(L’Unapeeb dénonce une politique de ruine de l’école béninoise)
C’était pourtant bien prévisible ! La décision du ministre de l’enseignement secondaire, technique et de la formation professionnelle, Mahougnon Kakpo de soumettre les enseignants du secondaire à une évaluation intellectuelle et pédagogique devrait se heurter à de la résistance. Et c’est déjà la Fédération des syndicats de l’éducation affiliés à la Confédération des organisations syndicales indépendantes (Fésed-Cosi) qui hausse le ton. A travers une déclaration rendue publique, elle appelle au boycott de l’évaluation pendant que l’Union nationale des associations des parents d’élèves et étudiants du Bénin (Unapeeb) dénonce la destruction de l’économie béninoise. Une nouvelle crise prend visiblement corps dans le secteur éducatif…
Pour la Fésed-Cosi, la décision du gouvernement relative à l’évaluation intellectuelle et pédagogique des enseignants est malencontreuse et inopportune et n’engendrera qu’un gaspillage de ressources financières. A en croire les responsables syndicaux signataires de ladite déclaration, aucun texte de la fonction publique ne prévoit une telle évaluation des agents de l’Etat et elle ne vise qu’à discréditer les enseignants du secondaire et de l’enseignement technique. Car, lit-on dans la déclaration, les vrais problèmes du sous-secteur de l’enseignement résident dans le manque criard d’enseignants qualifiés ainsi que du personnel d’encadrement pédagogique (conseilleurs pédagogiques, inspecteurs), la pénurie d’infrastructures adéquates et d’équipements. Tout en dénonçant le caractère unilatéral et précipité de la décision sans aucune consultation préalable des organisations syndicales du sous-secteur, la Fésed-Cosiappelle les enseignants au boycott de l’évaluation intellectuelle et pédagogique. Faisant référence à la situation similaire au Port autonome de Cotonou qui a abouti à un licenciement collectif de travailleurs de la plateforme, ces responsables syndicaux n’entendent pas se laisser faire. « La Fésed-Cosi recommande le boycott systématique de l’évaluation intellectuelle des enseignants du secondaire en raison de son caractère méprisant, dévalorisant, humiliant et injurieux »lit-on dans la déclaration. Ce regroupement de syndicats recommande, par ailleurs, au gouvernement d’utiliser les fonds mobilisés pour l’amélioration des conditions de travail des enseignants et des apprenants à travers la construction, la réfection et l’équipement des salles de classes. « Procéder au recrutement de 4154 enseignants annoncé au profit du Mestfp au lieu d’engloutir les maigres ressources de l’Etat dans une évaluation intellectuelle inopportune en cette période d’austérité ; concevoir un plan de recyclage périodique des enseignants à mettre en œuvre par la Direction de l’inspection pédagogique, de l’innovation et de la qualité » propose la Fésed-Cosi. Elle estime également que l’urgence est de procéder au recrutement massif hors quota attendu par les enseignants vacataires qualifiés depuis bientôt deux ans. Voilà qui annonce un nouveau bras de fer gouvernement-syndicats des enseignants du secondaire. Toute chose qui pourrait bien être préjudiciable pour l’école béninoise déjà agonisante. En effet, outre les enseignants vacataires du plateau et d’autres localités qui menacent de faire embargo sur les copies des devoirs, ceux du département du Borgou ont déclenché une grève illimitée depuis lundi, 10 décembre 2018. Ces derniers réclament le paiement des arriérés des émoluments. Çà grogne autour des réformes engagées dans l’enseignement supérieur et les organisations syndicales ont récemment levé le ton. Une nouvelle crise en gestation dans le secteur éducatif. Il vaut mieux éviter le pire pendant qu’il est encore temps… La situation ne laisse pas indifférente l’Union nationale des associations des parents d’élèves et étudiants du Bénin qui, dans une déclaration, dénoncent une politique de ruine de l’école béninoise. (Lire la déclaration)