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Entrepreneuriat féminin: Odile Akossiba Gnonwin sort le souchet béninois de l’anonymat

Publié le vendredi 30 novembre 2018  |  La Nation
Odile
© aCotonou.com par DR
Odile Akossiba Gnonwin,directrice générale chez Norée
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Elle détient quasiment le monopole de la transformation du souchet au Bénin. Odile Akossiba Gnonwin s’est forgée une réputation dans le secteur en seulement quatre années d’activité avec sa marque ‘’Norée’’ qui fait la fierté du Bénin à l’échelle internationale. Le pari n’était pourtant pas gagné d’avance pour cette juriste de formation qui a débuté son job avec moins de 1000 F CFA. Parcours d’une jeune entrepreneure dont l’horizon semble prometteur.

Le souchet ‘’made in Benin’’ n’a de renommée que par sa marque. Elle a conquis l’univers des noix tigrées et en a fait carrément une usine. Véritable reine des pois sucrés, Odile Akossiba Gnonwin fait un travail colossal pour la visibilité et la valorisation de cet aliment à l’échelle internationale. Elle impose son dynamisme et son savoir-faire pour faire des souchets, une grande filière. Cette aventure, elle l’a démarrée très jeune mais elle s’est révélée au bout du rouleau, une vraie industrie.
« Ma passion, ce sont les souchets ; j’ai commencé par vendre de petits sachets de 25 F Cfa quand j’étais à l’université. Je prenais une minute pour écouler mon stock », se souvient-elle. Pourtant, rien ne la prédestinait au niveau où elle se retrouve aujourd’hui. « Je vendais la quarantaine à 800 F ; ensuite, j’ai commencé par vendre des sacs. C’est ainsi que je suis devenue grossiste de souchets», raconte-t-elle.
C’est à partir de ce moment qu’est née l’idée de la transformation du souchet. Le souci de sa valorisation l’a vite conduite à y apporter une plus-value. Elle en fait ainsi la vitrine du Bénin à l’international. « J’ai remarqué que les gens n’ont ni modernisé, ni valorisé le souchet. Avec mes recherches, je me suis rendu compte que l’Afrique est beaucoup en arrière dans ce domaine. C’est ce qui m’a motivée à opter pour la transformation », se réjouit-elle pour justifier son goût effréné pour le souchet.

Diplômée, mais…

Consciente de la nécessité de conquérir le marché international, cette responsable d’entreprise s’investit dans l’amélioration de son produit.
Au-delà de la transformation, elle suscite également la production du souchet. La dénomination de sa société en dit long sur ses aptitudes dans le domaine. « J’envisage d’installer plus tard une coopérative avec les agriculteurs pour booster la production du souchet », projette-t-elle.
Pourtant, avec Odile, ce n’est pas les compétences professionnelles qui manquent. Son parcours laisse transparaître les prémices de cette prospérité dont elle a toujours rêvé. « Depuis que j’étais petite, j’ai toujours su que j’allais m’installer à mon propre compte », se remémore-t-elle.
Nantie d’un diplôme de l’Administration générale et territoriale de l’Ecole nationale d’administration et de magistrature (Enam), et titulaire d’un diplôme d’études approfondies en droit des Affaires à la Faculté de droit et des Sciences politiques (Fadesp), cette jeune dame âgée de 26 ans, taille élancée, n’a jamais songé à travailler pour le compte de quelqu’un. Du droit à l’agro-business, elle a vite franchi les paliers, en consentant surtout d’énormes sacrifices afin d’obtenir les outils indispensables à tout entrepreneur. En novembre 2017, sa société de production et de transformation des noix tigrées a intégré le programme d’incubateurs d’entreprises de l’Université d’Abomey-Calavi, ‘’Start Up de la Vallée’’, qui propose des alternatives à la question de l’employabilité des jeunes.
Mais la jeune entrepreneure n’entend pas se limiter à cette approche. Animée par le souci d’aller de l’avant et de se démarquer toujours du lot, elle raccrocha très vite avec cette expérience pour voler de ses propres ailes. « Je n’aime pas que d’autres personnes me dictent ce que je dois faire. C’est difficile d’avoir des rêves et de se laisser dicter des conduites », tranche-t-elle.
Relativement à la préoccupation, ‘’comment une diplômée en administration et en droit est devenue une agro-business woman, ’’Odile Akossiba Gnonwin répond en ces termes : « Nous avons besoin des notions juridiques dans une entreprise. Je n’ai rien perdu ».
Elle poursuit : « J’ai découvert réellement qui je suis au cours de mon stage académique de trois mois au ministère en charge de la Décentralisation en 2013. Au cours de ce stage, je n’étais pas à l’aise et j’ai compris que je ne pouvais jamais travailler pour le compte de quelqu’un ».
Depuis lors, elle s’y plaît beaucoup dans la transformation et la commercialisation des souchets. Avec les noix tigrées, elle développe toute une gamme de produits et se révèle par ses farines de souchet, ses croquettes, sa crème liqueur, ses biscuits….Le domicile familial abrite l’industrie qu’elle gère de main de maître, après avoir tenté l’entrepreneuriat à deux.
Elle raconte que c’est en 2014 qu’elle a démarré ses activités, avec l’un de ses amis. Mais leur collaboration ne fera pas long feu. En 2016, ils y ont mis un terme et chacun a poursuivi l’aventure de son côté. Elle encaisse le coup et en puise davantage de force et de motivation pour évoluer. Au départ, elle a recruté de la main d’œuvre féminine pour lui torréfier les noix. Aujourd’hui, elle emploie une quinzaine de ressources humaines permanentes et saisonnières.
Pour la cause du souchet, elle et son équipe ne se donnent pas de répit. Elles étaient à pied d’œuvre cet après-midi du samedi 24 novembre pour sortir la marque béninoise de l’anonymat. Au sein de l’entreprise, les tâches sont réparties et les consignes claires. La propreté et la rigueur caractérisent le travail. Chaque agent devant son lot de souchet pour le travail qui lui incombe : mettre en bouteille le lait de souchet, emballer en petits cartons les croquettes ou passer les noix au feu pour relever le goût. Nul n’a le droit à l’erreur, au risque de provoquer la colère de la patronne. « J’aime la rigueur au travail et le travail bien fait », indique-t-elle.
Cette jeune entrepreneure sait aussi que pour obtenir un produit de qualité, une bonne technologie de transformation ne suffit pas. C’est pourquoi, elle mise sur le respect des normes de transformation, même si les équipements techniques sont insuffisants.

Vertus

A l’en croire, le souchet dispose d’autant de vertus que de dénominations. On l’appelle pois sucrés, amande de terre, les noix tigrées, d’où la marque Norée, de Odile Akossiba tirée des ‘’Noix tigrées’’, explique-t-elle.
On comprend alors son penchant pour le souchet au regard des valeurs de l’aliment. « Une farine de 100 g contient 33% de fibre alimentaire », assure-t-elle. Evoquant les vertus du souchet, la patronne de la société Norée passe bien pour une gastro-entérologue. « Le souchet aide à la digestion, du fait de ses propriétés gastro-entériques ; lorsque vous consommez sa farine, vous n’êtes plus constipés, vous n’avez plus des difficultés pour aller à la selle », apprécie-t-elle.
Pour elle, le souchet, c’est de la vitamine, un super-aliment. « Le souchet est riche en vitamines C et E; il enlève la fatigue physique et intellectuelle ». C’est aussi un remède efficace pour ceux qui ont des problèmes sexuels. « Le souchet combat la fatigue sexuelle et a un effet aphrodisiaque sur les hommes et les femmes », assure Odile. Les enfants aussi ont de bonnes raisons de le consommer. «Le souchet booste le système immunitaire des enfants », soutient-elle.
Les diabétiques trouvent aussi leur compte. « Le souchet aide les diabétiques à réduire leur taux de glycémie de type 2 ; le suc digestif qu’il comporte facilite la digestion à cause des fibres alimentaires », vante-t-elle.
Pour parler du souchet, Odile Akossiba Gnonwin est capable de vous exposer tout un cours d’histoire. « Le souchet n’était pas à la portée de tous. Historiquement, en Egypte, ce sont les rois qui l’utilisaient. Jusqu’à aujourd’hui, c’est seulement ceux qui connaissent son importance qui s’en servent », soutient-elle. Et elle fait partie de ces personnes.
En termes de chiffre d’affaires, la responsable de la société Norée préfère esquiver la question, une manière à elle d’éviter les regards jaloux. « J’ai commencé avec 800 F Cfa, aujourd’hui, je compte des centaines de mille », dévoile-t-elle. En dehors de ses réseaux de distribution, elle profite des opportunités des Technologies de l’information et de la communication pour asseoir une entreprise stable et pérenne.
Avec son label, elle a remporté plusieurs prix entre 2016 et 2018. « Je fais tout mon possible pour remporter des prix parce que je suis animée par le souci de réussir et d’atteindre mes objectifs », dit-elle. Ces distinctions ne sont que le début d’une aventure qu’elle veut prometteuse. « Je rêve de construire une grande entreprise de transformation de souchet en Afrique qui pourra assurer la distribution des produits un peu partout dans le monde », envisage-t-elle. « Je m’emploierai à apporter de la plus-value à ma marque pour avoir plus de réputation au plan international et pour remporter beaucoup de prix internationaux », s’engage-t-elle.
En attendant, l’évidence crève l’œil. Odile Akossiba Gnonwin écrit les plus belles pages de l’entrepreneuriat féminin et se révèle un modèle pour nombre de jeunes qui hésitent encore à tenter l’aventure. En tout cas, elle a pris le risque et signe bien ses performances.

Maryse ASSOGBADJO
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