Ils ne sont plus les beaux jours de la pêche. Ils sont détruits ces paysages fabuleux que décrivait le poète et guitariste Gustave Gbenou dans sa note célèbre qui nous affectionne si tant : "il est gai de voguer sur le lac Ahémé quand le temps est serein, fredonnant des refrains". Quelqu’un a dit que toutes les chansons ont une fin. Mais si cette note du gentleman résiste encore aux tendances de notre temps, il faut bien éviter que sur les rives du lac Ahémé, cette mélodie ne laisse place à la chorale des adieux, des adieux aux belles prises de poisson et de crevettes, des adieux à cette activité qui a nourri pendant plusieurs décennies des populations, des adieux à ce paysage qui inspire au voyageur le désir de l’évasion.
Aujourd’hui, la réalité est là. La joie de vivre des ressources halieutiques disparaît, et nous risquons un jour de remonter nos pirogues sur les lacs Nokoué et Ahémé sans espoir de revenir avec des prises. Puisque, sous pression des engins prohibés, des effets des déchets et des eaux usées, les espèces qui maintiennent nos sourires sont susceptibles de disparaître pour toujours.
Il ne nous reste plus qu’à arrêter cette saignée qui conduit à l’eutrophisation de nos lacs. Mais que faisons-nous déjà ? Les chercheurs diront qu’ils ont alerté à travers des études. Les OSC se défendront pour avoir sensibilisé et plaidé pour une répression. Les médias diront qu’ils ont dénoncé eux aussi. Puis le Gouvernement va certainement rappeler les décrets d’application de la loi cadre sur la pêche pris en juillet dernier, le relevé du conseil des ministres décidant de l’assainissement des plans d’eau et ses ambitions de réhabiliter ces écosystèmes.
Cependant, des actions fortes sont toujours attendues. Il suffit de faire un tour sur les berges à Dantokpa, sur le lac nokoué, sur la lagune de Porto Novo ou sur le lac Ahémé pour comprendre les défis et surtout que des acteurs ont certainement manqué de jouer leurs rôles.
De toute les façons, la situation n’est pas du goût de tous les pêcheurs. D’autres se font d’ailleurs une nouvelle vie dans le transport de produits pétroliers et dans d’autres secteurs d’activités. L’urgence est donc à l’assainissement des lacs et leurs berges. Ailleurs, comme au Tchad et au Malawi, on enregistre déjà l’assèchement de lac. Tout comme l’a souligné le Pape François dans son encyclique, le défi urgent de sauvegarder notre maison commune inclut la préoccupation d’unir toute la famille humaine dans la recherche d’un développement durable et intégral, car nous savons que les choses peuvent changer. Et pour y arriver, il faut que suivent des actions pour restaurer nos sublimes lacs.