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Condamnation assortie de sursis au tribunal de Kandi : La lutte contre la criminalité faunique toujours efficace?

Publié le vendredi 30 novembre 2018  |  Matin libre
Criminalité
© Autre presse par dr
Criminalité faunique dans Gogounou
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Soixante (60) mois d’emprisonnement assorti de sursis et 300.000 francs d’amende chacun. C’est la sanction infligée par le tribunal de Kandi à trois trafiquants d’ivoires dans la journée du mercredi 28 novembre 2018. Ces trafiquants, faut-il le souligner, ont été arrêtés le 14 août 2018 en flagrant délit de commercialisation de 08 pointes, l’équivalent de quatre éléphants abattus, le tout pesant 20 kilogrammes. Ils ont été surpris en détention de ces 8 pointes d’espèces intégralement protégées. Ce qui est sanctionné par l’article 153 de la loi n°2002-16 du 18 octobre 2004 portant régime de la faune en République du Bénin et de son texte d’application. Cet article punit d’une amende de 100 000 à 500 000F et/ou d’un emprisonnement de 3 mois à 3 ans quiconque détient des animaux sauvages sans le permis requis ; et circule avec des trophées ou des dépouilles sans certificat d’origine. En plus de cela, ils ont été surpris en flagrant délit de commercialisation. A ce niveau, l’article 154 de la même loi lève l’équivoque sur la sanction à infliger aux criminels de la faune. Sont punis d’une amende de 300 000 à 800 000F et/ou d’un emprisonnement de 6 mois à 5 ans toutes personnes qui importent, exportent, réexportent ou commercialisent des animaux sauvages ou leurs trophées et dépouilles en dehors des cas permis. Et

Le législateur n’a pas laissé impunis les complices. L’article 166 punit en effet les complices comme les auteurs principaux et les condamne solidairement aux amendes, frais dommages-intérêts et restitutions.

Au regard des articles 153 ; 154 et 166, et surtout qu’il s’agit de trophées d’espèces intégralement protégés et catégorisées en A, une condamnation assortie de sursis et cette amende ne peuvent pas décourager détruisent le patrimoine faunique béninois. Elles sont moins dissuasives.

Par ailleurs, cette décision n’encourage guère la lutte contre la criminalité faunique. C’est un jugement qui doit interpeller les autorités à divers niveaux surtout que les ivoires proviennent de quatre éléphants abattus dans le parc W récemment classé patrimoine mondial de l’Unesco. L’abattage de ces espèces suivi de la commercialisation de leurs trophées constitue un dommage écologique irréversible qui ne saurait être sanctionné par une peine assortie de sursis si l’on n’est conscient de la gravité de l’activité criminelle des prédateurs de la nature dont la seule intention est de s’enrichir illicitement. Pour inverser cette tendance, il est vivement souhaité que les autorités compétentes accompagnent le suivi des procédures judiciaires afin que la loi soit dite avec rigueur.

Mais s’agissant de la lutte contre la criminalité faunique, il faut rappeler que le tribunal de Kandi a toujours su accompagner le gouvernement. En octobre 2017, ce tribunal a condamné un trafiquant d’ivoires à 60 mois d’emprisonnement ferme et 800.000F Cfa d’amendes. Ce qui a été apprécié par le gouvernement et les activistes qui ont applaudi cette décision. La décision du mercredi dernier, elle, fait beaucoup réfléchir. Elle n’est manifestement pas assez ferme pour permettre au Bénin d’enrayer la criminalité faunique.
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