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Art et Culture

Restitution des oeuvres volées à l’Afrique : Le silence étonnant d’anti-impérialistes

Publié le jeudi 29 novembre 2018  |  Le Matinal
Le
© aCotonou.com par DR
Le trône du roi Ghézo, l’une des nombreuses oeuvres spoliées
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Le Bénin, ce petit point sur la planète se fait parler de lui depuis la semaine écoulée. Le débat sur la restitution des biens culturels fait monter la cote de cette terre d’héroïsme sur les 4 coins de la planète.Pendant que la diaspora et les ressortissants d’autres Etats saluent la bravoure du Bénin, au bercail, c’est un silence de cathédrale. Même les inconditionnels défenseurs de l’anti-impérialisme gardent le silence. Est-ce parce que c’est Talon?

Où est Nicéphore Soglo dans le débat de la restitution des biens culturels de l’Afrique ? Nulle part ! L’ardent défenseur de la réparation des préjudices subis par la traite des noirs et ami personnel de Césaire et Senghor, vaillants défenseurs de la négritude, est totalement aphone depuis le début de l’engagement du Président de la République Patrice Talon sur la question de la restitution des biens culturels spoliés au Bénin. On ne l’a jamais entendu se prononcer sur la question, ni en public encore moins à l’international. Qu’est-ce qui peut bien expliquer ce désintérêt de Hercule pour un sujet tout aussi d’intérêt pour les Noirs de l’Afrique subsaharienne ? Pourquoi diantre celui qui a combattu récemment aux côtés du Président actuel, un certain candidat sous l’argumentaire de la Françafrique devient totalement silencieux sur un débat d’intérêt qui occupe l’actualité mondiale et qui relève justement de cette réparation qu’il a toujours défendue. Dans la plupart de ses discours, Nicéphore Soglo identifie le Bénin comme la terre de Guézo, Agadja, Béhanzin etc. Que le débat intéressant ces rois soit actuellement posé et que le Bénin s’apprête à recevoir 26 biens culturels arrachés à ces derniers, il semble que la logique veut que ce soit le défenseur de cette histoire, en l’occurrence Nicéphore Soglo, qui se lève en premier pour réagir sur la question. Au-delà de la personne de celui qui a lutté pour que cette réparation soit faite, c’est d’abord et avant tout une fierté nationale qui doit être exprimée par tous les fils et filles du pays quels que soient leurs bords politiques. Alors qu’il y a quelques années, aucun pays sur la planète n’a osé évoquer la question, le Bénin pose le débat et gagne le pari. Au cours de son émission sur Radio France international (Rfi) l’historien Felwine Sarr, mandaté pour produire le rapport sur la restitution, a déclaré que c’est depuis le lendemain des indépendances que les Etats africains ont été confrontés à l’opposition sans ambages de la France après la demande de restitution de ces biens. Plusieurs décennies après, alors même que le sujet relevait fondamentalement du tabou et inspirait même de la délicatessediplomatique, le Président du Bénin, ce petit pays perdu derrière le Nigéria, a décidé de poser le débat et de s’accrocher fermement. Les termes de la demande ont été clairs. Le Bénin souhaite la restitution de 26 biens culturels. La démarche est à la fois héroïque et historique. Tollé général au niveau de la communauté internationale. Historiens, universitaires, chercheurs, archéologues, tous se jettent dans le débat. Certainsn’ont pas hésité à condamner, d’autres ouvertement l’ont salué. Pendant tout ce temps, l’actualité au pays est restée quasi muette sur la question. Hercule et ses amis défenseurs de la cause africaine ont pour des considérations qu’on sait, cousu leurs bouches, manifestant un désintérêt patent pour la question.

La politique et la béninoiserie sont passées par là
Trône Guézo


Le débat n’intéresse pas l’opposition et l’un de ses alliés Nicéphore Soglo parce que c’est Patrice Talon. Il ne faudra pas aller chercher loin ce silence. Elle réside dans cette forme de pensée qui consiste à tout résumer à la politiqueet aux hommes. Comme c’est la victoire du régime actuel, l’opposition ne va pas s’y mêler au risque de donner des points au pouvoir. Tout se calcule sur le plan politique au point même d’oublier la République. Parce que c’est Talon, on s’en fout même si le Bénin a gagné. Cette lecture fondamentalement subjective traduit l’étroitesse d’esprit de certains soi-disant grands hommes qui ne voient que les personnes au lieu de voir le pays. Le débat sur la restitution des biens est un débat national. Il concerne l’histoire intrinsèque des pays africains. Il touche même à l’âme de ces vaillants guerriers défenseurs de la cause africaine que sont nos rois.Il s’agit d’une plaie plus que centenaire qui est en train d’être pansée. L’acte est lourd de sens et le politique béninois doit en prendre la mesure et cesser de jouer à chaque fois aux oiseaux de mauvaise augure. Ailleurs, le débat se fait avec passion et engagement. Il se fait justement parce qu’il concerne un patrimoine collectif. La croix de cette médiocrité humaine faite de jalousie et de subjectivité à toute épreuve soulignée à double trait par Emmanuel Mounier et inspiré de ce vocable dénommé béninoisierie excite la haine et conforte les égos. Le Bénin a le devoir de dépasser ces bassesses. La Nouvelle génération doit détruire ces remparts qui bloquent le développement du Bénin et annihilent toute idée de progrès. Le débat que font les ressortissants des autres pays sur la question doit inspirer ces opposants béninois. On n’est pas dans le cadre d’une question de personne ou de victoire personnelle, mais de victoire collective. C’est tout un peuple qui gagne avec cet engagement affirmé du gouvernement actuel

Abdourhamane Touré
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