ? Négliger l’université c’est courir le risque des soleils de l’indépendance africaine des années 1960 où la gestion de l’Etat était confiée à ceux qui ont fait de hautes études jusqu’en classe de CM1 ou CM2 du cours primaire du temps des livres de J-Auriol.

H-Tauyé

Juri-Journaliste
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