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Journée de reconnaissance et de gratitude à deux enseignants de l’Uac: Les Professeurs Honorat Aguessy et Albert Tingbé Azalou célébrés

Publié le vendredi 21 decembre 2018  |  L`événement Précis
Albert
© aCotonou.com par DR
Albert Tingbé-Azalou et le professeur honoraire Honorat Aguessy,, professeur titulaire des Universités du Camès de Sociologie-Anthropologie
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Docteurs, doctorants, masterants regroupés au sein du groupe « Disciples unis dans l’œuvre » ont exprimé leur volonté marquée de rompre avec la tradition qui consiste à faire des discours élogieux devant des dépouilles mortelles des hommes de bien, des scientifiques, des exemples, des monuments du développement intellectuel de l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Ce bel exemple a été donné à travers une cérémonie de reconnaissance à l’endroit de deux universitaires rompus ayant marqué chacun de leurs disciples, d’une manière particulière et personnelle dans leur parcours universitaire, à savoir : celui qu’ils appellent le « Baobab national », le Professeur Honoraire Honorat Aguessy, un de ses disciples et protégé, le Professeur Titulaire Albert Tingbé Azalou, appelé à faire valoir ses droits à la retraite depuis le 1er Octobre 2018. C’était le mercredi 19 décembre 2018 à l’Infosec de Cotonou, où ils ont célébré la grandeur d’âme des deux enseignants de renom.
A l’occasion, la Porte-Parole du Comité d’organisation, Dr. Abiguel Elijan a exprimé la fierté de voir répondre à leur invitation ces deux « scientifiques nationaux » très sollicités dans la sous-région et dans le monde. Elle a par la suite, dit toute la reconnaissance de ses camarades à l’endroit des récipiendaires pour leur avoir montré le vrai chemin de réussite. « Chers Maîtres, vous avez tracé un chemin et tendu la main à des néophytes fragiles et sans défense devenus par vos soins, des vaillants et braves combattants pour booster hors de nos contrées les méfaits de l’ignorance » a-t-elle martelé avant de rassurer les deux maîtres de ce que leurs prières, conseils ne seront jamais de trop. « Plaise au ciel, de vous donner encore une longue et heureuse vie pleine de joie et d’amour » a-t-elle souhaité.

« Honorat Aguessy, un homme multidimensionnel » selon Tingbé Azalou
Face à son maitre, le Professeur Albert Tingbé-Azalou a pris la parole pour rendre un émouvant hommage au Professeur Honorat Aguessy. Il a retenu de lui, un grand homme soucieux de la formation des jeunes au Bénin et ailleurs. Le Professeur Honorat Aguessy est aux yeux de son disciple un homme multidimensionnel, altruiste et fortement dévoué à ses étudiants. La preuve est qu’à 84 ans, il participe encore à de nombreuses soutenances de thèse parfois à ses propres frais, a fait remarquer le professeur Albert Tingbé-Azalou. A sa suite, plusieurs anciens étudiants des deux enseignants se sont succédé au pupitre pour de vibrants témoignages. C’est le cas des ministres Nassirou Arifari Bako, Jean-Marie Ehuzu, du chef du département de Socio-Anthropologie, Charles Babadjilé, la vice-doyenne de la Fashs, les Professeurs Florentin Nangbé, Gilles Yèkpon et autres.

Des valeurs éthiques saluées
Pour boucler la série des hommages, c’est Dr Rodrigue Montcho, 1er assistant du Professeur Tingbé Azalou, qui a porté la voix de tous les docteurs, doctorants, Masters et Masterants pour saluer l’œuvre abattue par les deux scientifiques. « Durant ces 40 années de vie au service du Bénin, le Professeur Tingbé Azalou s’est comporté comme un ami, un tuteur et un père pour ses étudiants », a reconnu Dr Rodrigue Montcho.« Tous deux, vous avez pu éveiller nos esprits, influencer nos orientations professionnelles, voire nos choix de vie » reconnait-il avant de relever les valeurs éthiques qui les caractérisent. Elles se résument selon lui, à la dignité de l’être humain à savoir : la tolérance, la patience, l’humilité, le courage, la bienveillance, mais aussi la générosité et la gratitude. « Vénéré Professeur Aguessy, vous avez transmis de bon savoir, soyez en remercié ». C’est à ce titre que Dr Rodrigue Montcho a appelé les autorités académiques et même politiques à travailler plus afin que rayonnent ces deux étoiles, dont les autres tirent le maximum, alors que le pays court à la décadence, faute de boussole et d’unité. Pour sa part, le professeur Tingbé Azalou a exprimé la joie qui l’anime face à des générations conscientes qu’il a formées, qu’il a construites et qui ont fait de lui ce qu’il est aujourd’hui. « Je suis fier d’avoir apporté, ne serait ce qu’un grain de sel dans vos parcours respectifs. Et j’avoue que j’en ai reçu énormément en retour ». Pour finir, il dit être toujours disponible à conseiller autant que de besoin. « Je reste disponible à remettre sur la machine l’ouvrage forcément inachevé » conclura-t-il. Et à son maitre à lui, Honorat Aguessy d’ajouter, « l’acte que vous posez aujourd’hui nous convie à faire plus pour que le monde comprenne que l’essentiel n’est pas simplement la formation, mais que c’est l’éducation qui n’a rien à avoir avec l’instruction ni la formation. C’est vraiment beau l’acte que vous posé aujourd’hui ». La journée a été marquée par la remise d’attestation de reconnaissance et des présents aux deux heureux du jour, avant le partage du déjeuner.
QUELQUES TEMOIGNAGES

Nassirou ARIFARI Bako, Enseignant au Département de Sociologie-Anthropologie
« Le Professeur Tingbé Azalou a été un grand homme pour notre département »

« Vous avez tenu une tradition. Notre génération a réussi à s’insérer dans cette tradition. Il s’agit de la sociologie et de l’anthropologie. Je suis un historien de base, sociologue à l’arrivée et je vous ai connu à travers les études avant de vous rencontrer physiquement. J’entendais parler du Professeur Aguessy comme un fonctionnaire béninois à l’Unesco. J’ai parcouru un certain nombre de ses travaux sur la négritude, sur les religions traditionnelles et sur certains débats ayant marqué les premières générations d’intellectuels de notre Nation, à savoir les questions de construction nationale autour des grands concepts. Vous n’avez pas cessé d’être productif. Professeur Aguessy, vous nous avez impacté à distance. L’intellectuel n’a pas besoin d’être physiquement en face de vous pour être votre père spirituel. Vous nous avez donc laissé cette tradition que nous essayons de perpétuer. Je suis devenu l’ami et le collègue de vos disciples comme le grand professeur Tingbé Azalou……J’ai suivi un certain nombre de vos cours où j’ai ‘été parfois trop critique, mais vous avez toujours réagi de manière pondérée. Et je pense que vos cours ont été un élément de motivation de mon engagement par la suite pour la sociologie et l’anthropologie…..Vous nous avez semé malgré certaines aventures intercalées qui ne nous ont pas permis d’être très fréquent à vos côtés et de poursuivre la production scientifique, considérez que nous sommes vos disciples. Nous sommes ceux qui essayent de perpétuer encore quelques années. Professeur Tingbé Azalou a été un grand homme pour notre département. Vous avez été un chantre et on ne fait que suivre vos pas. Merci à vous deux chers maîtres. La retraite professionnelle pour un intellectuel n’est pas une retraite académique. Je sais que vous continuerez de produire et que nous vous solliciterons toujours. Merci d’être disponibles. Je vous considère ».

Jean Marie Ehuzu, ancien ministre des affaires étrangères, ancien étudiant du Professeur Aguessy
« Merci pour avoir mis à la disposition du pays des hommes de qualité »

« Je voudrais dire un mot en direction de mon grand frère de quartier Saint Michel de Cotonou et qui a été également mon Professeur. Je suis un pur produit de l’Université d’Abomey-Calavi. J’étais parmi ses premiers étudiants à la faculté d’histoire. Et il a autorisé la soutenance de mon mémoire le 1erjuillet 1978. Si je suis devenu ce que je suis, c’est le grand frère du quartier, Honorat Aguessy qui m’a suivi. Pour ma soutenance, il m’a donné rendez-vous un jour à 6H 45, alors qu’il venait de Ouidah et moi de Cotonou, j’étais sûr qu’il viendrait en retard. Heureusement que j’étais à l’heure et n’avais pas pris la liberté de jouer sur le temps. Il était au bureau à 6 h 45. Grâce à ce mémoire de maitrise, j’ai pris une autre ligne. Le Professeur Aguessy a été pour moi, une personnalité que j’ai toujours respectée. Et même dans mes fonctions, j’ai toujours eu un égard particulier pour lui. Je lui ai rappelé tantôt que la dernière fois que je l’ai rencontré, c’était dans sa lutte de panafricanisme et surtout cette pensée très proche de celle de Nkrumah. Nous étions au Ghana pour le cinquantenaire de l’Union Africaine et l’indépendance du Ghana, en 2007, où le Professeur est venu avec une délégation pour manifester son adhésion totale au père fondateur du Ghana moderne Nkrumah et celui de l’ex Oua, dont Nkrumah, Sékou Touré et autres. Il a la suite dans les idées et dans « IDEE » vous voyez ce que ça peut être, « IDEE de Ouidah », quartier général du savoir de Ouidah, du grand intellectuel, de l’histoire où il accueille tous ceux qui sont pris par l’idée d’apprendre encore quelque chose, ou d’aller se ressourcer… Il faut honorer les valeurs, surtout les valeurs intellectuelles, les qualités intellectuelles, les hommes de culture et de science. Il faut les honorer de leur vivant. IL faut avoir une pensée d’accompagnement en leur direction. C’est avec beaucoup de fierté que je soutiens cette activité que leurs descendants scientifiques organisent. Professeur, je vous souhaite longue vie. A vous Professeur Tingbé-Azalou, merci de nous avoir formé, merci pour avoir mis tout votre intellect au servi du Bénin, merci pour avoir mis à la disposition du pays des hommes de qualité, de science et des cadres compétents qui ont marqué l’histoire de notre pays ».
Charles Babadjidé, Chef du Département de sociologie-Anthropologie
« Que nous soyons des disciples qui gardent la flamme allumée »

« Aujourd’hui, le département compte des milliers d’étudiants. Nous avons cette année près de 3500 étudiants pour toutes les promotions réunies. Le département est animé par 3 professeurs Titulaires dont le Professeur Tingbé Azalou, le tout premier. Professeur Honorat Aguessy, nous vous disons merci pour votre clairvoyance et pour avoir accepté apporter votre pierre à l’édifice pour le Bénin en créant ce département, qui s’il n’existait pas, on devrait le créer nécessairement pour que les hommes puissent marcher. Car, ils sont aujourd’hui, les mécaniciens de la société. A votre côté, il y a un grand homme qui a appliqué votre rigueur. Je voudrais nommer, le Professeur Albert Tingbé Azalou, dont je suis le produit. Il a réussi à enseigner avec la rigueur de son maitre. Professeur Tingbé Azalou, merci d’avoir donné de tout votre corps. Je connais votre rigueur à respecter l’ordre et à enseigner la bonne conduite et les bonnes idées. Nous sommes fiers de vous pour tout ce que vous avez fait pour que nous soyons des disciples qui gardons la flamme allumée ».

Dr Monique Ouassa Kouaro, Ancienne cheffe département de sociologie-anthropologie
« Le Master de Tingbé Azalou est le plus en vu de la faculté »

« Pour témoignage, le Professeur Tingbé Azalou est le premier à avoir créé un Master professionnel au profit de nos étudiants et avec la scission de la Flash, c’est ce Master qui est encore le plus en vue de la faculté. Plusieurs étudiants sont déjà sortis de cette formation. Le deuxième témoignage va porter sur les produits formés. Quand le Professeur d’Oliveira devrait nous recruter, alors qu’on était 4, le Professeur Tingbé Azalou n’a pas hésité à avaliser ce recrutement parce qu’il a cru en nous. Il a demandé au Professeur d’Oliveira de nous recruter au regard d’un certain nombre de valeurs qu’il a lues en nous. Je voudrais lui dire que cette confiance placée en nous, s’est avérée productive. Nous occupons aujourd’hui des poste de responsabilité pointue du département ».

Florentin Nangbè, Enseignant au département de Sociologie-anthropologie
« Le combat se poursuivra et vous ne devez pas être inquiet »

« J’ai entendu parler pour la première fois, du Professeur Aguessy chez Monseigneur Adoukonou ayant soutenu sa thèse sur le vodoun et le Professeur sur Fâ. Mais les deux personnalités ne sont pas dans les mêmes paradigmes. J’étais sur le chemin de devenir Expert-comptable quand j’ai senti le besoin d’un complément de formation. Car, je me suis dit qu’on ne peut pas être un bon gestionnaire sans avoir la notion de psychologie, anthropologie et de sociologie. C’est ce qui m’a amené en sociologie où j’ai rencontré le Professeur Tingbé Azalou qui m’a coopté en tant qu’enfant. Aujourd’hui, je peux dire que je suis véritablement son disciple….Après ma maîtrise en sociologie, il m’a fait rencontrer son directeur de thèse, Claude Rivière à l’Université Paris V René Descartes Sorbonne. Et c’est lui qui m’a pris pour le 3ème cycle. Ayant bénéficié de tout cela de lui, vous devez savoir que nous sommes dans le même paradigme. Je le voyais inquiet depuis environ deux ans. Car, dans notre département aujourd’hui, il y a trois écoles à savoir, l’école béninoise, l’école allemande et l’école française. Mais il croyait qu’après sa retraite, le combat ne se poursuivrait pas. Ce n’est pas évident. Même dans l’ombre, j’agissais. La preuve est que j’interviens à l’Université et dans l’administration publique où les réformes se poursuivent. Les impacts de nos réformes sont aujourd’hui à l’Université. Vous devez constater que le recrutement ne se fait plus comme par le passé…..C’est pour vous dire simplement que le combat se poursuivra et vous ne devez pas être inquiet. Quant au Professeur Aguessy, je veux le rassurer de ce qu’il a un arrière-petit-fils panafricaniste qui agit dans l’ombre. Soyez confiant que le combat pour l’indépendance de l’Afrique se poursuit »

Dr Gilles Yekpon, Enseignant chercheur
« Votre rigueur n’était pas de l’avis de tous »

« Je me sens honoré. Il y a un peu plus de 40 ans, en 1978, au lycée Mathieu Bouké où j’ai eu comme enseignant de philosophie Professeur Tingbé Azalou. Quelques mois après, son épouse est passée me voir et nous avons fait famille. Le passage du Professeur, sa façon d’enseigner, nous a fait apprendre beaucoup de choses. A mon entrée à l’Université où je m’étais toujours orienté en sciences, il m’a dit non. Il me disait que j’ai la capacité de faire autre chose. C’est comme cela qu’il m’a pris par les mains pour que je m’inscrive en lettres. Il a été de mon jury pour la maitrise, et ensuite le codirecteur de ma thèse. Depuis ce temps, il m’arrive rarement de l’appeler Professeur. Je l’appelle fofo….Je sais que votre rigueur n’était pas de l’avis de tous et puisque vous ne sortiez une phase sans appeler le nom du Professeur Aguessy. C’est un vrai modèle que vous imitez. Je vous souhaite une retraite paisible ».

Emmanuel GBETO
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