Au Bénin, Sébastien Ajavon, du nom de l’homme d’affaires, roi de la volaille et opposant farouche à Patrice Talon, a été condamné dans une affaire de trafic de cocaïne à 20 ans de prison le 18 octobre 2018 par la CRIET, (la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme) alors qu’il avait pourtant bénéficié au premier jugement d’une relaxe. Ses avocats ont saisi la Cour africaine des droits de l’homme et des peuples pour dénoncer la violation répétée des droits de leur client. Le 7 décembre la CADHP demandait au gouvernement béninois de surseoir au jugement de la CRIET. Les deux parties attendaient la notification de l’arrêt pour se prononcer. C’est fait.
La notification adressée aux avocats des deux parties est arrivée par voie électronique il y a 72 heures. Le gouvernement a été informé par ses conseils. Il a pris acte, nous a-t-on soufflé.
Comme s’ils prenaient du recul, aucun des ministres concernés par le dossier ne souhaitent pour l’instant s’exprimer dans un micro. Le seul commentaire entendu vient des avocats, qui parlent « d’incongruité juridique ».
Sur la conduite à tenir, on apprend de bonnes sources que les avocats de l’Etat travaillent sur des propositions à soumettre à l’exécutif béninois qui dispose de 15 jours pour dire comment il entend exécuter la décision.
Côté Sébastien Ajavon, son avocat, Me Issiaka, dit qu’il n’est pas du tout surpris par le verdict. « Ce n’est que justice que cette juridiction a rendu à Monsieur Sébastien Ajavon. Cette affaire est une grosse injustice faite à son égard. Tout le monde sait qu’il est très loin de ce dossier. »
Et dans sa posture de vainqueur, quand on lui demande s’il envisage l’hypothèse où le Bénin n’exécute pas l’arrêt de Tunis, il répond : « Le Bénin doit respecter ses engagements internationaux. Lorsqu’un Etat prend un engagement, il le respecte. Et je n’ose pas croire que le Bénin ne respectera pas ses engagements. Il gagnerait à soigner son image ».
Encore une dizaine de jours pour savoir si le gouvernement béninois a fait le choix de respecter l’arrêt de la Cour africaine des droits de l’homme ou de l’ignorer.