Eh bien, sachez que c’est cette sorte de maladie dont le sujet voit des complots partout. Récemment découverte au palais présidentiel de Cotonou, sa zone endémique, la complotite pourrait bien faire son entrée dans les dictionnaires français et, pourquoi pas, dans le Larousse médical.
Comment ne pas être porté à croire que cette nouvelle s’est emparée du Bénin avec toujours Patrice Talon comme …agent pathogène ?
Alors que les enquêtes sur la fameuse affaire de tentative d’empoisonnement du chef de l’Etat béninois, Thomas Yayi Boni, n’a pas encore livré ses conclusions, voilà qu’on parle de nouveau d’une conspiration «contre la sécurité de l’Etat».
Les autorités béninoises affirment en effet avoir déjoué une tentative de coup d'Etat le 22 février dernier. Un commandant de la gendarmerie et un civil ont même déjà été arrêtés. Et une fois de plus, l’ombre tutélaire de Patrice Talon, cerveau présumé de la tentative d’intoxication du président, plane sur cette nouvelle affaire. Johannès Dagnon, l’un des deux hommes actuellement arrêtés, serait le commissaire aux comptes de toutes les sociétés de Talon.
Comme dans la précédente affaire, difficile dans le dossier actuel de démêler le vrai du faux, mais deux arrestations en huit jours d’investigations, avouons que c’est bien maigre.
Quoi qu’on puisse dire, les suspects arrêtés ne sont que des alevins et la question qui se pose est celle de savoir s’il y a vraiment de gros requins cachés dans ces eaux troubles béninoises.
Tentative de complot par-ci, tentative de complot par-là, à ce rythme, les trois dernières années de pouvoir de Yayi Boni risquent fort d’être longues et éprouvantes. Et on se demande dans quel état lui qui disait être pressé de quitter les affaires (avant qu’elles ne le quittent ?) va y arriver.
Le plus gênant est que cette nouvelle affaire contribue à ternir l’image d’un des phares de la démocratie africaine qu’était le Bénin.
Qu’elle est aujourd’hui bien loin l’époque où le «Quartier latin» avait tutoyé les grandes démocraties occidentales en renvoyant son président à ses chères études politiques avant de le rappeler lorsque le besoin s’en était fait sentir ! Il y a aujourd’hui comme quelque chose de pourri au Royaume du Dahomey et cette situation n’honore personne, pas plus le chef de l’Etat que les accusés.
Même au temps du président Kérékou, on n’avait pas connu une telle avalanche d’accusations quand bien même Dieu seul saurait si les révolutionnaires sont experts en la matière.
Au demeurant, on se demande quel genre de gouvernance Yayi Boni a pu bien mettre en place pour être toujours l'objet de conspirations, si conspirations il y a eu vraiment.
Toute cette agitation qui fait tanguer le navire béninois ne procéderait-elle pas d’un règlement de comptes entre un chef d’Etat et un opérateur économique, jadis son homme lige, en l'occurrence Boni Yayi et Patrice Talon ?
Si oui, quel genre de deal ont-il bien pu faire pour que cette entente dégénère en inimitié si tenace ? On n’oublie pas en effet, que les deux ont été très proches et que Patrice Talon a grandement contribué à l’élection de Yayi Boni, au point même de se voir confier, en récompense, un pan entier de l’économie de ce pays.
Le laboratoire du renouveau démocratique africain est-il entré dans le cercle vicieux des démocraties bananières ?
Comme nous l'écrivions déjà dans notre Regard sur l’actualité du 29 octobre 2012, «le Bénin nous avait habitués à mieux que ça !»